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Épiphanie du Seigneur C - 7 janvier 2007

 

L'étoile radieuse du Christ

La visite des mages : Matthieu 2, 1-12
Autres lectures : Isaïe 60, 1-6; Psaume 71(72) ; Éphésiens 3, 2-3.5-6

Nul ne sait prédire la température avec exactitude, mais normalement en janvier chez-nous, l’hiver est installé pour de bon. Finis, les beaux jours de l’automne! La longue saison froide est là pour rester jusqu'au printemps. Néanmoins, en dépit du vent, de la pluie, de la glace et même de la neige, qui semblent régner incontestés, un intrus s’est immiscé subtilement dans les affaires de l’hiver, un intrus qui n’aura de cesse qu’il n’ait vaincu la noirceur : le soleil.

La montée de la lumière

     Peu de gens le remarquent en ce temps-ci de l’année. Vu de l’hémisphère nord de la Terre, le soleil paraît si petit et si loin en ces jours, qu’il semblerait tout à fait inoffensif, incapable en tout cas de renverser la tendance lourde et de nous ramener la chaleur. Pourtant! Petit et loin, il s’affaire exactement à cela. Mine de rien, les jours allongent de quelques secondes, puis ce sera de quelques minutes, jusqu’à ce que les beaux jours d’été nous reviennent! Le moment crucial où les jours arrêtent de raccourcir et se mettent à allonger s’appelle le « solstice d’hiver ». Il coïncide dans plusieurs cultures avec une fête religieuse soulignant la victoire de la vie sur la mort, du bien sur le mal…

Lumière sur la terre entière

     Nous ignorons la date précise de la naissance du Christ. Il est devenu traditionnel en Occident de célébrer la naissance de Jésus de Nazareth le 25 décembre, aux alentours du solstice d’hiver dans l’hémisphère nord. Jésus Christ est pour nous la lumière du monde, « l’étoile radieuse du matin » (Apocalypse 22,16), l’astre brillant qui appelle le jour nouveau à naître! Déjà Matthieu raconte le lever d’une étoile brillante dans le ciel de Bethléem, signe de la naissance du Messie tant attendu par le peuple d’Israël. Ce sont pourtant des étrangers, les fameux mages, qui reconnaissent Jésus à sa lumière. L’hommage de ces pèlerins accomplit l’espérance d’Isaïe 60,1-6 (la première lecture), de voir un jour les païens reconnaître le Sauveur d’Israël. Avec l’adoration des mages s’ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire du salut : l’entrée des nations dans la Nouvelle Alliance (ainsi le proclame la deuxième lecture; voir Éphésiens 3,6). L’étoile de Bethléem annonce vraiment une nouvelle ère pour l’humanité à la suite de Jésus.

Annonce de la lumière pascale

    Des jours sombres attendent le Messie. Matthieu et nous, nous savons que le succès populaire de Jésus se soldera par un complot à Jérusalem, suivi d’une trahison, d’une arrestation, d’un procès et d’une exécution sur la croix. La lumière du Christ n’atteindra les nations du monde entier qu’en passant tout d’abord par le prisme de sa Passion et de sa Résurrection. La Bonne Nouvelle de Jésus ne sera proclamée et accueillie dans toutes les langues qu’après la Pentecôte. La pleine lumière de Jésus le Christ ne saurait donc être autre que « Pascale ». C’est Pâques qui montre le Christ sous son vrai jour : celui du Seigneur de la vie, victorieux de la mort. En attendant ce moment glorieux, l’étoile de Bethléem nous donne un avant-goût de sa lumière.

    Comme le solstice d’hiver annonce les beaux jours de l’été, ainsi Noël nous réjouit le cœur en attendant Pâques. À l’Épiphanie, nous fêtons cette « manifestation précoce » de la pleine lumière du Christ. Et si nous avons le cœur docile comme celui des mages venus d’Orient, nous développerons la capacité de voir, en pleine noirceur, une étoile qui nous précède et qui nous guide, à travers les difficultés de la vie, vers le lieu de rencontre avec notre Sauveur.

Jérusalem, au centre du monde
Isaïe 1-6

     Debout, Jérusalem! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi. Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.

     Tout en demeurant juif, le disciple d’Isaïe ayant rédigé la première lecture de ce dimanche est un digne prédécesseur des mages d’Orient. En pleine noirceur, alors qu’Israël essaie de renaître de ses cendres après être revenu de son exil forcé en Babylone, le disciple d’Isaïe voit la lumière de Dieu se lever sur la jeune Jérusalem à reconstruire. Alors que la ville pillée est en ruines, petite et pauvre, le prophète la voit riche des présents que lui apporteront les grandes nations du monde! Bien évidemment, Matthieu s’est inspiré de ce beau texte de sa tradition prophétique pour rédiger le récit des mages. Pour Matthieu, le disciple d’Isaïe avait vu juste : un jour, les étrangers croiraient au Dieu d’Israël. L’évangéliste a le bonheur d’être témoin de ce bouleversement historique de son vivant. Il voit de ses propres yeux des non-juifs adhérer en grand nombre à la foi en Jésus Messie, de sorte que lui, Matthieu le juif, est de plus en plus minoritaire dans son Église! Assurément, c’est l’aube d’une ère nouvelle qui a commencé avec Jésus.

Le mystère dévoilé
Éphésiens 3, 2-3a.5-6

    Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile.

    Parfois, il convient de s’arrêter et de revoir le chemin parcouru. Alors soudain, des éléments étranges, insolites, ou à première vue insignifiants dans notre parcours prennent une importance insoupçonnée… les morceaux du casse-tête se placent et le tout fait du sens à nouveau. Tout comme le soleil peut passer inaperçu au solstice d’hiver, mais que sa présence mystérieuse change le cours des saisons, ainsi le petit nombre de païens qui s’approchent de l’Église grandit, à l’époque de saint Paul, au point qu’un disciple, rédigeant la Lettre aux Éphésiens, y voit « le mystère du Christ » (3,3). L’affluence inespérée d’étrangers dans les rangs de l’Église naissante prouve que Dieu les appelait à recevoir le salut, eux aussi, au nom de Jésus, « lumière des nations ».

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2082. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Une vie se dessine