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11e dimanche ordinaire A - 15 juin 2008

 

 

Don de Dieu feray valoir

Jésus et les foules sans berger : Matthieu 9, 36 - 10, 8 S
Autres lectures : Exode 19, 2-6a ; Psaume 99(100); Romains 5, 6-11

On peut s'étonner du thème de ce dimanche. Il s'agit de la devise de la Ville de Québec. Ces mots d'une autre époque nous branchent sur l'événement religieux du jour : l'ouverture du Congrès eucharistique international. En 1910, Montréal sut organiser et accueillir cet événement grandiose. Quatre-vingt-dix-huit ans plus tard, c'est au tour de la Vieille Capitale de convoquer la nation sainte, le peuple de Dieu dispersé sous toutes les latitudes.

  Comme en écho de l'évangile de ce jour, les activités de la Cité eucharistique prouvent que le premier diocèse francophone de l'Amérique du Nord s'ouvre aujourd'hui aux témoins du monde entier. Ces hommes et ces femmes viennent de partout en cette année du quatrième centenaire de la fondation de Québec. D'abord pour célébrer fièrement la présence continue en Amérique de la langue et de la foi chrétienne venues de la mère-patrie. Mais aussi pour reconnaître l'apport des cultures d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. Et pour prendre acte avec émerveillement des dynamismes hispanophone et lusophone (de langue portugaise) qui font vibrer les Amériques.

  Nous lisons aujourd'hui les pages de la Bible proposées pour la messe du jour en communion avec les personnes qui ont voyagé de leur lointaine demeure jusqu'à Québec. Avec elles, nous accueillons le don de Dieu évoqué dans les textes bibliques de ce jour. À première lecture, ces pages de la Bible semblent diparates et peu pertinentes dans le cadre de la culture actuelle. En approfondissant un peu, nous constaterons que le Dieu de Moïse a le même projet pour nous que le Dieu de Jésus et de Paul. Dignitéet engagement sont au rende-vous

Le trésor de Dieu
Exode 19, 2-6a

  Une fois n'est pas coutume : nous portons d'abord attention à la première lecture. Il s'agit d'un texte très important. Il donne le ton au dimanche.  De plus, ce programme divin trouve écho dans tout le reste de la Bible, particulièrement dans le Nouveau Testament. 

  Dieu annonce le statut bonifié qu'il entrevoit pour son peuple fraîchement sauvé de l'esclavage des Égyptiens. Les termes royaume de prêtres et nation sainte ne nous émeuvent pas, car nous les avons tellement entendus !  Pourtant, ils amorcent une révolution. Désormais, le peuple libéré de l'esclavage d'Égypte a libre accès à Dieu (en cela, il est prêtre). Ce n'est plus un ramassis de gens en guenilles, mais bel et bien un immense groupe structuré (une nation en hébreu) qui sera visible parmi les autres peuples grâce à ses institutions stables. Tout cela devient possible parce que ce groupe humain menacé de génocide par Pharaon est pour Dieu comme un trésor (son domaine particulie). 

  Le choix de Dieu n'est pas une injustice face aux autres peuples, mais plutôt un message, un signe. Le peuple hébreu est comme un étendard levé au-dessus des nations pour leur rappeler que Dieu veut vivre au milieu de l'humanité, pas au-dessus d'elle pour l'écraser. Et cette présence centrale entend bien rendre l'humanité meilleure en l'accordant à la nature même de Dieu: sa sainteté. 

L'équipe rapprochée
Matthieu 9, 36 - 10, 8

  Jésus contribue à la réalisation du programme proposé dans le livre de l'Exode. De même nature que le Père, Jésus rend accessible la sainteté même de Dieu à toutes les personnes qui accueilleront le don de sa présence et de son pain. On comprend alors son grand désir d'aller vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Il ne faut pas que soit dispersé ou abandonné le plus beau trésor de Dieu.

  Au désert Dieu a mis en évidence un peuple parmi tant d'autres.  De même Jésus partage son projet avec quelques personnes. Cela n'enlève rien aux gens qui ne font pas partie de ce cercle restreint. Au contraire, cela leur permettra d'être rejoints par des interventions d'une portée comparable à celles offertes par Jésus lui-même.

  Dans notre société, nous reconnaissons volontiers l'efficacité des coalitions. Ces regroupements temporaires de personnes visent la réussite commune de buts limités dans le temps. Dans l'évangile, Jésus propose au groupe choisi d'aller plus loin dans l'engagement. La faction apostolique qu'il suscite lui sera loyale et reproduira son action en la multipliant. 

  Dans la continuité du message de Jean Baptiste (le Royaume des cieux est tout proche), Jésus munit ses fidèles apôtres de pouvoirs semblables aux siens. Ils pourront guérir et chasser les démons. Excellente carte de visite à cette époque, où les messagers de Dieu exerçaient couramment de telles libérations !  Les apôtres n'ont aucun mérite qui justifie le don de Dieu à leur égard. Ils sont inclus dans une dynamique de gratuité. Il s'agit de transmettre gratuitement ce qui a été donné gratuitement. Logique féconde et constructive !

  Replaçons cette consigne dans le contexte de l'époque. En culture méditerranéenne, il n'y a jamais rien de gratuit.  Chaque cadeau arrive avec un fil attaché. Jésus prend ici le contrepied de la sagesse populaire. La grandeur du don de Dieu est telle que rien ne peut l'acheter.

  Ces observations sur l'évangile questionnent notre manière de vivre l'attachement à Jésus. Voulons-nous vivre une adhésion semblable à celle des apôtres ? Nous préférons probablement garder une distance prudente qui facilite la fuite en cas de tension. Nous prétendons rénover l'Église en constituant des petits groupes de toute nature. Gardons présent à l'esprit ce trait exigeant de l'action de Jésus. Il donne une pleine participation à ses pouvoirs. Sommes-nous prêts à accueillir ce don splendide ? Voulons-nous vraiment articuler notre mode de vie autour de sa personne et de son message ?  Dans une société de consommation, ces questions doivent être posées, pour éviter l'illusion d'un engagement qui ne soit que l'affaire d'un instant...

  En attendant de pouvoir (ou vouloir) nous engager avec la même intensité que les Douze, entraînons-nous à enraciner nos interventions dans l'activité même de Jésus. Nous ne sommes pas laissés à notre seule initiative.  Nous ne sommes pas des entrepreneurs du spirituel. Si nous partageons sa compassion pour les foules abandonnées, nous comprendrons vite que le nombre importe peu. Quelques engagés vaillants sauront bien trouver les moyens de sauver la récolte.

Les étrangers réconciliés
Romains 5, 6-11

  Dans sa mort, le Christ a porté les conséquences de notre péché. Il nous a ainsi réconciliés avec Dieu. Nous ne sommes plus étrangers, mais ajustés à sa sainteté. Nous n'étions capables de rien, sans mérite et pécheurs. Nous sommes maintenant entrés dans une nouvelle relation avec Dieu. 

  Par le sang de Jésus, nous sommes des justes. Au sens propre: des ajustés à la sainteté de Dieu. Étonnant ce que le don du sang de Jésus a su accomplir! Quand nous accueillons le don de Dieu dans le pain et le vin consacrés, nous vivons dans notre corps ce processus de transformation qui mène à terme le beau programme de Dieu. 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2148. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La bonté et la fidélité de Dieu : une merveille !