INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer

32e dimanche ordinaire B - 12 novembre 2006

 

L'émerveillement de Jésus

L'offrande de la veuve Marc 12, 38-44
Autres lectures : 1 Rois 17, 10-16; Psaume 145(146); Hébreux 9,24-28


Deux veuves, l'une de Sarepta, l'autre de Jérusalem, sans gagne-pain, sans appui humain, dans une vulnérabilité totale, sont présentées comme admirables. À quoi tient leur grandeur, leur richesse? Pourquoi Jésus admire-t-il la veuve aux deux piécettes? Leur offrande annonce le dessaisissement de Jésus pour que vive la multitude des frères et des sœurs.

Le nécessaire et le superflu
     L'extrait de l'Évangile de Marc s'inscrit dans une série de controverses (11, 27 - 12, 44). Le récit se déroule immédiatement avant celui de la passion. Les controverses ont lieu entre Jésus et l'intelligentsia de Jérusalem, à savoir les représentants des grandes familles sacerdotales dont les grands prêtres, les docteurs de la loi ou scribes et les anciens. Comment ne pas observer le contraste entre la veuve, pauvre et discrète, et les dignitaires (vv. 38-39) dont les attitudes dévoilent la course au pouvoir, l'hypocrisie, le souci de parader en publiant bien haut leurs dons, et en cachant soigneusement leurs injustices (v. 40).

     Sans Jésus, la multitude des croyants, depuis vingt siècles, auraient méconnu cette humble femme privée de ressources. Il faut la regarder, dans le parvis des femmes, sur l'esplanade du Temple, devant la rangée des treize troncs destinés à recevoir les aumônes des fidèles.

     Cette pauvre femme a mis dans le tronc plus que tout le monde (v. 44). Qu'a-t-elle mis de plus? Son faible avoir, c'est-à-dire son indigence, son manque, et aussi sa non-ostentation - rien n'a été souligné dans les journaux, rien n'a été déduit de l'impôt -, son abnégation véritable. Celle-ci consiste dans le don, à fonds perdus, d'une confiance absolue et d'une liberté intérieure surprenante, capable d'aimer et de donner. Jésus ne lui adresse pas la parole, mais loue sa magnanimité et la déclare bienheureuse.

« Jarre de farine point ne s'épuisera, vase d'huile point ne se videra... »
(1 Rois 17, 10-16)
     La veuve de Sarepta en Phénicie, au 9e siècle avant Jésus Christ, à un moment de grande sécheresse, est aussi une âme libre et magnanime. Qui aurait pensé qu'une indigente, manquant de nourriture, et se retrouvant ainsi dans une situation prochaine de mort -elle est sur le point de faire cuire son dernier pain-, aurait pu secourir le prophète qui lui demande service? On assiste à un retournement de situation. En retour du conseil qu'il lui prodigue, Élie reçoit de la veuve le pain qui lui manquait mais qui devait lui assurer sa survie, à elle et à son fils. La générosité appelle la générosité et la surabondance (v. 16). La confiance appelle le don : n'aie pas peur, va... (v. 13), et le don fructifie. Quelle vérité d'être se dégage de cette veuve courageuse et éprouvée, se tenant dans la confiance et la disponibilité!

L'engagement d'amour de Jésus
(Hébreux 9, 24-28)

     Les deux veuves ont fait le don du peu qu'il leur restait. Par leur attitude, elles rejoignent Jésus, le pauvre par excellence, dont parlent les psaumes et l'apôtre Paul : Lui qui est de condition divine n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de Dieu. Mais il s'est dépouillé (dessaisi de lui-même) prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes (Philippiens 2, 6-7).

     Jésus n'a pas cru bon d'être avare de vie. Il s'est mis dans la situation des deux veuves. Sur la croix, il est l'Amour qui donne sa propre vie, une donation unique et digne de Dieu son Père. Cette offrande ultime, définitive, surabondante et débordante de tout ce qu'il a et de tout ce qu'il est, dépasse tous les sacrifices du Premier Testament, devenus caduques. Son don est fait une fois pour toutes pour enlever les péchés de la multitude (Hébreux 9, 26.28). Cette solidarité de Jésus avec ses frères et sœurs en humanité ouvre sur une plénitude d'alliance et d'amour avec le Père, donne accès l'intimité avec Dieu. Il n'y a plus rien à attendre de Dieu, rien de plus, sinon le retour en gloire de Jésus Christ (v. 28).

De la mort à la vie
     Le don appelle le contre-don. Ne faut-il pas demander intensément la confiance totale en Dieu Amour en même temps que l'intelligence des épreuves et des souffrances qui habitent nos vies? Dieu seul en son Fils ressuscité fait passer du moins au plus, du néant à la vie. Cette œuvre créatrice de Dieu dans la destinée humaine engage notre collaboration constante et joyeuse.

Louange et invitation
     L'émerveillement de Jésus, ainsi que sa joie, devant le comportement exemplaire de la femme aux deux piécettes, demande un approfondissement. Il est bien vrai que l'attitude de cette femme est totalement en harmonie avec les valeurs du Royaume que Jésus annonce et rend présent. Ce chemin de vie indiqué est-il impossible à atteindre? Sans trop s'attarder à la description matérielle des faits, n'y a-t-il pas lieu de voir ici une invitation à prendre comme modèle l'accueil et la générosité des plus pauvres? à contempler la vie de Jésus et, avec son secours, commencer ou prolonger une démarche de foi absolue, de confiance et d'offrande? N'avons-nous pas à être ce que nous sommes en lui : de rendre l'amour dont il aime le monde par l'amour? de lui rendre la vie qu'il nous donne gracieusement? d'être son corps spirituel?

Pour votre information...

La piécette de cuivre
     C'était la plus petite monnaie en usage, avec laquelle on pouvait acheter le huitième de la ration de pain distribuée chaque jour aux indigents de l'époque.

Source: Le Feuillet biblique, no 2074. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le plus grand commandement