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Dimanche de la Nativité de Jean Baptiste - 24 juin 2007

 

Dieu fait grâce

La naissance de Jean le Baptiste : Luc 1, 57-66.80
Autres lectures : Isaïe 49, 1-6; Psaume 138(139); Actes 13, 22-26

Le Lectionnaire dominical souligne à sa manière l’importance de la fête. Comme pour Noël ou la Pentecôte, la liturgie propose un double programme de lectures bibliques. Ces choix possibles invitent à sortir un peu des sentiers battus. En explorant des textes bibliques plus ou moins connus, nous comprenons mieux la place du personnage biblique mis en vedette dans notre « Noël d’été ».

Dans notre commentaire, nous allons donc accoler aux indications sur les lectures de la messe du jour quelques réflexions concernant les textes bibliques de la messe de la veille. Ces vignettes bibliques aideront à diversifier nos rencontres eucharistiques illuminées par le feu de la Saint-Jean!

Première lecture

Au jour de la fête : Isaïe 49, 1-6

     Vers la fin de l’exil à Babylone, les déportés entrevoient la tâche du reste d’Israël. Cette élite spirituelle devra regrouper le peuple pour le ramener vers Dieu. Elle devra aussi proposer le même chemin aux autres nations. Ainsi se réalisera le grand projet de Dieu : unir à lui les gens de partout pour les unir entre eux. Le prophète joue un rôle central dans ce projet universel. Peu étonnant que Dieu pose autant d’actions en sa faveur.

      Les six versets nous proposent autant d’attitudes pour enrichir notre journée de célébration. Verset 1: nous sommes invités à vénérer Jean Baptiste, car il a été choisi comme le prophète Isaïe pour proposer le salut divin à toute l’humanité. Verset 2 : nous admirons la vigueur de sa parole, percutante et redoutable car porteuse du grand projet d’alliance de Dieu. Verset 3 : comme tant de prophètes avant lui, comme le petit reste du peuple auquel il s’adresse, Jean Baptiste mérite d’être célébré com-me messager entièrement donné à la tâche de serviteur de la réputation de Dieu. Verset 4 : un prophète mérite toute notre admiration pour son humilité, pour la conscience de sa faiblesse. Verset 5 : ce prophète nous invite à prier avec lui, car il reconnaît que Dieu est sa force. Verset 6 : Jean Baptiste comme le prophète Isaïe sont des modèles à suivre, car le relèvement qu’ils proposent déborde les frontières de leur peuple.

En attendant la fête : Jérémie 1, 4-10

      Deux données importantes sur la mentalité biblique nous sont fournies ici. D’abord, on peut s’étonner de l’affirmation du prophète : il aurait été appelé à sa mission avant même d’avoir reçu sa consistance comme individu ancré dans un corps humain. Cette déclaration se comprend mieux quand on l’apprécie en fonction d’une valeur centrale de l’époque : la priorité accordée à ce qui est ancien. Plus une mission remontait loin dans l’existence de la personne, plus elle était impérative. En situant l’origine de sa mission avant son existence, le prophète confirme qu’elle est un don divin. La deuxième donnée sur la mentalité de l’époque concerne la faible estime portée à la jeunesse. Le prophète se sent handicapé, comme un enfant inexpérimenté. Sa gaucherie donne tout son éclat à la puissance de Dieu qui se manifestera en supportant son handicap.


Deuxième lecture

Au jour de la fête :
Actes des Apôtres 13, 22-26

      Les discours de Paul rapportés dans les Actes donnent une bonne idée de la prédication chrétienne naissante. Devant les Juifs d’Antioche, Paul résume l’histoire sainte. Il constate comment Dieu la dirige depuis les origines jusqu’au Christ. Deux personnages illustrent bien cette conduite divine des événements : David, roi selon le cœur de Dieu, et Jean Baptiste, chargé de préparer la venue du messager ultime. Alors que le rôle de Jean est relativisé par rapport à celui de Jésus, David est décrit par un vocabulaire imprégné d’allusions à la résurrection de Jésus. L’organisation du discours de Paul et son vocabulaire mettent en évidence la primauté de Jésus sur ses prédécesseurs. Il est la manifestation suprême de l’alliance de Dieu. Jean est un prophète suscité par Dieu pour lui préparer le terrain.

En attendant la fête : 1 Pierre 1, 8-12a

      Deux éléments enrichissent notre réflexion sur le rôle du prophète dans le déploiement de la foi. Aux versets 10-12, la tâche de préparation est décrite comme un processus de réflexion, de méditation et d’enquête intellectuelle. Quant à la conclusion du verset 12, elle affirme que le temps de la prophétie est terminé. Les générations successives des auditeurs de la Parole ont accès à toute la splendeur du don de Dieu, grâce à l’Esprit Saint envoyé définitivement par Dieu.

L’Évangile

Au jour de la fête : Luc 1, 57-66.80

      Le choix d’un nom d’enfant dans la Bible n’obéit pas aux critères de mode ou de coquetterie graphique qui sont désormais nôtres. Dans les langues sémitiques comme l’hébreu, le nom se rattache à une racine (généralement de trois lettres) qui renvoie à une activité précise. Le nom n’est pas une simple étiquette, mais bien un programme qui engage toute la vie de la personne qui le porte.

      Munis de ces informations, nous saisissons mieux l’enjeu du discernement évoqué dans l’évangile. En effet, il y a un monde de différence entre le nom du père qui revenait automatiquement au fils (Zacharie) et cette étrange nouveauté (Jean) qui surgit dans la discussion. Le nom « Zacharie » évoque « la mémoire de Yahweh » : Dieu a en tête des promesses qu’il devra bien un jour réaliser. Par contre « Jean » (Yo-hannan) affirme que les promesses sont réalisées : « Dieu a fait grâce ». Autrement dit, le nom « Zacharie » appartient à la période du « pas encore », tandis que « Jean » affirme le « déjà là ». Par le simple moyen d’un prénom, Dieu lui-même inaugure un temps de grâce et de salut. Jean Baptiste appartient aux frontières des temps nouveaux dès son entrée officielle dans sa famille.

En attendant la fête : Luc 1, 5-17

      Voici un épisode moins connu du troisième évangile. Il s’agit du premier événement qui y est rapporté. Le tout se déroule dans l’ambiance mystérieuse du Temple, à l’heure de l’offrande de l’encens. Un messager divin porte à Zacharie une parole étonnante. Elle délivre son couple de la honte d’être sans enfant. Ce fils jouera un rôle qui s’inscrit dans la lignée des prophètes des temps anciens.

      Il est un peu dommage que le Lectionnaire ait tronqué ce texte de son dénouement. En effet, suite à l’annonce du messager de Dieu, Zacharie perd la voix. Le peuple rassemblé au Temple de Jérusalem comprend que Dieu s’est manifesté... mais, suspense, on ne sait pas ce qu’il a dit! Le père retrouvera la voix au moment où le nom de son prophète de fils reçoit ce nom formidable : Jean, c’est-à-dire « Dieu a fait grâce ».

Une fête pertinente parce que religieuse

     Faut-il démontrer l’actualité d’une fête patronale des Canadiens français ou d’une fête nationale du Québec? Jean Baptiste était un « violent pour le Royaume ». Sa frugalité, sa mobilité nous aident à sortir de notre repliement pour affirmer que la foi chrétienne a encore quelque chose à donner à notre société. Nous avons raison de souligner la dimension religieuse de cette journée, car elle inscrit cette composante de nos vies dans le grand livre de l’alliance rêvée par Dieu pour l’humanité toute entière.

      Le souvenir du prophète Jean Baptiste rappelle que Dieu agit grâce à la collaboration créative des personnes qui respectent son grand rêve. À notre tour, nous pouvons faire cheminer un peu plus avant l’humanité sur les routes du salut ouvertes depuis des générations. La croix et la mort n’étaient vraiment pas le dernier mot de Dieu. Ceux et celles qui prennent au sérieux le message du Ressuscité contribuent à faire lever la pâte de l’histoire humaine. Dieu peut alors s’y révéler avec la saveur du bon pain et la couleur du vin de la fête.

       La fête religieuse de la Saint-Jean n’est pas une simple coquetterie patrimoniale. C’est l’affirmation de notre rôle dans la société. C’est aussi l’accueil d’un modèle stimulant : un prophète à la parole forte et décapante. On a beau se vanter d’avoir détruit ses représentations mièvres, on est loin d’avoir épuisé tout potentiel d’encouragement de ce messager exemplaire et vigoureux.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2106. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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