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Dimanche de la Pentecôte B - 4 juin 2006
 

L'Esprit nous pousse à témoigner

Le départ de Jésus et la venue du Défenseur Jean 15, 26-27; 16, 12-15
Autres lectures : Actes 2, 1-11; Psaume 103(104); Galates 5, 16-25


En ce cinquantième jour après Pâques, nous faisons mémoire de la première venue de l’Esprit Saint sur l’Église. Or, le passage d’évangile de ce grand jour de fête nous ramène en arrière, en plein cœur du discours d’adieu de Jésus à ses disciples. Jésus promet alors d’envoyer d’auprès du Père […] l’Esprit de vérité (Jean 15,26). En écoutant la promesse faite par Jésus à son Église, nous sommes mieux à même de comprendre le rôle de l’Esprit Saint dans nos vies de croyants et de croyantes et dans la vie de l’Église toute entière.

L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse
     En nous faisant sa promesse, Jésus donne un nom à l’Esprit Saint : le Défenseur (15,26) ! Sommes-nous donc en danger ? Pour comprendre ce titre, il faut le resituer dans son contexte. En effet, juste avant de promettre qu’il enverra le Défenseur, Jésus a parlé à ses disciples de la haine du monde à leur endroit : Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. […] Les gens vous traiteront ainsi à cause de moi, parce qu’il ne connaissent pas celui qui m’a envoyé (Jean 15,20-21). Voilà pourquoi les disciples ont besoin d’un Défenseur.

    Au moment où saint Jean écrit son évangile, les disciples de Jésus sont en conflit avec la synagogue. Rappelons-nous l’épisode de l’aveugle-né : En effet, les Juifs s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclaraient que Jésus est le Messie (Jn 9,22). Heureusement, cette situation de persécution n’est pas la nôtre. Il reste tout de même que, par les temps qui courent, il est très politically correct de mettre l’Église au banc des accusés. Bien sûr, on nous parle depuis quelque temps de coming out chrétien : des femmes et des hommes bien en vue qui osent dirent publiquement qu’ils ont la foi, qu’il leur arrive de prier, et que cela change quelque chose dans leur vie. Mais cela demeure l’exception. Règle générale, celui ou celle qui affiche publiquement sa foi chrétienne risque de se retrouver seul, isolé, voire marginalisé. Nous aussi, nous avons grand besoin du Défenseur dont nous célébrons la venue en ce jour de la Pentecôte.

Se laisser entraîner par le mouvement de l’Esprit
    Mais que fait donc l’Esprit Saint pour venir à notre défense ? Jésus nous dit : il rendra témoignage en ma faveur (Jn 15,26). Or, le témoignage de l’Esprit prend sa source dans un mouvement. L’Esprit Saint est envoyé d’auprès du Père par Jésus, il procède du Père (Jn 15,26) ou, plus littéralement, il « provient d’auprès du Père » (Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean, volume III, p. 198). L’Esprit est donc d’abord et avant tout un mouvement provenant du Père, un mouvement provoqué par le Fils. Pour comprendre cette réalité, la première image utilisée par Luc pour décrire la venue de l’Esprit dans la première lecture n’est pas superflue : Soudain, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent (Ac 2,2). Le vent n’est jamais visible, mais il est perceptible par le mouvement qu’il provoque. Ainsi en est-il de l’Esprit de vérité.

    Non seulement l’Esprit est mouvement, mais il provoque chez ceux et celles qui le reçoivent un mouvement. Poussés par l’Esprit, les Douze sortent et inaugurent leur témoignage qui doit s’étendre jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1,8). Saint Paul invite les Galates : Vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu (...). Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit (5,16.25). Et saint Jean de nous rappeler cette parole de Jésus : Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera (ou, plus littéralement, « conduira sur la route ») vers la vérité toute entière (16, 13). En faisant mémoire de la première venue de l’Esprit, nous sommes toutes et tous appelés à nous laisser entraîner par ce mouvement, à vivre à notre tour sous la mouvance de l’Esprit Saint.

En route vers la vérité
    Mais attention, cela ne signifie pas être ballotté aux quatre vents. Il ne s’agit pas non plus d’être dans le vent, de s’ajuster au goût du jour. Jésus nous l’indique bien : Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière (Jn 16,13). La vérité n’est pas ici un concept intellectuel, elle est une personne concrète, Jésus ressuscité, celui-là même qui a dit : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6).

    Il importe donc de préciser que le rôle de l’Esprit Saint n’est pas de révéler quelques nouvelles vérités inconnues de l’Évangile. Saint Jean l’exprime de manière subtile. Jésus annonce : J’aurais encore beaucoup de chose à vous dire (legein) […]. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira (lalêsei) ne viendra pas de lui-même : il redira (lalêsei) tout ce qu’il aura entendu (Jn 16,12-13). « L’évangéliste, à son habitude, distingue entre les verbes *laleîn* et *légein*, le premier désignant l’acte de parler, l’autre l’énoncé » (Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean, volume III, p. 233). Celui qui révèle la vérité est Jésus et cette révélation est complète : tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître (Jn 15,15) ! S’il affirme en Jean 16,12, J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, c’est que les disciples n’ont pas encore une intelligence profonde de ce que Jésus leur a révélé : Pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter (Jn 16,12) ! Le rôle de l’Esprit n’est donc pas de nous révéler du neuf. Son intervention vise à nous donner une intelligence profonde de la Vérité : il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître (Jn 16,14). Oui, l’Esprit redira tout ce qu’il a entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître (Jn 16,13). Il ne s’agit pas ici de prédire l’avenir : « l’Esprit fera saisir aux croyants comment réagir aux événements qui surviennent » (Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean, volume III, p. 235).

L’Esprit fait de nous des missionnaires
    Ce que l’Esprit fait auprès de nous, nous sommes, nous aussi, appelés à le faire dans notre monde. L’Esprit Saint nous met en mouvement pour que nous puissions l’imiter : il rendra témoignage en ma faveur et vous aussi, vous rendrez témoignage (Jn 15,26-27).

    Ainsi, faire mémoire de la venue de l’Esprit Saint sur l’Église au jour de la Pentecôte signifie bien plus que se rappeler un événement passé. Il s’agit d’abord d’ouvrir grande la porte de nos cœurs pour nous laisser transformer par l’Esprit qui vient. Il s’agit aussi de redevenir l’Église, un « nous » qui continue d’annoncer au monde celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6). Puisse notre célébration de la Pentecôte nous remettre sur la voie du témoignage.

Source: Le Feuillet biblique, no 2060. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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