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Résurrection du Seigneur C - 8 avril 2007

 

Christ est ressuscité!

Le tombeau vide : Luc 24, 13-35
Autres lectures : Actes 10, 34a.37-43 ; Psaume 117(118) ; Colossiens 3, 1-4

Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité! Les chrétiens de tradition orientale vont se saluer par ces mots durant toute la semaine pascale. La fête de Pâques – la plus ancienne fête du calendrier chrétien - célèbre le mystère central de notre foi : Ils (les Juifs et les habitants de Jérusalem) ont fait mourir (Jésus) en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour (Actes 10, 39-40). Les chrétiens sont tellement habitués à cette affirmation qu’elle est devenue presque banale. Et pourtant! Comment les premiers témoins auraient-ils pu avoir l’audace, ou seulement l’imagination, de proposer un tel message s’ils n’avaient pas été convaincus hors de tout doute de la véracité de ce qu’ils enseignaient?

L’arrière-fond du monde grec

     On connaît les résistances que Paul a rencontrées, chez les Grecs, lorsqu’il a parlé de la résurrection de Jésus. Qu’on se rappelle la scène célèbre du discours d’Athènes : À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: Nous t’entendrons là-dessus une autre fois (Actes 17, 32). À Corinthe, même parmi ceux qui avaient adhéré au Christ et à son message, la résistance à l’idée de résurrection perdurait : Or, si l’on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité (1 Corinthiens 15, 12-13).

     En simplifiant beaucoup, on peut dire que, pour un Grec contemporain de Paul, le corps représente, au mieux, un instrument mis à la disposition de l’âme; celle-ci peut l’utiliser mais elle le laissera de côté au moment de la mort comme un vieux costume qu’on abandonne après usage. Beaucoup ont une vision encore moins positive du corps. Ils le voient comme une prison où l’âme est enfermée; la mort signifie la délivrance. Dans un cas comme dans l’autre, l’idée de résurrection devait paraître comme une mauvaise nouvelle. Bien que Paul se laisse parfois influencer par la manière grecque de penser (voir, par exemple : Romains 7, 24), il résiste fermement à la tentation d’annoncer une survie toute spirituelle. Pour lui, le réalisme de la résurrection appartient au cœur même du message chrétien.

L’arrière-fond juif

     Les Sadducéens disent en effet qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit, tandis que les Pharisiens professent l’un et l’autre (Actes 23, 8). On peut croire que l’affirmation de Luc manque de nuances; elle révèle néanmoins que la résurrection ne faisait l’objet d’aucune doctrine officielle dans le judaïsme. Chacun pouvait professer sur la question l’opinion qui lui convenait.

     On trouve dans l’Ancien Testament des témoignages de cette diversité : le pessimiste : Ce n’est pas le shéol qui te loue ni la mort qui te célèbre. Ils n’espèrent plus en ta fidélité ceux qui descendent dans la fosse (Isaïe 38, 18); le mystérieux : Tes morts revivront, tes cadavres ressusciteront (Isaïe 26, 19); le difficile : Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre, l’horreur éternelle (Daniel 12,2); le très grec : Les âmes des justes sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les atteindra (Sagesse 3,1).

     L’annonce de la résurrection de Jésus ne fait donc pas figure de météorite totalement inattendue. Pourtant il fallait une conviction et une audace peu communes pour lancer une telle bombe : la fin des temps est arrivée, le monde nouveau est déjà présent puisque, en Jésus, la résurrection est commencée.


Fallait-il que Jésus ressuscite?

     On pourrait bien dire : « Je suis bien heureux pour Jésus qu’il ait pu ressusciter, mais qu’est-ce que cela me fait, à moi, puisque je dois mourir? ». Pendant longtemps, une certaine catéchèse a présenté la résurrection du Christ comme un miracle qu’il aurait accompli pour lui-même afin de prouver sa divinité; cet événement n’avait pas beaucoup d’importance pour le reste de l’humanité. Ce point de vue s’éloigne considérablement de celui des auteurs du Nouveau Testament.

     Ceux-ci affirment de manière constante que c’est Dieu (le Père) qui ressuscite Jésus : …et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour (Actes 10, 40). Dieu donne ainsi son assentiment au projet de Jésus. Ce qui, sur la croix, pouvait passer pour un échec lamentable, devient un triomphe. Jésus est exalté (Philippiens 2,9), il devient Seigneur (Ph 2,11), il est reconnu comme Premier né d’entre les morts (Colossiens 1,18) et Fils de Dieu (Romains 1,4). Tous ces titres disent que Jésus est entré dans le monde de Dieu (cf. Jean 13,1). La mort n’a pas marqué la fin de son existence mais sa transformation. Jésus ressuscité est bien le même que celui que les disciples avaient connu : Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi! (Luc 24, 39). En même temps il est différent puisqu’il appartient maintenant au monde de Dieu : il se sépara d’eux et fut emporté au ciel (Luc 24, 51).


Vous êtes ressuscités avec le Christ
Colossiens 3,1

     Jésus avait annoncé la venue prochaine du Royaume de Dieu (cf. Marc 1,15); les disciples annoncent la résurrection de Jésus (cf. Actes 10, 39-43) parce qu’ils sont convaincus que le Royaume est commencé. L’expérience de Jésus toujours vivant leur montre que le monde nouveau est déjà là. Désormais la mort n’est plus la seule perspective d’avenir offerte aux humains puisque ceux qui vivent avec le Christ sur la terre pourront continuer à partager sa vie auprès de Dieu : Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui (Rm 6,8).

     La résurrection n’est pas seulement une issue heureuse à l’histoire de Jésus, elle est la bonne nouvelle fondamentale, celle qui bouleverse toute l’histoire humaine. Elle fonde la foi, rend possible l’espérance et donne corps à la charité. Les croyants, associés au Christ par le baptême, vivent déjà, dans le temps présent, à la manière du Royaume (cf. Rm 6,3-4).


Il vit et il crut
Jean 20, 8

     Ce verset est le seul où la vision du tombeau vide amène quelqu’un à la foi. Paul et les Actes des Apôtres, les principaux témoins de la prédication chrétienne à ses débuts, ne font jamais allusion à la découverte du tombeau ni à la disparition du corps de Jésus.

     Paul mentionne une fois les apparitions du ressuscité (1 Corinthiens 15, 5-8) mais il s’agit d’expériences uniques, réservées à quelques privilégiés : (Dieu) lui a donné de se manifester non pas à tout le peuple mais aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts (Ac 10,41).

     La preuve que le Christ est vivant vient du don de l’Esprit qui transforme ceux qui le reçoivent (voir, par exemple : Ac 10, 44-48) et qui fait vivre l’Église (Ac 9, 31). Aujourd’hui comme au temps des apôtres, le Christ se manifeste à travers la vie des croyants et la force missionnaire de l’Église chargée d’annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités du monde (Ac 1,8).

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2095. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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