Christ est ressuscité!
Le tombeau vide : Luc
24, 13-35
Autres lectures : Actes
10, 34a.37-43 ; Psaume
117(118) ; Colossiens
3, 1-4
Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité!
Les chrétiens de tradition orientale vont se saluer par ces
mots durant toute la semaine pascale. La fête de Pâques
la plus ancienne fête du calendrier chrétien
- célèbre le mystère central de notre foi :
Ils (les Juifs et les habitants de Jérusalem) ont fait mourir
(Jésus) en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu
la ressuscité le troisième jour (Actes 10, 39-40).
Les chrétiens sont tellement habitués à cette
affirmation quelle est devenue presque banale. Et pourtant!
Comment les premiers témoins auraient-ils pu avoir laudace,
ou seulement limagination, de proposer un tel message sils
navaient pas été convaincus hors de tout doute
de la véracité de ce quils enseignaient?
Larrière-fond du monde grec
On connaît les résistances
que Paul a rencontrées, chez les Grecs, lorsquil a
parlé de la résurrection de Jésus. Quon
se rappelle la scène célèbre du discours dAthènes
: À ces mots de résurrection des morts, les uns
se moquaient, les autres disaient: Nous tentendrons là-dessus
une autre fois (Actes 17, 32). À Corinthe, même
parmi ceux qui avaient adhéré au Christ et à
son message, la résistance à lidée de
résurrection perdurait : Or, si lon prêche
que le Christ est ressuscité des morts, comment certains
parmi vous peuvent-ils dire quil ny a pas de résurrection
des morts? Sil ny a pas de résurrection des morts,
le Christ non plus nest pas ressuscité (1 Corinthiens
15, 12-13).
En simplifiant beaucoup, on peut
dire que, pour un Grec contemporain de Paul, le corps représente,
au mieux, un instrument mis à la disposition de lâme;
celle-ci peut lutiliser mais elle le laissera de côté
au moment de la mort comme un vieux costume quon abandonne
après usage. Beaucoup ont une vision encore moins positive
du corps. Ils le voient comme une prison où lâme
est enfermée; la mort signifie la délivrance. Dans
un cas comme dans lautre, lidée de résurrection
devait paraître comme une mauvaise nouvelle. Bien que Paul
se laisse parfois influencer par la manière grecque de penser
(voir, par exemple : Romains
7,
24), il résiste fermement à la tentation dannoncer
une survie toute spirituelle. Pour lui, le réalisme de la
résurrection appartient au cur même du message
chrétien.
Larrière-fond juif
Les Sadducéens disent en
effet quil ny a ni résurrection, ni ange, ni
esprit, tandis que les Pharisiens professent lun et lautre
(Actes 23, 8). On peut croire que laffirmation de Luc
manque de nuances; elle révèle néanmoins que
la résurrection ne faisait lobjet daucune doctrine
officielle dans le judaïsme. Chacun pouvait professer sur la
question lopinion qui lui convenait.
On trouve dans lAncien Testament
des témoignages de cette diversité : le pessimiste
: Ce nest pas le shéol qui te loue ni la mort qui
te célèbre. Ils nespèrent plus en ta
fidélité ceux qui descendent dans la fosse (Isaïe
38, 18); le mystérieux : Tes morts revivront, tes cadavres
ressusciteront (Isaïe 26, 19); le difficile : Un
grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière
séveilleront, les uns pour la vie éternelle,
les autres pour lopprobre, lhorreur éternelle
(Daniel 12,2); le très grec : Les âmes des
justes sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les atteindra
(Sagesse 3,1).
Lannonce de la résurrection
de Jésus ne fait donc pas figure de météorite
totalement inattendue. Pourtant il fallait une conviction et une
audace peu communes pour lancer une telle bombe : la fin des temps
est arrivée, le monde nouveau est déjà présent
puisque, en Jésus, la résurrection est commencée.
Fallait-il que Jésus ressuscite?
On pourrait bien dire : « Je
suis bien heureux pour Jésus quil ait pu ressusciter,
mais quest-ce que cela me fait, à moi, puisque je dois
mourir? ». Pendant longtemps, une certaine catéchèse
a présenté la résurrection du Christ comme
un miracle quil aurait accompli pour lui-même afin de
prouver sa divinité; cet événement navait
pas beaucoup dimportance pour le reste de lhumanité.
Ce point de vue séloigne considérablement de
celui des auteurs du Nouveau Testament.
Ceux-ci affirment de manière
constante que cest Dieu (le Père) qui ressuscite Jésus
:
et voici que Dieu la ressuscité le troisième
jour (Actes 10, 40). Dieu donne ainsi son assentiment
au projet de Jésus. Ce qui, sur la croix, pouvait passer
pour un échec lamentable, devient un triomphe. Jésus
est exalté (Philippiens
2,9), il devient Seigneur (Ph 2,11), il est reconnu comme
Premier né dentre les morts (Colossiens
1,18) et Fils de Dieu (Romains 1,4). Tous ces titres
disent que Jésus est entré dans le monde de Dieu (cf.
Jean
13,1). La mort na pas marqué la fin de son existence
mais sa transformation. Jésus ressuscité est bien
le même que celui que les disciples avaient connu : Voyez
mes mains et mes pieds, cest bien moi! (Luc 24, 39). En
même temps il est différent puisquil appartient
maintenant au monde de Dieu : il se sépara deux
et fut emporté au ciel (Luc 24, 51).
Vous êtes ressuscités avec le Christ
Colossiens 3,1
Jésus avait annoncé
la venue prochaine du Royaume de Dieu (cf. Marc
1,15); les disciples annoncent la résurrection de Jésus
(cf. Actes
10, 39-43) parce quils sont convaincus que le Royaume
est commencé. Lexpérience de Jésus toujours
vivant leur montre que le monde nouveau est déjà là.
Désormais la mort nest plus la seule perspective davenir
offerte aux humains puisque ceux qui vivent avec le Christ sur la
terre pourront continuer à partager sa vie auprès
de Dieu : Si nous sommes passés par la mort avec le Christ,
nous croyons que nous vivrons avec lui (Rm 6,8).
La résurrection nest
pas seulement une issue heureuse à lhistoire de Jésus,
elle est la bonne nouvelle fondamentale, celle qui bouleverse
toute lhistoire humaine. Elle fonde la foi, rend possible
lespérance et donne corps à la charité.
Les croyants, associés au Christ par le baptême, vivent
déjà, dans le temps présent, à la manière
du Royaume (cf. Rm
6,3-4).
Il vit et il crut
Jean 20, 8
Ce verset est le seul où la
vision du tombeau vide amène quelquun à la foi.
Paul et les Actes des Apôtres, les principaux témoins
de la prédication chrétienne à ses débuts,
ne font jamais allusion à la découverte du tombeau
ni à la disparition du corps de Jésus.
Paul mentionne une fois les apparitions
du ressuscité (1
Corinthiens 15, 5-8) mais il sagit dexpériences
uniques, réservées à quelques privilégiés
: (Dieu) lui a donné de se manifester non pas à
tout le peuple mais aux témoins que Dieu avait choisis davance,
à nous qui avons mangé et bu avec lui après
sa résurrection dentre les morts (Ac 10,41).
La preuve que le Christ est
vivant vient du don de lEsprit qui transforme ceux qui le
reçoivent (voir, par exemple : Ac
10, 44-48) et qui fait vivre lÉglise (Ac
9, 31). Aujourdhui comme au temps des apôtres, le
Christ se manifeste à travers la vie des croyants et la force
missionnaire de lÉglise chargée dannoncer
la Bonne Nouvelle jusquaux extrémités du monde
(Ac
1,8).
Source: Le Feuillet biblique,
no 2095. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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