Dieu sans frontières
Guérison de dix lépreux : Luc
17, 11-19
Autres lectures : 2
Rois 5, 14-17;
Psaume
97(98); 1
Timothée 2, 8-13
Seulement une attitude humble et ouverte nous permet
de rencontrer le vrai Dieu et dêtre touchés par
lui, qui que lon soit. La bonté de Dieu ne peut se
limiter à exaucer les demandes dun seul groupe de personnes,
fût-il le peuple de Dieu. Dieu aime et guérit quiconque
est assez humble et ouvert pour lui demander de laide, peu
importent son groupe dorigine, son ethnie, sa nationalité
ou sa religion de naissance. Dieu est là pour tous, pourvu
que nous lui fassions confiance.
Lévangile et les deux autres lectures
de ce dimanche illustrent on ne peut plus clairement cette conviction
de la foi chrétienne Dieu ne connaît pas nos frontières!
Un autre bon Samaritain!
Le récit de la guérison des dix lépreux
insiste moins sur le fait miraculeux que sur la suite des événements.
Des dix lépreux guéris par Jésus, seul un Samaritain
(cest-à-dire un étranger) revient rendre gloire
à Dieu. La bonne conduite et lexemple sont donnés
par celui duquel on sy attendait le moins, à lépoque.
En effet, les Samaritains étaient méprisés
par les Juifs comme sil sagissait dhérétiques
impurs, infidèles à Dieu. À lépoque,
aucun « bon » Juif naurait cru quil pouvait
exister « un bon Samaritain ». Sauf Jésus! De
là vient loriginalité de la parabole connue
comme étant celle du « bon Samaritain » (Luc
10, 29-37). Jésus y souligne le bon exemple donné
par un Samaritain, contre le mauvais exemple donné par un
prêtre et un lévite juifs. Le Samaritain a secouru
lhomme mourant de la parabole, alors que le prêtre et
le lévite juifs lavaient abandonné à
son sort en allant leur chemin.
Voilà aussi tout le poids du récit de
ce dimanche : neuf « bons » Juifs nont ni remercié
leur confrère Jésus, ni glorifié Dieu pour
leur guérison. Un « mauvais » Samaritain, par
contre, donne lexemple à tout le monde. Cest
ainsi que nos idées toutes faites sont remises en question
par la bonne nouvelle quannonce Jésus. Le récit
nous encourage à réviser nos jugements rapides et
nos généralisations. Il nous exhorte à demeurer
ouverts et à espérer linouï, puisque rien
nest impossible à Dieu. Les gens peuvent changer et,
bien souvent, ils sont différents de limage que nous
nous en faisons, doù lappel à ne pas juger.
Le récit souligne aussi que les actes de charité
et de miséricorde doivent être faits, comme Jésus,
sans condition, sans attendre rien en retour, seulement parce quil
y a des besoins à combler, point. Jésus a guéri
les dix individus, même si neuf dentre eux se sont révélés
nêtre que dingrats opportunistes. Il a guéri
les dix parce que les dix étaient malades, bons ou mauvais,
peu importe. Nous sommes appelés à suivre lexemple
de Jésus et à soulager toute personne souffrante,
sans lui proposer ni la confession ni le baptême.
Par le fait même, la conversion qui narrive
alors rien quune fois sur dix devient une surprise et une
occasion de fêter pour tous!
Lhumilité et la confiance dun païen
(2 Rois 5, 14-17)
Je le sais désormais : il ny a pas dautre
Dieu, sur toute la terre, que celui dIsraël! (2 Rois
5,15)
La première lecture est un extrait de la guérison
et de la conversion de Naaman, un Syrien souffrant dune maladie
grave de la peau. Général des armées du roi
dAram, Naaman est un puissant ennemi du peuple dIsraël.
Comme la plupart des étrangers, il adore aussi un autre dieu
que Yahvé : le dieu Rimmôn. Cependant, la tenace maladie
qui lafflige va pousser Naaman à demander de laide
auprès du prophète Élisée, avec la permission
des rois ennemis dAram et dIsraël. Dans son pays,
personne ne peut laider. Son dieu Rimmôn, non plus.
Naaman va donc voir Élisée avec lespoir dêtre
délivré de son affreuse maladie. Élisée
consent à aider Naaman. Il lui ordonne de se laver sept fois
dans le Jourdain, ce fleuve qui traverse la Terre Sainte du nord
au sud. Naaman ravale son orgueil de Syrien et accepte de se laver
dans le Jourdain, démontrant que les grands fleuves de sa
terre natale, lAbana et le Parpar, ne pouvaient rien faire
pour le guérir. Naaman fait confiance à la parole
dÉlisée et sort du Jourdain guéri. Il
en déduit que seul le Dieu dÉlisée, le
Dieu du Jourdain, le Dieu de la terre dIsraël, est le
vrai Dieu qui peut guérir et quil faut adorer. Cest
pourquoi, Naaman demande à emporter avec lui un peu de «
terre sainte », afin de faire en Syrie un autel digne du Dieu
dIsraël, Yahvé. Le grand et puissant général
Naaman a été assez humble pour reconnaître la
vérité et la bonté dun prophète
et dun Dieu qui nétaient pas les siens.
La liberté de la Parole
(2 Timothée 2, 8-13)
Mais on nenchaîne pas la pa-role de Dieu! (2
Timothée 2,9)
La deuxième lecture va dans le même sens
que la première, quand on nous dit quon nenchaîne
pas la Parole de Dieu (v. 9). Impossible de fixer des limites
à Dieu : il parle à qui il veut et il sauve qui lui
plaît. Lauteur nous avoue quil supporte volontiers
les souffrances reliés à son ministère dévangélisation,
pour ceux que Dieu a choisis, afin quils obtiennent eux
aussi le salut par Jésus Christ (v. 10). Celui ou celle
qui annonce la bonne nouvelle ne sait jamais avec certitude qui
entendra son appel à la conversion. Cest pourquoi il
est important de ne pas se restreindre à tel ou tel type
de personnes ou de groupes, comme si Dieu ne pouvait pas parler
et agir ailleurs. Entretenir des préjugés à
légard de certaines personnes ou de certains groupes
reviendrait à « enchaîner » la Parole de
Dieu. Même lorsque des personnes ou des groupes se sont ouvertement
opposés à lÉvangile ou même lorsque
des croyants ont failli à leur responsabilité, Dieu
garde toute sa liberté pour faire miséricorde, puisque,
comme la lettre le dit si bien : Si nous sommes infidèles,
lui, il restera fidèle, car il ne peut se renier lui-même
(v. 13). Que la Parole de Dieu retentisse donc partout, peu importe
les chances quelle soit entendue!
Pour aller plus loin :
Les Samaritains
La ville de Samarie, fondée par Omri, donna
son nom à toute la région qui lentourait. Au
temps de Jésus, la Samarie constitue lune des trois
régions de la Palestine avec la Judée, au sud, et
la Galilée, au nord.
Une rupture politique et religieuse sest établie
au fil du temps entre les Samaritains et les Juifs de Judée.
Elle remonte dabord à léclatement du royaume
de David en 935 av. J.C. et à la constitution du royaume
dIsraël composé de dix tribus. Quand les Assyriens,
en 721, semparent de Samarie, ils déportent une partie
importante de la population et la remplace par des colons qui petit
à petit vont se mêler à la population israélite
demeurée sur place. Il en résultera un syncrétisme
religieux (2
Rois 17, 24-41). Dès lors, les autres Juifs ne considéreront
pas leur religion comme authentique, malgré la prétention
des Samaritains de toujours être des adorateurs de Yahvé.
Une série de faits ont accentué la rupture
entre Juifs et Samaritains : la reconnaissance des cinq premiers
livres de la Bible, comme seules Écritures, dans une version
qui leur est propre; la construction dun temple sur le Garizim;
lalliance avec loccupant grec lors de la révolte
des frères Maccabées.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2113. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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Un cri, bien plus qu'une demande
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