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Ascension du Seigneur B - 24 mai 2009

 

 

Quand Dieu choisit de faire confiance

Les apparitions de Jésus ressuscité : Marc 16, 15-20
Autres lectures : Actes 1, 1-11 ; Psaume 46(47) ; Éphésiens 4,1-13

    

Nous célébrons le jour où Jésus ressuscité fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit Saint, donné ses instructions aux apôtres qu’il avait choisis (Ac 1,2). La liturgie nous propose cette année la finale longue de l’Évangile de Marc. Comme cette partie du deuxième évangile ne se retrouve pas dans tous les manuscrits et qu’elle est « rédigée dans un vocabulaire et dans un style fort différent du reste de l’évangile » (TOB, note o), il se peut fort bien qu’elle ne soit pas de la main de Marc. Cependant, elle « fait [bel et bien] partie des Écritures inspirées ; elle est tenue pour canonique » (BJ 1998, note c). « Cette finale [en effet] est une sorte de sommaire des récits d’apparitions mentionnés par les autres évangiles auquel sont jointes des allusions à des événements rapportés dans le livre des Actes » (TOB, note o). Elle convient donc très bien pour faire mémoire de l’Ascension du Seigneur.

Relancer la mission reçue du Père

     Avant de nous raconter l’ascension du Seigneur Jésus vers son Père, cet évangile nous rappelle les dernières paroles du Ressuscité à ses onze apôtres. Quand on rencontre quelqu’un pour la dernière fois, on ne parle pas seulement de la pluie et du beau temps. On se concentre sur l’essentiel. Or, l’essentiel pour Jésus est la poursuite de sa mission dans la fidélité à la volonté de son Père. Comme le rappelait Pierre au jour de Pâques : Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui (Actes 10,37-38). Mais la mission de Jésus s’était limitée à une toute petite partie du monde. Elle ne pouvait s’arrêter là. La volonté de Dieu est que la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu (Marc 1,1) poursuive sa course. Sa mission, Jésus ressuscité la continuera à travers ses disciples : Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création (Mc 16,15).

Une mission qui se continue aujourd’hui

     Près de deux mille ans plus tard, cette mission n’est pas encore complétée. Bien sûr, les onze apôtres ont obéi à Jésus : Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle (16, 20). D’une certaine manière, on peut dire que l’Évangile a déjà été proclamé dans le monde entier. Pourtant, combien d’hommes et de femmes n’ont jamais eu la chance d’être exposé à la Bonne Nouvelle ? Et pas seulement en « pays de mission », mais chez nous aussi. La mission confiée par Jésus aux apôtres ne sera jamais terminée. La manière de parler de Jésus le montre bien. Oui, il faut aller dans le monde entier (Mc 16, 15). Mais il faut aussi proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création (Mc 16,15) ! Tant que le Royaume de Dieu ne sera pas pleinement accompli parmi nous, tant que le Christ ne reviendra pas à la fin des temps, il y aura des gens assoiffés d’entendre sa parole, il y aura des missionnaires semant la Bonne Nouvelle à tous vents. La mission du Christ, celle qu’il confie à ses disciples au jour de l’Ascension, ne sera complétée que lorsque le Christ remettra tout entre les mains de son Père et de notre Père.

     La mission confiée par le Christ ressuscité aux Onze est en fait la responsabilité de toute l’Église à toutes les époques. Le texte de Marc l’indique bien. Jésus poursuit son discours en parlant de cinq signes qui accompagneront les missionnaires. Or, au dire de Jésus, ces signes n’accompagneront pas les onze apôtres, mais bien « ceux qui deviendront croyants ». N’est-ce pas une belle façon de dire que chaque croyant, chaque croyante est investi de cette mission ?

Une question de vie ou de mort

     Oui, la mission du Christ se continue à travers le témoignage de tous ceux et celles qui croient et qui sont baptisés en son nom. Comme c’est une mission à long terme, il serait tentant de se dire qu’il n’y a pas de presse. Nous avons l’éternité pour y parvenir. Pourtant il y a urgence, puisque l’enjeu est de taille. Il en va de la vie et de la mort de ceux et celles à qui nous avons la charge d’annoncer l’Évangile : Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné (16,16). Il n’y a pas de temps à perdre. Nous ne pouvons nous permettre de perdre aucun, aucune de ceux et celles que le Christ nous a confiés. Mais, en face de l’urgence et de l’importance de cette mission, nous risquons de nous trouver fort démunis. Qui sommes-nous pour annoncer l’Évangile ? Malgré tous nos efforts de conversion, notre vie n’est pas toujours à la hauteur de la Bonne Nouvelle. Comment, dans ces conditions, pouvons-nous être des témoins crédibles ?

Le témoignage de notre communion

     Saint Paul, dans la deuxième lecture (Éphésiens 4, 1-13), nous propose deux chemins pour rendre notre témoignage digne de foi. Il écrit aux Éphésiens : Je vous encourage à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix (Ép 4,1-3). Le premier chemin est celui de notre communion fraternelle, miroir de notre communion avec Dieu. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres (Jean 13,35).

     Le second chemin de témoignage est celui des dons de l’Esprit. Chacun d’entre nous a reçu le don de la grâce comme le Christ nous l’a partagée (Ép 4,7). Par le Christ ressuscité, dans l’harmonie et la cohésion, tout le corps [qui est l’Église] poursuit sa croissance […] selon l’activité qui est à la mesure de chaque membre. Ainsi le corps se construit dans l’amour (Ép 4,16). Notre témoignage sera authentique dans la mesure où nous ne témoignons pas de nous-mêmes mais bien du Christ qui habite en nous. Voilà pourquoi Jésus parle des signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants (Mc 16,17).

Se montrer digne de la confiance de Dieu

     Célébrer l’Ascension du Seigneur signifie donc bien plus que contempler le Seigneur Jésus [… qui] fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu (16,19). Le fait que Jésus soit retourné vers son Père témoigne de la confiance que le Père, le Fils et l’Esprit ont en nous. Ils comptent sur nous pour mener à bien la mission du Christ. Le fait que Jésus soit dorénavant assis à la droite du Père montre sa puissance et son autorité. Par son Esprit, il travaille toujours avec nous, il confirme la Parole de l’Évangile que nous annonçons à nos frères et sœurs.

     Prenons donc au sérieux l’avertissement que les deux hommes vêtus de blanc donnèrent aux apôtres au jour de l’Ascension : Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel (Ac 1,11). Car Dieu est le roi de la terre : que vos musiques l’annoncent ! (Psaume 46 (47),8).

 

Yvan Mathieu, SM

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2188. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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