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29e dimanche ordinaire C - 21 octobre 2007

 

Tenir longtemps

Parabole du juge qui se fait prier longtemps : Luc 18, 1-8
Autres lectures : Exode 17, 8-13; Psaume 120(121); 2 Timothée 3, 14 - 4, 2

L’évangile de Luc contient les plus belles prières. Celle de Marie qui dit le merci le plus joyeux qui soit : Mon âme exalte le Seigneur (le Magnificat, Luc 1, 46ss). Celle de Zacharie, le père de Jean Baptiste, qui proclame sa foi en la résurrection : Soleil levant sur ceux qui gisent dans l’ombre de la mort (le Benedictus 1, 68ss). Celle de l’enfant prodigue qui admet son péché et reconnaît en Dieu sa miséricorde : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi, je ne mérite pas d’être appelé ton fils (15, 21). Surtout celle de Jésus lui-même : Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits (10, 21ss).

Un catéchisme sur la prière

  Ailleurs, depuis la guérison des dix lépreux (17, 11-19) jusqu’à la parabole du pharisien et du publicain (18, 9-14), une section de l’évangile de Luc pourrait s’intituler : « Leçons sur la prière ». Les remerciements d’un lépreux montraient dans la prière d’action de grâces le complément normal de la prière de demande. La parabole exaltera la prière humble du pécheur qui a besoin de miséricorde : Mon Dieu aie pitié du pécheur que je suis! (18, 13)

  Entre ces deux parties, on lit un discours de Jésus sur le Jour du Fils de l’Homme. Il est à comprendre au sens de la demande du Notre Père : Que ton règne vienne (Luc 11, 2). Le temps de l’Église, qui sépare la première venue de Jésus de la deuxième, c’est aussi le temps de la prière. Jésus enseigne la constance que doivent y mettre les disciples.

Une veuve nous est présentée dont il faudra imiter l’esprit résolu

  Il y a parfois des paraboles où l’enseignement, la conclusion morale, comporte de l’ambiguïté, surtout pour les esprits occidentaux qui aiment la clarté. La parabole de l’intendant infidèle où l’on semble approuver un fraudeur est de celles-là. Ici, pas de confusion possible. Le but de la parabole est indiqué bien nettement par l’évangéliste : Pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager.

  Le portrait de Dieu est fait d’après celui du juge inique. Dieu n’est pas comme lui, bien au contraire. Il est le Dieu juste avec la connotation particulière à la justice qui est donnée dans la Bible. La justice n’est pas une répartition des biens selon un code de droits et de devoirs. C’est bien plutôt un parti pris en faveur des plus démunis comme la veuve importune. Ses élus sont précisément ceux qui souffrent. Ils vivent le paradoxe d’Israël qui n’a pris conscience de son élection que dans la grande humiliation de l’Exil.

Les veuves dans l’évangile de Luc

  On pourrait écrire un chapitre particulier sur les veuves tellement Luc les mentionne souvent. La prophétesse Anne était restée veuve (2, 37). Jésus ressuscite un fils unique dont la mère était veuve (7, 12), comme Élie l’avait fait autrefois (4, 25); Jésus loue la veuve qui met des piécettes dans le trésor du temple (21, 3). Dans les Actes, elles sont très présentes dans la plainte des Hellénistes (6, 1) et autour de Pierre (9, 39). La veuve représente un type. Dans la société ancienne, la femme indépendante n’existe pas. Elle est membre d’une famille, elle dépend soit de son père ou de son mari. La femme qui n’a plus l’appui d’un homme peut donc se trouver en situation très difficile. Les lois les plus archaïques ne lui donnent même pas le droit à l’héritage. On pense à l’Inde où, jusqu’à il y a peu de temps, la veuve s’immolait sur le bûcher funéraire de son mari, ayant perdu toute raison de vivre.

  Le portrait de Dieu n’est pas celui des philosophes. Jésus ne décrit pas un Dieu intangible, insensible et transcendant. Plutôt, c’est le Père attentif au bien de ses enfants, comme la veuve. Sans tarder, il leur fera justice. Il veut qu’on le prie avec insistance et persévérance pour approfondir notre foi en lui et ne pas nous imaginer que prier pour obtenir quelque chose c’est comme demander une faveur à mille autres bienfaiteurs.

La prière dans la Tradition

  Pour résumer la relation de l’être humain à la prière, saint Augustin disait trois mots latins : Mali, mala, male. Mali (mauvais), car nous prions en pécheurs que nous sommes sans mérites à cause de cela. Mala (mauvaises) car nous demandons les choses mauvaises au sens d’erronées, les moins désirables pour notre bien spirituel. Male (mal), car nous prions mal, surtout avec un déficit d’attention, de recueillement et de continuité. Admettons qu’Augustin, ce grand penseur, était souvent pessimiste sur la condition humaine. Cependant saint Paul disait quelque chose de semblable : L’Esprit vient au secours de notre faiblesse; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut (Romains 8, 34) Nous devons demander l’aide de l’Esprit Saint qui nous permettra de choisir le Christ comme modèle d’oraison et comme intercesseur à la manière d’un Fils.

  L’oraison dominicale, ou Notre Père, donne de belles leçons sur la manière de prier puisque la prière que Jésus a enseignée nous fait louer Dieu en l’appelant par le titre de Père. Nous sommes ainsi incorporés au Christ, Fils par excellence. En disant « Notre », nous proclamons notre fierté d’appartenir à l’Église, à la communauté des frères et sœurs de Jésus.

  La demande du Règne accorde une préséance aux droits de Dieu au-dessus des nôtres. Nous reconnaissons que nous ne sommes qu’un faible maillon dans l’établissement des valeurs de justice et de paix qu’entraîne le Royaume de Dieu.

  Le sens très riche du mot « pain » dans la quatrième demande du Notre Père doit être bien mesurée. Nous demandons les biens de chaque jour pour la subsistance. La santé du corps est utile pour la diffusion du règne de Dieu. Aussi le pain est la réalité surnaturelle du pain eucharistique. Moi je suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim; qui croit en moi n’aura jamais soif. Moi, je suis le pain vivant, descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours (Jean 6, 35. 51).

  La première lecture (Exode 17, 8-13) raconte comment les bras levés de Moïse durant une bataille ont obtenu les mêmes effets qu’une prière. Certains gestes sont des prières. La vie de Moïse est tissée de belles paroles adressées à Dieu dans un grand esprit de foi : retenons-en une forme de prière, la supplication, qui exige de la persévérance. Dieu ne nous délivre pas toujours des épreuves ou parfois il met du temps à le faire. Fatigué de son rôle, Moïse a dit : Que je ne voie plus mon malheur, tue-moi plutôt! (Nombres 11, 14) Voilà une poignante demande de consolation

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2114. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Dieu sans frontières