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30e dimanche ordinaire C - 28 octobre 2007

 

Humilité et salut

Le pharisien et le collecteur d'impôts : Luc 18, 9-14
Autres lectures : Ben Sirac 35, 12-14.16-18; Psaume 33(34); 2 Timothée 4, 6-8.16-18

Dans la société actuelle plusieurs personnes ont adhéré à des mouvements religieux qui promettent d’atteindre une certaine divinité, à condition de pratiquer rigoureusement différentes techniques. Les gens qui pratiquent ces rituels deviennent des privilégiés. À l’époque des premiers chrétiens, une branche du christianisme naissant avait adopté cette attitude. Plusieurs documents anciens retrouvés récemment ont remis en lumière des écrits qui témoignent de ce courant qui a retrouvé force et popularité dans notre temps marqué par une soif d’indépendance, d’autonomie. Dans ce mouvement primitif désigné du nom de gnose, la personne humaine qui étudie la doctrine cachée du Maître, le Christ, peut s’élever par lui-même pour atteindre le Royaume. Cependant seule une élite réussira ce tour de force. La Bonne Nouvelle d’aujourd’hui met en garde l’Église contre ces groupes qui prétendent que les gens sont capables de se sauver.

Le pharisien

   Dans cette parabole du pharisien et du publicain, le pharisien est la figure symbolique des personnes qui croient avoir un quelconque mérite dans le fait d’être sauvées. Les pharisiens qui respectaient scrupuleusement la Loi avaient développé une telle attitude. Ils regardaient avec mépris la masse populaire qui observaient avec moins de constance les préceptes de la Loi. Jésus devait certainement admirer la fidélité des pharisiens. Mais il savait aussi que la raison de leur respect de la Loi n’était pas l’amour de Dieu. C’était plutôt l’amour de leur propre personne car leur rigueur attirait sur eux respect et admiration. Jésus ne peut approuver une telle dynamique qui enlève à Dieu sa place primordiale dans le cœur des personnes. Le publicain, un grand pécheur, représente l’attitude que le Maître encourage chez ses disciples.

  • Les pharisiens
     « Les pharisiens (litt. « les séparés ») étaient des laïcs qui, au temps des Maccabées, s’étaient opposés à l’hellénisation de la Judée et qui tendaient à réaliser l’idéal de sainteté requis d’Israël. D’où leur étude de la Loi et le souci de l’enseigner au peuple dont, à la différence des sadducéens, ils restaient proches; experts dans la tradition orale, ils cherchaient à lui rendre les exigences de la Loi praticables au jour le jour. Cette attitude respectueuse de l’homme demeure historiquement leur mérite. C’est à partir de l’an 70, après la destruction du Temple, que le groupe des pharisiens s’identifie au pouvoir de la nation juive et que leur orthodoxie devient intransigeante. Jésus de Nazareth a eu des relations positives avec les pharisiens de son temps : il est invité à leur table et est averti par eux qu’Hérode le « cherche » (Luc 13, 31). Certes la piété des pharisiens s’est heurtée à la critique de Jésus, par exemple à propos du sabbat; mais le tableau présenté dans les évangiles reflète le conflit qui a opposé plus tard l’Église à la Synagogue, principalement à cause de la prétention que Jésus fût le Messie et le Révélateur eschatologique ».
    (Xavier Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean, tome II, Parole de Dieu, Paris, Éditions du Seuil, 1990, pages 342-343).


Le publicain

  Les publicains, les percepteurs des impôts et des taxes, avaient la réputation d’être des fraudeurs et des débauchés. Ils ne revendiquaient aucun mérite dans leur salut puisqu’ils ne suivaient pas les prescriptions religieuses. Le publicain de la parabole connaît donc sa situation devant Dieu. Humblement il reconnaît ses torts et demande pardon à Dieu. Jésus approuve cette démarche parce que ce croyant avoue sa totale dépendance face à la divinité pour son salut. Il ne cherche pas à s’élever par lui-même. Grâce à la foi, l’Esprit du Seigneur peut donc occuper dans la conscience du pécheur toute la place. Ainsi le publicain est sauvé; ce qui n’est pas le cas du pharisien dont l’ego est trop grand pour laisser un espace à Dieu. La dépendance n’est donc pas toujours une mauvaise chose. Face à la Trinité, cette attitude faite d’humilité et de confiance demeure une des conditions nécessaires pour arriver au paradis.

  • Les publicains
     La fonction des publicains consiste à percevoir, pour le compte de l’État, les impôts indirects tels que les droits de passage, les taxes et impôts sur les produits et denrées importés. Ce système de taxation existait au temps de l’empire perse, mais ce n’est qu’à l’époque romaine que l’on se met à lever systématiquement les impôts indirects. Chaque province romaine constitue une zone douanière. Certaines villes ont le privilège de lever des droits de passage à leur profit, comme Capharnaüm située sur la principale route reliant les pays de l’est et l’Égypte.
     Le publicain reçoit en concession la perception des impôts indirects. Il doit acquitter le montant déterminé par l’État et se garde comme salaire l’excédent du produit des droits et des taxes. Même si les tarifs sont fixés d’autorité, ils ne sont pas toujours appliqués scrupuleusement par les fonctionnaires. Ces pratiques expli-quent la mauvaise réputation des publicains, accusés de s’enrichir sur le dos de la population.

Une condition intemporelle

  La première lecture montre bien que les pharisiens ont eu des prédécesseurs. À l’époque de l’Ancien Testament, les riches croyaient que l’offrande de généreux sacrifices de victimes animales trouverait un écho favorable auprès de Yahvé. Ben Sirac le Sage leur lance un sérieux avertissement. Dieu ne se laisse pas acheter. Il sauve qui bon lui semble. Le pauvre qui n’a pas les moyens d’offrir d’opulents sacrifices peut être sauvé par le Dieu du peuple saint. Sa prière peut se rendre jusqu’au ciel. La gratuité divine a donc toujours été présente dans la tradition biblique. Aujourd’hui dans un monde obnubilé par l’autonomie, la liturgie de la Parole de ce dimanche reste donc très actuelle.


Action de grâce de Paul
2 Timothée 4, 6-8.16-18

  Dans cet extrait, Paul exprime avec éloquence sa foi. Dans la seconde partie du texte, il admet que le Christ lui a inspiré sa défense devant un tribunal. Abandonné par ses amis, doutant de ses propres ressources, le Sauveur a soutenu l’apôtre devant ses juges. Paul, en confessant sa faiblesse, a laissé le Seigneur prendre une place. Cette attitude rejoint les dispositions intérieures du publicain de l’évangile. Cependant Paul ne nie pas une certaine participation à son salut. Il a mené une lutte de tous les instants pour préserver la demeure de l’Esprit dans son cœur. Il avoue du même souffle que Dieu lui a donné la force de mener ce combat. Et comme un athlète de l’Antiquité, il attend de la Trinité la couronne qui récompensera ses efforts. Il faut noter que Paul n’exige pas ce trophée. Il attend la décision divine, confiant que le Christ respectera l’engagement de remettre aux vainqueurs du combat chrétien le Royaume éternel.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2115. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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