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10e dimanche ordinaire A - 8 juin 2008

 

 

La bonté et la fidélité de Dieu : une merveille !

Jésus appelle Lévi : Matthieu 9, 9-13
Autres lectures : Osée 6, 3-6; Psaume 49(50); Romains 4, 18-25

La foi, l’espérance et la charité sont les assises de notre réponse à l’appel que Dieu nous fait d’entrer en communion avec lui. Les lectures de ce 10e dimanche nous ouvrent l’esprit et le cœur à cette réalité. Abraham, le croyant par excellence, se fie à Dieu dans une situation apparemment sans issue. Matthieu est ce publicain qui reçoit la surabondance de l’amour miséricordieux de Jésus. Quant à l’apôtre Paul, il convie les croyants d’aujourd’hui à l’espérance, cette vertu que le poète Péguy avait en haute estime.

Matthieu, du vieil homme à l'homme nouveau

  Matthieu le publicain a endossé des comportements douteux : au service de l’occupant romain, il lève les impôts, sans aucun scrupule, en augmentant les charges à son profit; de ce fait, il thésaurise et vole les pauvres. On peut imaginer un visage dur et calculateur. Toutefois, un jour, le regard de Jésus croise le sien. Le récit est bref, rapide comme dans un court métrage. À l’invitation de Jésus, Matthieu devient disciple du prophète. Quel retournement! Celui-ci s’est peut-être vécu à la suite d’un cheminement plus lent mais, quoi qu’il en soit, Matthieu, touché à l’intime de son être, opère un tournant à 180o et décide de mettre ses pas dans ceux de Jésus, le miséricordieux. Ainsi, il fera désormais partie de la communauté naissante des disciples et s’efforcera de connaître le Seigneur dans un attachement profond du cœur, comme le prophète Osée le recommandait déjà au VIIIe siècle (Osée 6, 4).

Jésus, médecin des âmes

  Puis, le récit conduit le lecteur dans une maison — peut-être celle de Jésus —, à une rencontre autour d’une table. Jésus se trouve avec une petite pègre, dirions-nous de nos jours. Cette situation est, pour les pharisiens, indécente, insupportable, carrément inacceptable. Imaginons, dans notre société, un prisonnier, un sans-abri, une clocharde, un perdant, un parasite, attablé dans une demeure avec un homme important, performant, célèbre et bien-pensant. Le décalage social trop contrasté ferait scandale! À l’époque de Jésus aussi. Au livre des Proverbes, n’est-il pas interdit de frayer avec les pécheurs qui peuvent entraîner au mal (1, 10)?

  Pourtant, Jésus ne craint pas de s’approcher de ceux et celles qui sont sans réputation, sans richesse, sans avenir social, ceux qu’on méprise et rejette. Pourquoi Jésus côtoie-t-il cette misère morale, celle du publicain et celle du pharisien (qui se contente du culte et trop peu des dispositions intérieures)? Ne sait-il pas que la tradition israélite oblige à ne prendre aucun repas avec les païens et les pécheurs? (Genèse 43, 32)

  Jésus, l’ami des pécheurs, sait que les humains ont besoin de sa présence et de son réconfort. Il est celui qui déborde de l’amour miséricordieux de Dieu. Son Père n’est qu’amour, bonté, fidélité et sa mission est de faire connaître le cœur de Dieu. Aussi par son attitude et ses gestes, il manifeste cette tendresse que les humains, trop souvent, n’offrent qu’à ceux qui sont bien portants. Jésus dissocie l’amour qui pardonne — c’est-à-dire qui donne le salut et le bonheur —, de la connivence avec le péché. Jésus ne pense pas comme les pharisiens, qui soupçonnent qu’un pardon sans condition vient justifier et encourager le péché.

  Puisque le regard aimant de Jésus se pose sur Matthieu, et que ce regard permet au collecteur de voir sa vie dans toute sa dignité, peut-être est-il plus facile de comprendre la réponse donnée avec empressement par le pécheur de jadis. Il est touché, bouleversé, recréé. Son attachement à Jésus devient profond, existentiel, fondamental et ne se résume pas à suivre un enseignement.

Comment vit-on dans les pas de Jésus?

  Bien des gens autour de Jésus n’ont pas compris le signe donné dans ce repas pris avec les publicains-pécheurs. Aujourd’hui, ne serions-nous pas encore portés à juger et à discriminer les autres, au lieu de travailler à la réconciliation? De la table eucharistique à la table familiale, ne sont-elles pas nombreuses les occasions d’échanger, de partager, de communier à l’autre? Jésus incarne l’amour miséricordieux de Dieu. Il va de soi que les croyants et croyantes soient, à l’égard de leurs frères et sœurs, des témoins de cet amour miséricordieux, offert sans condition. Au chapitre des béa-titudes, il est dit : Heureux les miséricordieux parce qu’ils obtiendront miséricorde (5, 7).

La foi d'Abraham
Romains 4, 18-25

  Abraham notre père, espérant contre toute espérance, a cru à la promesse de Dieu, et ainsi il est devenu le père d’un grand nombre de peuples, selon la parole du Seigneur : Vois quelle descendance tu auras ! (Romains 4, 18).

  Paul propose à notre méditation l’homme qui croit et qui espère un avenir malgré les apparences contraires. Abraham qui désire une descendance a toutes les raisons de douter et de désespérer, compte tenu des obstacles rencontrés. Toutefois, il croit en la promesse de Dieu, s’appuie sur la parole de Dieu, au lieu de s’en tenir aux calculs humains.

  Sa grandeur réside dans cette foi totale, indéfectible, absolue, qui est un don gratuit de Dieu. Cette foi est active, ferme et elle le rend juste (v. 22). Cela signifie qu’elle l’établit du côté de la vie, par opposition à l’univers du péché et de la mort (vv. 24-25). Tout comme pour le publicain rendu à la vie par l’appel de Jésus et la réponse donnée, un avenir est ouvert désormais dans le temps présent, ce temps de l’espérance agissante. Cet avenir concerne aussi l’univers et tous les humains de la planète.

Pour en savoir plus...

Les publicains
  Comment sont-ils évoqués chez Matthieu? L’évangéliste associe ce groupe religieux aux païens (18, 17) et aux pécheurs qui en prennent à leur aise avec les prescriptions de la Loi : Le Fils de l’homme est venu, qui mange et boit, et on dit : Voilà un homme glouton et ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs! (11, 19).

Le culte et les sacrifices
  Si Dieu désire l’amour plutôt que les sacrifices (Osée 6, 6), si Jésus affirme : C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices (v. 13), cela ne signifie pas qu’il faille choisir l’un ou l’autre. Il n’oppose pas les deux termes. Il indique que l’intérieur est plus important que l’extérieur.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2147. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La volonté de Dieu