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11e dimanche ordinaire C - 17 juin 2007

 

Jésus, icône du Père

La pécheresse aimante et pardonnée : Luc 7, 36-50; 8, 1-3
Autres lectures : 2 Samuel 12, 7-10.13; Psaume 31(32); Galates 2, 16.19-21

La rencontre de Jésus et d’une femme pécheresse chez le pharisien Simon nous dévoile que Dieu est Père et qu’il fait confiance à ses enfants, dans l’attente patiente que ceux-ci s’éveillent à sa bonté miséricordieuse et à son amour inconditionnel.


       Dans la deuxième section de l’Évangile de Luc, consacrée à l’écoute de la Parole (5, 1 – 9,17), le croyant rencontre la Parole adressée à Israël (5, 1 – 6, 49), puis la Parole missionnaire (7, 1 – 8, 21) qui, dans l’extrait évangélique de ce dimanche, nous conduit à la maison d’un Pharisien.

Un Pharisien, hôte de Jésus

       Le terme « pharisien », vient d’une étymologie araméenne qui signifie « séparé ». Les Pharisiens forment un groupe religieux juif « qui se sépare du péché par la rigueur de la pratique, ou encore qui distingue dans la Loi ce qui est bien » (X.-L. Dufour). Ces hommes religieux sont les interprètes de la Loi de Moïse. Quelle est donc la pensée du Pharisien, nommé Simon par Jésus, et son attitude à l’égard d’autrui (v. 40)?

       Ce Pharisien invite Jésus à sa table et le reçoit sans les rites d’accueil propres au milieu palestinien. Puis à la vue de la femme de la ville et de ses attitudes, il manifeste de l’incompréhension et de l’étonnement; en fait, il se scandalise du comportement de Jésus. Que constatons-nous encore chez ce croyant? Il va sans dire qu’il partage l’opinion publique quant à la qualité de la femme : elle est une pécheresse (v. 39); ce jugement, il se le dit à lui-même. À l’égard de Jésus, il lui dénie sa mission de prophète (v. 39) puisqu’il ne sait pas quelle sorte de femme le touche (v. 39). On peut se demander si, sans la présence de Jésus, Simon n’aurait pas expulsé la femme de sa maison?

       Le regard du pharisien Simon est définitivement réducteur. Par ailleurs, il reconnaît Jésus comme un Maître de sagesse, lorsque Jésus lui demande de porter un jugement sur le cas précis présenté dans la parabole du créancier et des deux débiteurs. Il répond bien, raisonne avec justesse (vv. 41-42). Mais a-t-il compris ce qui se déroule sous ses yeux? les gestes de la femme? l’attitude de Jésus? Son regard sur les êtres peut-il vraiment évoluer? N’enferme-t-il pas la femme dans son rôle de pécheresse? Et Jésus, n’est-il pas uniquement un juif fidèle – il n’est sûrement pas un prophète? Il est vrai que Simon s’éloigne de la perception de certains de son groupe religieux, qui voient Jésus comme un blasphémateur (5, 17-26).

Une femme pardonnée

       Cette femme surgit, sans invitation : elle n’a pas de place dans la maison du pharisien, elle ne parle pas, elle n’est pas installée dans sa justice, mais pose des gestes significatifs d’accueil et de reconnaissance, omis par le pharisien à l’arrivée du Maître. C’est Jésus lui-même qui met en valeur la richesse de son amour en prenant soin d’énumérer ses gestes (v. 44) et il lui adresse une parole de pardon et d’espérance : Ta foi t’a sauvée. Va en paix (v. 50).

Jésus, vrai visage du Père

       Simon, le docteur de la Loi, quelle image a-t-il de Dieu? Il semble que lui, un modèle de la pratique scrupuleuse, voyait Dieu comme un Législateur ordonné et méticuleux, voire même comme un Roi intransigeant. Sans le formuler clairement, Dieu est peut-être pour lui Celui qui rejette et exclut.

       Le spécialiste de la Loi a bien interprété la parabole en donnant une bonne réponse à Jésus qui demandait un jugement ; il dit : C’est celui qui a remis davantage (v. 43) ou littéralement, « à qui il fait grâce du plus » (Radermakers). Le corrolaire se formulerait ainsi : celui à qui on remet moins, aimera moins. Observons que le contenu de la parabole se situe dans un rapport de proportion. En premier, la dette, et, en second, l’amour, comme effet.

       Avec Jésus, le jugement est inversé et paraît bien déroutant et mystérieux à nos pensées limitées. Il dit : ses péchés nombreux, se trouvent remis (laissés) parce qu’elle aima beaucoup (v. 47). L’amour est situé au premier plan, et, en second, le pardon comme effet. En fait, à travers les gestes posés, Jésus voit et sent l’amour de la femme, amour qui aux yeux de Simon et de nous, croyants, paraît ambigu. De cet amour non encore purifié, Jésus est conduit à l’amour prévenant qu’il lui porte déjà et qui va s’exprimer en pardon.

       Dans son être « touché » en profondeur et dans son attitude, Jésus manifeste le visage de son Père, miséricordieux, faisant confiance aux femmes et aux hommes à qui il a donné la liberté de l’accueillir ou de le refuser. À la défiance du pharisien à l’égard de la femme s’opposent la confiance de Jésus, et sa vie et sa mort vécues dans un amour incommensurable, inouï, libérateur, source de joie.

J’ai péché contre le Seigneur
2 Samuel 12, 7.10-13

       De la première lecture à la lecture évangélique, on voit des liens se tisser. David a reçu du Seigneur des grâces abondantes, puis il s’enfonce dans le péché. Le prophète Natan lui indique que sa faute est grande : Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur? (v. 9) Selon la conception de Dieu que certains avaient à l’époque, Natan annonce une peine sévère.

       La grandeur de David sera de confesser son amour coupable et son meurtre, qui montre que son cœur n’est pas véritablement mauvais et endurci. À lui aussi, le pardon du Seigneur qui précède l’aveu est offert.

Ma vie aujourd’hui... je la vie dans la foi au Fils de Dieu
Galates 2, 16.19-21

       Loi, justice et foi! voilà trois concepts vigoureusement martelés par l’apôtre-théologien qui, en clarifiant sa vocation, vient nous aider à approfondir notre vocation chrétienne et notre cheminement.

      Celui qui est juste n’est pas dans le faux et ne passe pas à côté de l’essentiel. Il est facile de croire que, par nos efforts et la pratique des commandements, nous pouvons obtenir la justice. Or, la justice ne vient pas de nous, mais de Dieu qui est la source de toute vérité et de tout don. C’est la rencontre et l’expérience du Crucifié qui est à la source de la conversion de Paul. La mort de Jésus sur la croix – par la Loi -, livré pour moi (v. 20), oui, pour lui, le pharisien zélé, le fait passer à l’amour et au don de lui-même au Christ (v. 20). Quelle parole libératrice!

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2105. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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