Jésus, icône du Père
La pécheresse aimante et pardonnée
: Luc
7, 36-50; 8,
1-3
Autres lectures : 2
Samuel 12, 7-10.13; Psaume
31(32); Galates
2, 16.19-21
La rencontre de Jésus et dune femme
pécheresse chez le pharisien Simon nous dévoile que
Dieu est Père et quil fait confiance à ses enfants,
dans lattente patiente que ceux-ci séveillent
à sa bonté miséricordieuse et à son
amour inconditionnel.
Dans la deuxième
section de lÉvangile de Luc, consacrée
à lécoute de la Parole (5,
1 9,17), le croyant rencontre la Parole adressée
à Israël (5,
1 6, 49), puis la Parole missionnaire (7,
1 8, 21) qui, dans lextrait évangélique
de ce dimanche, nous conduit à la maison dun Pharisien.
Un Pharisien, hôte de Jésus
Le terme « pharisien
», vient dune étymologie araméenne qui
signifie « séparé ». Les Pharisiens forment
un groupe religieux juif « qui se sépare du péché
par la rigueur de la pratique, ou encore qui distingue dans la Loi
ce qui est bien » (X.-L. Dufour). Ces hommes religieux sont
les interprètes de la Loi de Moïse. Quelle est donc
la pensée du Pharisien, nommé Simon par Jésus,
et son attitude à légard dautrui (v.
40)?
Ce Pharisien invite Jésus
à sa table et le reçoit sans les rites daccueil
propres au milieu palestinien. Puis à la vue de la femme
de la ville et de ses attitudes, il manifeste de lincompréhension
et de létonnement; en fait, il se scandalise du comportement
de Jésus. Que constatons-nous encore chez ce croyant? Il
va sans dire quil partage lopinion publique quant à
la qualité de la femme : elle est une pécheresse
(v. 39); ce jugement, il se le dit à lui-même. À
légard de Jésus, il lui dénie sa mission
de prophète (v. 39) puisquil ne sait pas quelle sorte
de femme le touche (v. 39). On peut se demander si, sans
la présence de Jésus, Simon naurait pas expulsé
la femme de sa maison?
Le regard du pharisien
Simon est définitivement réducteur. Par ailleurs,
il reconnaît Jésus comme un Maître de sagesse,
lorsque Jésus lui demande de porter un jugement sur le cas
précis présenté dans la parabole du créancier
et des deux débiteurs. Il répond bien, raisonne avec
justesse (vv.
41-42). Mais a-t-il compris ce qui se déroule sous ses
yeux? les gestes de la femme? lattitude de Jésus? Son
regard sur les êtres peut-il vraiment évoluer? Nenferme-t-il
pas la femme dans son rôle de pécheresse? Et Jésus,
nest-il pas uniquement un juif fidèle il nest
sûrement pas un prophète? Il est vrai que Simon séloigne
de la perception de certains de son groupe religieux, qui voient
Jésus comme un blasphémateur (5,
17-26).
Une femme pardonnée
Cette femme surgit, sans
invitation : elle na pas de place dans la maison du pharisien,
elle ne parle pas, elle nest pas installée dans sa
justice, mais pose des gestes significatifs daccueil et de
reconnaissance, omis par le pharisien à larrivée
du Maître. Cest Jésus lui-même qui met
en valeur la richesse de son amour en prenant soin dénumérer
ses gestes (v.
44) et il lui adresse une parole de pardon et despérance
: Ta foi ta sauvée. Va en paix (v. 50).
Jésus, vrai visage du Père
Simon, le docteur de
la Loi, quelle image a-t-il de Dieu? Il semble que lui, un modèle
de la pratique scrupuleuse, voyait Dieu comme un Législateur
ordonné et méticuleux, voire même comme un Roi
intransigeant. Sans le formuler clairement, Dieu est peut-être
pour lui Celui qui rejette et exclut.
Le spécialiste
de la Loi a bien interprété la parabole en donnant
une bonne réponse à Jésus qui demandait un
jugement ; il dit : Cest celui qui a remis davantage
(v. 43) ou littéralement, « à qui il fait grâce
du plus » (Radermakers). Le corrolaire se formulerait ainsi
: celui à qui on remet moins, aimera moins. Observons que
le contenu de la parabole se situe dans un rapport de proportion.
En premier, la dette, et, en second, lamour, comme effet.
Avec Jésus, le
jugement est inversé et paraît bien déroutant
et mystérieux à nos pensées limitées.
Il dit : ses péchés nombreux, se trouvent remis
(laissés) parce quelle aima beaucoup (v. 47). Lamour
est situé au premier plan, et, en second, le pardon comme
effet. En fait, à travers les gestes posés, Jésus
voit et sent lamour de la femme, amour qui aux yeux de Simon
et de nous, croyants, paraît ambigu. De cet amour non encore
purifié, Jésus est conduit à lamour prévenant
quil lui porte déjà et qui va sexprimer
en pardon.
Dans son être «
touché » en profondeur et dans son attitude, Jésus
manifeste le visage de son Père, miséricordieux, faisant
confiance aux femmes et aux hommes à qui il a donné
la liberté de laccueillir ou de le refuser. À
la défiance du pharisien à légard de
la femme sopposent la confiance de Jésus, et sa vie
et sa mort vécues dans un amour incommensurable, inouï,
libérateur, source de joie.
Jai péché contre le Seigneur
2 Samuel 12, 7.10-13
De la première
lecture à la lecture évangélique, on voit des
liens se tisser. David a reçu du Seigneur des grâces
abondantes, puis il senfonce dans le péché.
Le prophète Natan lui indique que sa faute est grande : Pourquoi
donc as-tu méprisé le Seigneur? (v. 9) Selon la
conception de Dieu que certains avaient à lépoque,
Natan annonce une peine sévère.
La grandeur de David
sera de confesser son amour coupable et son meurtre, qui montre
que son cur nest pas véritablement mauvais et
endurci. À lui aussi, le pardon du Seigneur qui précède
laveu est offert.
Ma vie aujourdhui... je la vie dans la foi au Fils de Dieu
Galates 2, 16.19-21
Loi, justice et foi!
voilà trois concepts vigoureusement martelés par lapôtre-théologien
qui, en clarifiant sa vocation, vient nous aider à approfondir
notre vocation chrétienne et notre cheminement.
Celui qui est juste nest
pas dans le faux et ne passe pas à côté de lessentiel.
Il est facile de croire que, par nos efforts et la pratique des
commandements, nous pouvons obtenir la justice. Or, la justice ne
vient pas de nous, mais de Dieu qui est la source de toute vérité
et de tout don. Cest la rencontre et lexpérience
du Crucifié qui est à la source de la conversion de
Paul. La mort de Jésus sur la croix par la Loi -,
livré pour moi (v. 20), oui, pour lui, le pharisien
zélé, le fait passer à lamour et au don
de lui-même au Christ (v. 20). Quelle parole libératrice!
Source: Le Feuillet biblique,
no 2105. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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