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3e dimanche de Pâques B -30 avril 2006
 

Les témoins du Christ crucifié et ressuscité

L'apparition aux Onze Luc 24, 35-48
Autres lectures : Actes 3, 13-15.17-19; Ps 4, 2.7.9; 1 Jean 2, 1-5a


Les disciples de Jésus qui ont vécu pendant plusieurs années avec leur Maître demeurent bouleversés après sa mort; ils sont perplexes, lents à saisir le sens de l'événement. Comment parviennent-ils à apprivoiser la nouvelle présence du Ressuscité? Comment vont-ils vivre le passage de l'apparent non-sens de la mort, vers l'espérance que la résurrection apporte? Le processus vécu dans leur cheminement comme disciples, peut éclairer les doutes et les questionnements des chrétiens d'aujourd'hui, ballottés et soumis aux influences les plus diverses.

La reconnaissance du Ressuscité
   Les femmes ne trouvèrent pas le corps... Elles furent saisies de crainte. Informant les disciples, ceux-ci réagissent ainsi : Ces propos leur semblèrent pur radotage et ils ne les crurent pas. Pierre et Jean vont au tombeau mais lui, ils ne l'ont pas vu. Quant aux disciples d'Emmaüs, ils se dirigent, certes, vers un village à soixante stades, mais ils n'ont pas d'avenir, enfermés dans un passé et dans l'image qu'ils s'en font (24, 24). Qu'est-ce qui parviendra à les toucher et leur permettra de traverser leurs impressions négatives et leur vision étriquée du Messie?

Une fixation sur le passé
    Que constater chez ces femmes et ces hommes sinon que le regard est obsédé par le passé et que le présent dans toute sa réalité n'a aucun effet sur eux, ou si peu... La prise de contact commence à se réaliser lorsque la parole entre en jeu. Ils conversaient et discutaient ensemble... il leur dit... Puis il prit le pain, dit la bénédiction. Les deux voyageurs sur la route s'aperçoivent alors que leur cœur était tout brûlant. En constatant cet effet sensible sur eux, ils découvrent en même temps la présence de l'autre. Voilà le premier effet de la résurrection : l'humble début d'une libération du passé et d'une reconstruction d'eux-mêmes; avec le temps, ils passeront imperceptiblement à une ouverture sur l'avenir. Ils partent donc pour Jérusalem, lieu dont les Écritures ont tant parlé.

     Le Ressuscité se tient au milieu d'eux, au centre de ce groupe constitué en vue de la mission. À ce moment, les disciples croyaient voir un esprit (v. 37). Lorsque le Ressuscité les invite à voir ses mains et ses pieds (v. 39), le Seigneur établit un lien entre un fait constitutif de son histoire — sa crucifixion — et sa nouvelle présence dans son état de ressuscité. Il est frappant de voir que le Ressuscité se révèle en remuant des souvenirs douloureux. Le souvenir éclaire et établit une compréhension de ce qui était inaccessible et irréel aussi longtemps que Jésus était parmi eux. Il fait voir le lien existant entre l'avant et l'après de la mort. Quant à l'ancrage dans l'intensité du moment présent, il se poursuit dans l'acte de manger.

L'intelligence des Écritures
    La médiation de la parole, reliée à l'explication des Écritures, est déterminante (vv. 44-48). À ce moment, le Ressuscité leur ouvrit l'esprit (v. 45) en révélant son mystère douloureux et glorieux, à la lumière de la loi de Moïse, des écrits des prophètes et, particulièrement, des psaumes auxquels, à maintes et maintes reprises, les premières communautés vont recourir pour entrer dans la profondeur du mystère pascal (v. 44). C'est ainsi qu'à la lumière de la résurrection, les Écritures s'accomplissent pour les juifs et pour toutes les nations.

La foi et le témoignage
    La résurrection appelle l'acte de croire qui, comme on le voit dans le récit, demande du temps. Le croyant qui chemine parfois sur des routes sinueuses peut compter sans cesse sur Dieu qui, par son Esprit vivifiant, travaille les cœurs; et il lui revient, à lui, le disciple de Jésus, de demeurer vigilant, de se laisser confronter à la parole de Dieu. C'est le travail d'une vie de passer d'un regard extérieur à une entrée progressive dans le « voir » de la foi.

    L'accomplissement ultime des Écritures se poursuit dans la mission donnée aux disciples (vv. 46-48). Et, Jésus se sépara d'eux. Son invisibilité (24, 31), puis son absence (v. 51) constituent le passage à sa présence dans les témoins qui, dans l'Église, vont annoncer le Ressuscité.

Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, nous en sommes témoins
Actes des Apôtres 3, 13-15.17-19

    Les Apôtres deviennent les premiers témoins du Ressuscité. Une multitude d'autres témoins suivront dans l'histoire de l'Église. À la suite de Jésus, ils descendent dans la mort à eux-mêmes, entrent dans le vide d'un tombeau ouvert, approfondissent ce passage par le vide pour être attirés par le Christ, pour vivre en ressuscités, tendus vers l'avenir, dans une espérance têtue et reçue.

     Pierre invite le peuple à revenir à Dieu : Convertissez-vous... L'ignorance des chefs juifs (v. 17), leur aveuglement, leur endurcissement ne peuvent se retrouver chez les croyants qui reconnaissent en Jésus, leur Sauveur et Seigneur. Pour chacun, le devoir d'éclairer sa foi, d'accueillir ce don de Dieu, de s'entraider en communauté, de se réconcilier avec Dieu et le prochain, de prier, s'impose impérieusement afin de développer des attitudes et un comportement qui ne soit pas trop indigne de celui de Jésus.

Le sérieux de l'engagement chrétien
1 Jean 2, 1-5a

    Cet extrait, ainsi que celui de la première lecture, évoque le pardon des péchés, obtenu par la mort et la résurrection de Jésus. Ne réduisons pas l'originalité profonde de la résurrection qui est la réconciliation de l'humanité. Jésus vient chercher les hommes et les femmes, vient rassembler l'humanité appelée à devenir partenaire réconcilié de Dieu.

     Ce pardon offert appelle une participation, un retournement sincère et continu, sinon le croyant ne vit pas dans la vérité (v. 4). Et, quelle consolation, quelle nourriture pour l'espérance que de faire l'expérience du Ressuscité, notre défenseur devant le Père (v. 1). Qui se dit croyant manifeste que la vérité et la fidélité sont vécues en lui. C'est une nouvelle manière de vivre, en créature nouvelle.

Julienne Côté, CND, bibliste
Professeure au Collège Régina Assumpta, Montréal

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2055. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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