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13e dimanche ordinaire B - 28 juin 2009

 

 

Avant tout la foi!

Guérison d'une hémorroïsse et résurrection de la fille de Jaïre : Marc 5, 21-43
Autres lectures : Sagesse 1, 13-15 ; 2, 23-24 ; Psaume 29(30) ; 2 Corinthiens 8, 7.9.13-15

 

La lecture de l’évangile d’aujourd’hui (Marc 5, 21-43) nous fait le récit de deux guérisons. Deux récits qui s’imbriquent l’un dans l’autre. L’auteur, Marc en l’occurrence, y voit sûrement un lien. Et ce lien entre la femme souffrant d’hémorragie et le père de la petite fille, c’est sans contredit, la foi. D’ailleurs, il nous suffit de remarquer l’insistance de Marc pour nous en convaincre : à la femme guérie de son flux de sang, Jésus déclare : Ta foi t’a sauvée (v. 34) et à Jaïre, le chef de la synagogue, il dit : Crois seulement (v. 36).

Bien plus qu’un chiffre!

     Voilà douze ans que la femme va de médecins en guérisseurs sans pour autant voir son opprobre disparaître. Et la fille de Jaïre voit sa vie se terminer à l’âge de douze ans, l’âge de la nubilité. Pour la femme autant que pour la petite fille, il est question de mort car dans cette culture ancienne, ne pouvoir donner la vie, ne pouvoir engendrer, pour une femme, c’est être considérée comme morte. Autre coïncidence révélatrice : la petite fille est née au moment où la femme a cessé de pouvoir donner la vie et sa mort survient au moment où il serait possible pour elle d’enfanter. Et le phénomène qui s’en dégage c’est que les deux renaissent par la foi. Et rappelons-le : une foi personnelle pour la première et une foi de procuration pour la seconde.

La guérison de la femme

     Les versets 25 à 34 relatant la guérison de cette femme anonyme sont un bijou de rédaction. Ils nous font pénétrer dans la pensée de l’infortunée : Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée (v. 28). Elle n’exige rien si ce n’est de s’approcher de Jésus. Et le texte ajoute : À l’instant elle ressent dans son corps qu’elle est guérie (v. 29). En plus d’être guérie dans son être corporel, elle est guérie dans son être de femme. Elle vient d’enlever de sa personne l’impureté légale qui la discriminait.

Le retour à la vie de la petite fille

     Il serait plus juste de parler ici d’un retour à la vie que d’une résurrection, car la miraculée devra un jour mourir à nouveau. Le vocabulaire employé est d’ailleurs significatif de l’événement : L’enfant n’est pas morte, elle dort (v. 39). Sa mort n’est donc pas définitive. Jésus va la faire se relever pour un temps. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’abord d’une réponse à l’imploration d’un père : Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains, demande-t-il à Jésus, pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive (v. 23). Jésus part donc suivi d’une foule nombreuse. Puis la nouvelle tombe comme un coup de tonnerre dans un ciel serein : la fillette a rendu l’âme.

Deux démarches de foi

     Ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal!  dira Jésus à la femme. Cette parole ne fait qu’authentifier ce qui est déjà accompli par sa personne même, grâce à la foi de cette pauvre malade.

     Crois seulement enjoindra Jésus à Jaïre. Et après cet impératif commence la sélection des personnes qui assisteront au miracle. Seuls des privilégiés seront témoins : Pierre, Jacques et Jean (v. 37), les mêmes qu’à la transfiguration. Rendu à la maison, s’ajoutent le père et la mère de l’enfant (v. 40).

Jésus redonne vie

     Jésus fait naître plus encore qu’il ne guérit. Cette nouvelle naissance s’effectue dans la foi en sa toute puissance qui lui vient du Père. C’est pourquoi on peut affirmer sans trop forcer les deux récits, que la femme et la petite fille ont le même âge : celui de la foi. Le vrai miracle donc, ce n’est pas tant la guérison ni le retour à la vie mais la Vie nouvelle et la paix retrouvée par la foi.

Le courage des croyants

     Croire en Jésus aujourd’hui ou en son temps, c’est toujours prendre un risque, celui d’être moqué ou rabroué. Et pour Jésus, susciter la foi en lui, c’est s’exposer au jugement des hommes. Celui de passer pour un imposteur. La fin tragique de sa vie viendra le prouver. Les deux personnages qui prennent toute la place dans ce récit ont dû eux aussi braver l’incrédulité et supporter les sarcasmes de l’entourage pour ainsi exposer leur souffrance et leur peine à Jésus. Jésus ne fait pas mention de la toute-puissance qui lui vient du Père pour guérir la femme et exaucer Jaïre. Il ne met pas non plus en évidence la force qui guérit et qui fait revenir à la vie. Il ne fait mention que de la foi qui doit animer les deux implorants.

Jésus, un être attentif aux misères humaines

     Ces deux scènes de la vie de Jésus de Nazareth nous le montrent disponible et compatissant à la misère des hommes et des femmes. La confiance le touche et le rejoint et en toute rigueur de termes, nous pouvons dire qu’il abandonne sa puissance divine au pouvoir de notre pauvre foi humaine et défaillante. Il ne s’en sert pas cependant comme le ferait un guérisseur, au gré de son bon plaisir. Sa toute-puissance est là, tout simplement, disponible pour les personnes qui le touchent et pour celles qui demandent même ce qui peut paraître impossible.

Notre foi fait la joie de Dieu

     La foi est un abandon amoureux, une confiance absolue de se sentir aimé. Tout est alors possible à celui qui croit. Mais comme nous le disions de Jésus, elle est force dans la faiblesse. L’acte de foi est loin d’être l’attitude de la personne humaine qui sait et qui peut. Elle est bien plus le fait de la personne qui cède, qui capitule, qui baisse les bras et qui rend les armes. La foi est grande en autant qu’elle rend conscient de sa petitesse et de sa pauvreté. C’est cette foi qui fait la joie de Dieu car elle lui permet d’agir en plénitude.

Nous sommes créés pour vivre

     Dieu n’a pas créé les choses et les êtres pour la mort mais pour la vie : Dieu a créé toutes choses pour qu’elles subsistent (Sagesse 1, 14). Le sens de l’existence humaine c’est la vie et non la mort. La femme victime de sa longue maladie symbolise le mal qui rend stérile toute vie humaine. La jeune fille morte dans la fleur de l’âge, symbolise pour sa part toute vie dont les projets sont inachevés. Une vie en somme privée elle aussi de fécondité. Ces deux situations nous sont données pour les dépasser. Elles nous apprennent que la vie de Dieu fait produire des fruits qui dépassent toute attente si l’arbre qui la porte est enraciné dans la foi.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2193. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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