Le ciel brille de tous ses feux
La Transfiguration de Jésus : Luc
9, 28-36
Autres lectures : Genèse
15, 5-12.17-18; Psaume
26(27) ; Philippiens
3, 17 - 4,1
Le récit de la transfiguration met en lumière
la destinée ultime de Jésus, en marche vers Jérusalem
et la crucifixion. Faisant une halte sur la route, Jésus
se rend sur une montagne pour prier avec trois de ses disciples.
C’est du haut de la montagne, plus proches du ciel, que Pierre,
Jean et Jacques entrevoient à l’avance la gloire du
Ressuscité. Leur maître mourra dans la douleur, humilié
et oublié; mais il se rendra jusqu’au ciel, où
il sera accueilli par le Père, et où il sera reconnu
et remercié de son œuvre par les prophètes comme
Moïse et Élie. La mort atroce de Jésus devient
alors son point de départ pour la gloire céleste (9,31).
Vers la demeure de Dieu
Ce récit de la transfiguration nous rappelle
que la vie terrestre n’est pas la mesure ultime de notre existence.
Il ne s’agit pas, certes, de passer le temps sur terre en attendant
le ciel… ni de prendre son mal en patience à cause de
l’heureux dénouement prévu, ni moins encore de
prêcher la résignation aux pauvres et aux malheureux
de ce monde! Non. Il nous est proposé cependant d’affronter
les difficultés, les épreuves et mêmes les échecs
et les tragédies de notre pèlerinage terrestre, comme
autant d’étapes à franchir dans notre lente élévation
vers la demeure de Dieu.
Étant nous-mêmes disciples de Jésus,
la croix se dresse aussi sur notre chemin. Elle nous barre la route;
et nous ne pouvons l’éviter, si nous voulons rester
fidèles à l’appel du maître d’aimer
notre prochain dès ici-bas sur terre. Mais la croix, qui
paraît avoir le dernier mot sur nos vies fragiles, n’est
pas le dernier mot de Dieu sur la vérité de notre
existence. Et les souffrances auxquelles nous devons faire face
sur terre prennent une profondeur nouvelle lorsque nous les envisageons
comme une participation à la mission du Christ. Dans la perspective
de notre lente élévation céleste, notre croix,
librement assumée, devient la porte du ciel qui s’ouvre
à nous.
Il arrive fréquemment que nous tombions en cours
de route, accablés de sommeil (9,32),
saisis de frayeur devant l’ombre qui parfois nous entoure (9,34).
Si nous acceptons alors de ne rien voir et que nous nous confions
au Père miséricordieux, il nous dévoilera le
visage rayonnant de son Fils (9,32). Si nous ouvrons notre cœur
à sa Parole, il nous convaincra que le chemin choisi par
Jésus est bel et bien celui qui mène au ciel, en dépit
de la croix qui nous effraie (9,35).
Si nous persévérons avec espérance sur la route
empruntée par Jésus, nous serons transfigurés
à notre tour aux yeux d’autrui, et d’autres pourront
entendre du ciel, à notre sujet : « Ceux-là
sont mes enfants, écoutez-les!».
Au bout du compte, ce qui importe, c’est que nous
nous rendions tous et toutes à notre ultime destination,
où le Père nous attend les bras ouverts. Issus de
la poussière de la terre, nous sommes appelés à
briller au ciel, mais pour cela, il nous faudra étendre nos
bras en croix avec foi.
L'union du ciel et de la terre
Genèse 15, 5-12.17-18
Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux…
Le beau rêve d’Abraham! Un aîné
angoissé de mourir sans progéniture… qui se voit
confier un firmament d’enfants à venir. L’alliance
conclue entre Dieu et Abraham a pour effet de lier Dieu au sort
de la vie sur terre. Le Créateur se mêle de l’avenir
de la créature. Avec la force de l’un et la disponibilité
de l’autre, le ciel fécondera la terre une deuxième
fois. L’alliance de l’humain et du divin conclue dans
la vie du patriarche Abraham, père des croyants, concerne
certes l’essor de la vie sur terre. Il est question du don
d’une nombreuse descendance et du don d’une terre assortie
pour que cette humanité future y vive. Comme Abraham, comme
nous-mêmes aujourd’hui, Dieu veut que l’aventure
humaine sur terre réussisse. Il est prêt à s’y
engager avec nous. Il nous propose son alliance, mais comme tout
allié, il a besoin de notre collaboration pour assurer la
victoire. Néanmoins, l’image choisie par Dieu pour partager
son rêve est très parlante. La vie que Dieu propose
à Abraham, la vie que Dieu nous propose, ne se fixe pas en
chiffres : Compte les étoiles, si tu le peux…
(15, 5). La vie que Dieu propose dépasse nos rêves
les plus fous : elle n’a tout simplement pas de bornes,
comme le firmament (Regarde le ciel 15,5). Enfin, la vie
que Dieu propose nous fait briller comme des étoiles qui
ne s’éteindraient pas. C’est cette vie divine qui
rend le visage du Christ transfiguré « tout autre »
(Luc
9,29). Et c’est cette vie impérissable à
laquelle nous aspirons du tréfonds de notre âme et
à laquelle nous sommes promis depuis la nuit des temps.
Nous sommes citoyens des cieux
Philippiens 3, 17 — 4, 1
À l’exemple de saint Paul, qui a épousé
la croix du Christ, pour rayonner comme lui, nous pouvons investir
nos occupations terrestres avec passion, pour que l’amour règne
parmi nous et qu’il transfigure notre monde. Ces énergies,
nous pouvons aussi les déployer sans crainte de tout perdre,
sans ambition de tout contrôler, mais avec sérénité
et détachement, pleins de confiance dans la grâce qui
nous est faite de devenir des citoyens des cieux.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2090. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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