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Ascension du Seigneur A - 4 mai 2008

 

 

Jésus part : à nous d'agir !

L'envoi en mission : Matthieu 28, 16-20
Autres lectures : Actes 1, 1-11; Psaume 46(47); Éphésiens 1, 17-23

La fête de l’Ascension est surtout une fête de naissance de l’Église, plus qu’un constat du départ de Jésus. Bien sûr, Jésus se rend invisible aux yeux de ses disciples. Mais ceux-ci n’auront pas grand temps pour déplorer son absence. Les messagers de Dieu, mis en scène dans la première lecture, sont formels. Ils questionnent le réflexe des disciples qui fixent le ciel. Ces messagers rappellent ainsi avec ironie que les choses vont encore et toujours se passer sur le terrain des humains.

  Les Galiléens étaient habitués à la diversité des personnes qui circulaient sur leur terre d’origine. Ils apprennent de la bouche des messagers de Dieu que Jésus fera un retour, qu’il sera sans doute subit. Ils découvrent surtout que le retour de Jésus s’inscrira dans la foulée de leur envoi comme témoins jusqu’aux extrémités de la terre.

  Tel est le contenu de la première lecture en ce dimanche spécial. Dans la culture européenne, l’événement de l’Ascension est encore prétexte à congé. Dans notre turbulence nord-américaine, nous préférons évoquer cette naissance de l’Église active en plein dimanche. Peu importe le moment de la semaine choisi pour la célébrer : l’Ascension est un aide-mémoire annuel de la responsabilité laissée par Jésus à ses amis.

Lire autrement une finale d'évangile trop connue

  Pour dépasser le côté anecdotique de ce départ du Seigneur vers la discrétion, les fidèles sont invités à relire la grande finale de l’Évangile selon Matthieu. Chacun, chacune peut y trouver des échos du Premier Testament qui entretiendront l’élan de son témoignage quotidien.

  Ce texte d’envoi puissant clôt la vaste cathédrale catéchétique inspirée par l’enseignement de l’apôtre Matthieu. Structurée autour de cinq grands discours de Jésus, cette mine de ressources spirituelles clarifie des situations troubles de la vie en Église. Cette préoccupation de clarification est présente aujourd’hui dans les lignes finales de l’Évangile.

  Pour construire cette certitude, le texte accumule les évocations du Premier Testament. En se référant à des épisodes-clé de l’Ancien Testament, l’enseignement matthéen se clôt sur une tonalité de certitude absolue. Des chrétiens venus du Judaïsme ne pouvaient qu’y trouver du réconfort dans la difficile adaptation requise pour passer de la culture juive à la nouvelle atmosphère chrétienne.

Des détails fascinants

  Explorons quelques détails du texte, en gardant en tête le mandat assumé par l’auteur : soutenir le dynamisme des chrétiens pétris de culture juive.

  L’Évangile nous entraîne vers une montagne de Galilée. Par rapport à la zone sanctifiée de Jérusalem, les Onze se retrouvent au cœur d’une « terre étrangère », la Galilée. Ils ressemblent aux Hébreux de jadis qui fuyaient l’Égypte et qui sont pourtant entrés en contact avec Dieu aux monts du Sinaï.
 
  Quand ils se prosternent devant Jésus, les Onze ressemblent aux Hébreux maltraités et sceptiques qui avaient finalement admis que Moïse est l’envoyé de Dieu en se prosternant (Exode 4, 31; 12, 27). Ce qui ne les dispense pas de râler par la suite contre lui! Même Moise, tout investi de sa mission, aura des doutes. Dans la Bible, les héros sont bien fragiles...

  Et pourtant, leur champ d’intervention est immense, global. Dans l’évangile, l’humanité est désignée par l’expression « les nations ». Ce mot rappelle la promesse faite à Abraham au profit de toutes les familles de la terre (Genèse 12, 1-3). Il rappelle aussi la stratégie précise de Dieu décrite en Exode 19, 6. Dieu se choisit un peuple qui devient nation sainte, présence de Dieu parmi les nations. La mission donnée par Jésus à ses apôtres vise à « faire des disciples » de toutes ces nations qui n’avaient pas accès aux trésors de l’alliance de Dieu. Le nouveau peuple de Dieu n’est plus seulement un signe pour les nations (comme devait l’être le premier Israël), mais un nouvel espace d’inclusion.

  Un autre enjeu se noue dans cet espace élargi d’intervention. Pour devenir disciple, il faut soi-même écouter un maître. Il faut lui reconnaître tout pouvoir, pour toutes les nations, tous les jours jusqu’à la fin du temps. L’évangile situe cette décision dans le prolongement de la première alliance. Il faut garder les commandements, comme le peuple avait accepté de le faire à partir de sa rencontre avec Dieu au Sinaï (voir Exode 24, 7).
 
  Avant d’aller multiplier les disciples, il faut donc vivre soi-même en disciple. Avec la conviction qu’en Jésus, la promesse de présence permanente de Dieu lancée en Exode 33, 5.12-17 est accomplie. Dans l’Incarnation de Jésus, Dieu s’est rendu présent, de manière tangible, au milieu de son peuple. Jésus est vraiment Emmanuel, Dieu-avec-nous, comme le prévoyait le début de l’Évangile selon Matthieu (1, 23). La finale que nous proclamons aujourd’hui confirme ce nom, puisque Jésus promet d’être avec les personnes qui acceptent d’investir leur énergie dans sa mission tous les jours, jusqu’à la maturité du temps.

La splendeur de la mission

  Les croyants ne sont pas destinés à rester neutres. Ils ont la capacité d’intervenir dans le monde au nom de la famille divine. Jésus les invite à transformer les nations en disciples, à baptiser, donc à inclure toute personne qui le désire dans le processus de sa mort-résurrection.

  Ce que nous comprenons dans notre lecture commune au sujet de l’amour de Dieu pour l’humanité ne peut rester entre les quatre murs de la communauté. Ce que nous comprenons ici et maintenant est destiné à transformer partout et pour le mieux la vie des gens que nous côtoyons dans les Galilée d’aujourd’hui : le monde des affaires, des centres commerciaux, des arénas, des polyvalentes, des loisirs, les milieux d’études et d’affaires, les familles.

  Cette collaboration missionnaire à la transmission de l’héritage préparé par Dieu (c’est le thème de la deuxième lecture de ce jour) n’est pas un manque de respect des autres cultures. C’est simplement le partage d’une surabondance de grâce et de bienfaits expérimentée au fil des siècles dans les cultures qui ont successivement bonifié notre humanité. Malgré nos différences culturelles avec les gens de l’Empire romain, avec les Byzantins ou avec les Européens des siècles ultérieurs, nous sommes en communion profonde avec eux grâce au fil conducteur de la foi.

  Les valeurs de communion universelle incluses dans le message des disciples de Jésus ne prétendent pas abolir les originalités ethniques et nationales. Jésus envoie ses apôtres vers toutes les nations pour en faire des disciples. Il ne leur demande pas d’abolir ces nations! La mission n’est pas une négation des cultures... Elle transcende les différences parce qu’elle renvoie au destin commun de la nature humaine. Un destin de communion, un destin de bonheur partagé selon le cœur de celui qui est la source de tout bien.

  

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2142. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La foi et ses repères