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6e dimanche de Pâques A - 27 avril 2008

 

 

La foi et ses repères

Le Paraclet, Jésus et le Père viendront vers ceux qui aiment Jésus : Jean 14, 15-21
Autres lectures : Actes 8, 5-8.14-17; Psaume 65(66); 1 Pierre 3, 15-18

Quand le quatrième évangile reçoit sa forme définitive, cinquante ou soixante ans sont passés depuis les événements fondateurs, la mort et la résurrection de Jésus. Les témoins de la première heure se font rares; la majorité des chrétiens est désormais constituée par des personnes qui n’ont jamais vu Jésus. Bien plus, la majorité d’entre elles ne sont pas d’origine juive. La parole des missionnaires et le témoignage de leur vie ont attiré ces nouveaux croyants (cf. Jean 13, 35). En cela les chrétiens de la deuxième génération nous ressemblent; ils doivent affronter la même question fondamentale : comment croire en quelqu’un qui n’est pas là et qu’on n’a jamais vu? L’évangile va apporter à cette interrogation une réponse radicale : Heureux ceux qui croient sans avoir vu (Jn 20, 29). Mais au-delà de cette formule en forme de slogan il faut quand même donner aux croyants quelques points de repère pour ancrer leur foi. Les chapitres 13 à 17 de l’Évangile de Jean s’y emploient par plusieurs voies complémentaires. L’extrait retenu par la liturgie de ce 6ième dimanche de Pâques en est un exemple.

Si vous m'aimez... (v. 15)

  Il est impossible d’entrer en relation vivante avec Jésus si cette relation n’est pas basée sur l’amour. Les recherches historiques sont importantes mais elles se situent à un niveau différent. Quelqu’un peut maîtriser toutes les connaissances possibles au sujet de Jésus, si sa science ne le conduit pas à l’amour il n’aura jamais rencontré le vrai Jésus. Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. Dieu est amour; celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui (1 Jean 4,16).

  Dieu est la source de l’amour et la réponse de l’être humain est d’aimer à son tour. La manière de vivre cet amour consiste à rester fidèle (aux) commandements (v. 15). Souvent on oppose amour et commandement. L’amour est spontanéité, le commandement, contrainte. Pourtant Jésus lie les deux : celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime (v. 21a). Le commandement de Jésus est précisément celui de l’amour (cf. Jn 13, 34). Quiconque grandit dans l’amour grandit aussi dans l’intimité avec Dieu et avec Jésus : celui qui m’aime sera aimé de mon Père, moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui (v. 21b). L’amour vécu à la manière de Jésus, voilà un moyen de le rencontrer.

L'autre défenseur (v. 16)

  Dans la Première lettre de Jean, Jésus lui-même apparaît comme le défenseur des pécheurs auprès de son Père (cf. 1 Jn 2,1b). Dans l’évangile c’est lui qui promet un autre défenseur qui viendra, d’une certaine manière, suppléer à son absence. Il l’identifie comme Esprit de vérité (v. 17). On comprend qu’il s’agit de l’Esprit Saint mais d’où vient cette manière de le désigner, propre à l’évangile de Jean? À Qumran l’Esprit de vérité occupe une place importante; il vaut la peine de citer un extrait de La Règle de la Communauté : C’est à l’esprit de vérité qu’il appartient d’illuminer le cœur de l’homme et d’aplanir devant tout homme les voies de la véritable justice et de mettre en son cœur la crainte des jugements de Dieu. Et c’est à lui qu’appartiennent l’esprit d’humilité et de longanimité et l’abondante miséricorde et l’éternelle bonté … Tels sont les conseils de l’esprit pour les fils de vérité dans le monde (1QS IV, 2 …6. Traduction de Dupont-Sommer – Éd. de la Pléiade).

  Jean ne s’inspire peut-être pas directement des écrits de Qumran mais il puise sans doute aux sources de ce courant spirituel encore bien vivant à son époque. L’Esprit de vérité ne se réfère pas d’abord à une notion abstraite de la vérité mais à la Vérité elle-même, c’est-à-dire Dieu. Il est réservé aux disciples de Jésus (v. 17) pour être leur défenseur. Quel est le sens de cette défense? Contre qui les disciples de Jésus ont-ils besoin d’être défendus?

  Le contexte suggère que son rôle consiste à assister les disciples en butte à l’incompréhension et à l’hostilité du Monde. On rejoint une idée exprimée plus clairement dans les autres évangiles : Lorsqu’on vous livrera … ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous (Matthieu 10, 19-20). En situation de crise, Jésus n’abandonne pas les siens; il continue à les soutenir par son Esprit.

Je ne vous laisserai pas orphelins (v. 18)

  Les orphelins constituent, avec les étrangers et les veuves, une catégorie de personnes particulièrement vulnérables et auxquelles la Loi accorde une protection spéciale (Exode 22, 22; Deutéronome 10, 18 etc …). Menacer quelqu’un de rendre sa femme veuve et ses enfants orphelins est encore pire que le menacer de mort car ceux qu’il aime seront exposés à tous les dangers (Ex 23, 23; Ps 109(108), 9). Jésus ne veut pas abandonner ses disciples à un tel sort misérable.

  Par ailleurs, mis à part Jn 13, 33 où Jésus appelle ses disciples petits enfants, jamais il ne revendique à leur égard un statut de père. Même si son départ crée chez les disciples le sentiment d’être abandonnés et sans défense, ce n’est que par analogie qu’on peut parler d’orphelins. La résurrection sera sa réponse à cette crise. Parce qu’ils croient en lui et qu’ils l’aiment, les siens pourront le voir vivant. Ils découvriront alors qu’il partage la vie de Dieu et qu’eux mêmes y sont associés : en ce jour-là vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous (v. 20). Cette intimité nouvelle, fruit de l’Esprit, permettra non seulement aux disciples de la première heure mais aux croyants de tous les temps de surmonter l’obstacle de l’absence de Jésus.

Rendre compte de l'espérance (1 Pierre 3, 15-18)

  En quelques lignes Pierre énonce l’essentiel de la foi (cf. vv. 15a.18) et de ses conséquences pour la vie des croyants. Première conséquence : la nécessité du témoignage, c’est-à-dire être capable de s’expliquer au sujet de sa foi et de son espérance d’une manière respectueuse à l’égard de ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions (cf. vv. 15-16a). Deuxième conséquence : mener une vie irréprochable pour ne pas alimenter les préjugés des personnes de l’extérieur de l’Église. Troisième conséquence : être prêt à souffrir, si c’est nécessaire, par fidélité au Christ, lui qui a accepté la passion et la mort avant d’entrer dans la gloire (vv. 17-18; cf. Mt 5, 11-12). Cet écrit de la première génération chrétienne se révèle encore d’une percutante actualité.

Ils recevaient le Saint-Esprit (Actes 8, 5-8.14-17)

  Les signes accomplis par Philippe correspondent à la pratique de Jésus (v. 7, cf. Luc 6, 17-19) et à la mission qu’il avait confiée à ses disciples (cf. Lc 9 ,2; 10, 9). Le signe par excellence, celui par lequel la conversion des Samaritains est authentifiée, est la venue de l’Esprit Saint (v. 17). Il s’agit d’une nouvelle Pentecôte non plus réservée aux seuls disciples de la première heure (Ac 2,1-4) mais à des nouveaux convertis, même à des Samaritains considérés par les Juifs comme des hérétiques (cf. Sirac 50, 26). L’esprit de Vérité commence déjà à faire tomber les barrières et à ouvrir les frontières.

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Source: Le Feuillet biblique, no 2141. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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