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1er dimanche de Carême A - 10 février 2008

 

 

Le désert, un chemin d'humanité

Jésus tenté au désert : Matthieu 4, 1-11
Autres lectures : Genèse 2, 7-9; 3, 1-7a ; Psaume 50(51); Romains 5, 12-19

Au commencement il y avait un beau jardin au milieu duquel poussait l’arbre de vie (Genèse 2, 9). Dans ce jardin fut placé le premier être vivant (Gn 2, 7). Puis le nouvel Adam, Jésus, fut conduit non pas dans un jardin, mais au désert (Matthieu 4, 1). Enfin arrive le Tentateur, celui qui induit en erreur (Gn 2, 4) et celui qui exige l’adoration (Mt 4, 9).

Du jardin au désert

   À quelques milliers d’années de nous, deux récits mettent en scène la tentative de séduction du diable. Dans le premier, Adam et Ève sont sous le charme et succombent. Dans l’autre, Jésus résiste et vainc. L’occasion est belle, en relisant ces vieux récits, d’attribuer à Jésus la mission de changer le désert du monde en un beau jardin où poussent toute sorte d’arbres à l’aspect attirant et aux fruits savoureux (Gn 2, 9).

La tentation de la désespérance

  Mais rien n’est simple ! Le mal individuel et collectif fait toujours des ravages en notre monde et la victoire de Jésus sur le tentateur n’a, hélas ! pas transformé nos contrées intérieures, désertiques et stériles, en terre féconde et riche. Il arrive même que la tentation de la désespérance s’installe en nos vies pourtant bien chrétiennes et donc croyantes. Réfléchissons donc autrement sur les textes bibliques de ce dimanche qui, manifestement, est loin de nous proposer un retour à l’Éden des origines. La souffrance millénaire des hommes et des femmes ne peut être effacée ni occultée même si quelqu’un a écrit que « le sang sèche vite quand il entre dans l’Histoire ».

Une quête permanente

  La nostalgie des temps anciens n’a jamais rien donné de bon ni d’heureux. Pourquoi ? Parce qu’elle se nourrit trop souvent de rêves déçus, d’illusions perdues, de bonheurs illusoires. Comme chrétiens, ce n’est pas vers ces miroirs aux alouettes qu’il faut nous tourner, mais vers des réalités spirituelles qui sont des chemins obligés conduisant vers la croix douloureuse puis vers la croix glorieuse. Notre vocation humaine n’est pas un appel à rebrousser chemin mais un appel vers l’avant, vers l’avenir de Dieu. Cependant, le paradis perdu peut être recherché, il doit être même une quête permanente. Son nom? Le Royaume de Dieu. Ce Royaume, il est toujours à bâtir. Et le lieu de cette recherche du Royaume, s’effectue au désert, là où des tentations de toutes sortes nous attendent; là aussi où la force de l’Esprit nous aide à triompher.

Un jardin à sarcler

  Rien n’a beaucoup changé depuis le récit de la Genèse. Depuis toujours, l’homme et la femme sont des êtres en recherche de plénitude et de perfection. Nous sommes toujours tentés, mais par des appâts qui changent de noms selon notre destinée humaine et notre culture. Ce n’est pas plus facile pour nous que ce l’était pour nos devanciers, fussent-ils sortis du livre de la Genèse, de la pré-histoire, de la légende, du roman-fiction ou de la chanson à texte. Rien de neuf sous le soleil, a dit le vieux Qohélet (Qo 3,1). Mais, ce qui est consolant c’est que pour une multitude de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification (Romains 5, 16). Cela ne nous empêche pas de sarcler notre petit jardin afin d’y faire pousser des semences de paix, de bonté, de pardon. Mais la sécheresse nous guette et, par voie de conséquence, le désert aussi.

Un chemin d'humanité

  En acceptant de prendre chair, Jésus est venu ouvrir à nouveau un chemin d’humanité. Il est venu nous réapprendre notre vraie vocation qui est celle de marcher vers le bonheur. En empruntant le chemin de Jérusalem pour accomplir sa mission rédemptrice, Jésus a laissé derrière lui le paradis perdu et a ouvert de nouveaux horizons à la mesure du cœur humain. Jésus, au désert, refuse de changer les pierres en pain, à la demande du démon (Mt 4, 3). Mais il exigera plus tard, selon le rêve de Dieu, que nous changions nos cœurs de pierre en pain de tendresse (Ézéchiel 11, 19). En refusant le pouvoir et la domination proposés par le diable (Mt 4, 6-7), Jésus nous apprendra tout au cours de sa vie, le service humble et exigeant qui ouvre sur le bonheur.

Une voie d'espérance

  Il m’est arrivé souvent de rencontrer des gens, des jeunes surtout, qui prennent conscience de la médiocrité de leur existence. Ils sont pour la plupart gâtés par la vie : un certain confort qui les rend exigeants; des études qui leur permettent de choisir une profession lucrative; des relations nombreuses quoiqu’instables... Malgré ou à cause de ces facilités qui n’exigent aucun combat, le mal-être s’installe en eux. Ils vivent au désert. Les tentations les assaillent, et ils se posent des questions : Pourquoi résister ? Le bonheur est un droit, non ? Puis le doute s’infiltre dans leur conscience. Ils pressentent que le vrai bonheur est ailleurs. Une voie d’espérance se dessine. D’aucuns l’accueillent, d’autres la devinent, mais plusieurs ferment les yeux, refusant de s’y engager.

Le choix de Jésus

  Jésus inaugure sa vie publique par un combat contre le mal, contre différentes sortes de mal. Ce combat, il le gagne pour lui et pour nous : il choisit la vie, il nous choisit ! À nous de marcher à sa suite et de nous entraîner pour relever le défi et espérer la victoire. Le carême est justement une période d’entraînement pour retrouver la forme spirituelle nécessaire pour entreprendre la lutte contre le tentateur. Pour le vaincre, Dieu est le meilleur entraîneur qui soit. Il nous donne de précieux conseils. Cependant, il nous laisse libres. Libres de choisir ce qui convient à notre personnalité spirituelle. Dieu murmure à l’oreille du cœur. L’important c’est de savoir l’écouter en faisant la sourde oreille aux appels du tentateur, toujours à l’affût.

De fiers combattants

  Y a-t-il encore des personnes qui livrent des combats dans les déserts de ce monde ? Question intéressante. Question judicieuse. Pourquoi ? Parce que, de la réponse, dépend la poursuite de la lutte. Oui, il existe de fiers combattants qui protestent pour empêcher le désert de venir gruger des terres prometteuses : quand des petits salariés protestent pour sauver leur emploi et ceux de leurs pairs; quand des chefs d’entreprises font preuve d’humanité en poursuivant un autre but que celui de la rentabilité à outrance; quand des organisme se prêtent à la défense des exploités, tous ceux-là reprennent à leur compte les paroles de Jésus : Tu adoreras Dieu seul ! En d’autres mots : Tu n’adoreras pas les choses qui passent mais tu accorderas du prix à la personne humaine, visage de Dieu.

 

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2130. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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