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27e dimanche ordinaire B - 4 octobre 2009

 

 

Mariage et divorce

Mariage et divorce : Marc 10, 2-16
Autres lectures : Genèse 2, 18-24 ; Psaume 127(128) ; Hébreux 2, 9-11

 

La question du divorce est aujourd’hui le problème le plus sérieux et le plus compliqué qui se présente à la communauté chrétienne. Le problème comprend plusieurs aspects : humain, psychologique, théologique et biblique. La situation devient d’autant plus délicate que le divorce est admis dans toutes les législations civiles. Le concile Vatican II parle de la rupture du mariage comme d’une épidémie de notre temps (Gaudium et Spes no 47).

     L’histoire de la culture et l’anthropologie constatent que tous les peuples de la terre reconnaissent aujourd’hui, comme type et idéal, le mariage monogame comme il est illustré dans le récit de l’union d’Adam et Ève (Gn 2, 18-24). Ainsi est-il ratifié par les parlements de tradition occidentale, et si quelque part le mariage monogame n’était pas encore précisé dans ce sens, cesserait l’exception qui confirme la règle.

     La psychologie de l’amour humain appuie fortement la même thèse : la personne qui aime vraiment exclut pour toujours de sa vie toute forme de trahison ou de participation d’une tierce partie à cet amour. Toute forme d’amour libre ou toute forme d’aventure extra-conjugale apparaît dans ce sens comme un signe d’immaturité sexuelle. Selon la psychologie expérimentale, c’est un balbutiement amoureux, un outrage à l’amour, une réalité fugace et infantile.

Le mariage dans la Bible

     Dans l’Ancien Testament, en dépit de la permission de divorcer donnée par Moïse à cause de la dureté de votre cœur (Marc 10, 5) et malgré les coutumes brutales d’alors, on note un bon nombre de personnes engagées dans des couples considérés comme des modèles parmi les juifs : Job, Tobie, Ruth… Et encore surtout, le chant du mariage idéal et heureux, le Cantique des cantiques qui, selon le mot de Xavier Léon-Dufour, célèbre l’amour de deux époux libres dans un dialogue passionné, se soustrait à la pression du milieu ambiant.

     Dans le Nouveau Testament, l’indissolubilité du mariage reçoit un appui de taille. Le Christ est catégorique : Au commencement, il n’en était pas ainsi…, ils seront deux en une seule chair…, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas…, quiconque abandonne sa femme et en épouse une autre, commet un adultère (Marc 10, 2-12 : Matthieu 19, 3-9). De même en saint Paul : Que la femme ne soit pas séparée de son mari – au cas où elle en aurait été séparée, qu’elle ne se remarie pas ou qu’elle se réconcilie avec son mari – et que le mari ne répudie pas sa femme (1 Corinthiens 7, 10-11).

L’interprétation des paroles du Christ

     L’Église catholique a toujours interprété les paroles du Christ sur le mariage et le divorce avec une certaine rigueur; elle maintient l’indissolubilité du mariage, malgré les vexations, les contradictions, les menaces et les problèmes personnels qui proviennent de sa fermeté.

     Remarquons les exceptions. L’Église s’appuie sur l’autorité des apôtres et en particulier celle de saint Paul, pour accorder la dissolution du mariage dans le cas d’un couple où l’un des conjoints devient chrétien : la tension conflictuelle entre la partie chrétienne et celle qui ne l’est pas a abouti à une obstruction au développement de la foi et justifie l’abrogation du mariage (canon 1143). L’Écriture sainte est à la base de cette discipline selon la règle établie par l’apôtre Paul: Si la partie non croyante veut se séparer, qu’elle se sépare; en pareil cas, le frère ou la sœur ne sont pas liés : Dieu vous a appelés à vivre en paix (1 Corinthiens 7, 15). La jurisprudence a approfondi différents concepts qui font partie de ce qu’on appelle le privilège de la foi, ou privilège paulin (= de saint Paul).

     De ce premier principe qui explicite le pouvoir de l’Église sur les liens du mariage, on en déduit d’autres règles. L’Église depuis plusieurs siècles exerce le droit de dissoudre le mariage où l’échange des consentements n’a pas été suivi de relations sexuelles(canon 1142). 

     Historiquement, et dans l’ordre chronologique, l’Église joue de plus le rôle de juge pour discerner la validité d’un mariage (canon 1671). Ce sont les cas assez nombreux depuis le XXe siècle où un des partenaires du mariage (parfois les deux) n’a pas la liberté intérieure pour donner un consentement responsable. Une demande est faite pour obtenir de l’autorité compétente une déclaration de nullité. L’immaturité est le chef de nullité le plus fréquent pour conclure, à la suite d’un procès en bonne et due forme, qu’il n’y a jamais eu mariage.

Dans les autres communautés chrétiennes

      Des interprétations différentes existent parmi les chrétiens hors du catholicisme. On y comprend différemment les paroles du Christ et celles de l’apôtre Paul. Dans l’ambiance œcuménique qui est la nôtre, il convient d’avoir du respect pour les positions des orthodoxes et des protestants : c’est là la mentalité nouvelle du concile Vatican II pour qui l’Esprit du Christ se trouve aussi dans les autres Églises et communautés ecclésiales. Il faut rappeler que « nous avons même avec elles une sorte de véritable union dans l’Esprit Saint, qui agit également en elles avec son pouvoir de sanctification par ses dons et par ses grâces (Lumen gentium, no 15).

     La pratique orientale selon laquelle on permet le divorce au conjoint innocent qui a été abandonné, mérite d’être connue. D’autres formes d’union conjugale qui ne sont pas sacramentelles sont acceptées par des confessions chrétiennes après l’échec d’une première alliance matrimoniale. Ces pratiques proviennent d’une réflexion sur la miséricorde divine (Luc 15, 4-7; Jean 8, 2-11) qui doit se répercuter dans l’activité pastorale de l’Église. Il faut prendre garde à une attitude qui laisserait aux individus de déterminer leurs propres lois en méprisant l’autorité donnée par Dieu. Le dialogue œcuménique est à prendre au sérieux quand il s’établit entre les chefs légitimes, les exégètes et les théologiens. Aucune discipline communautaire ne dispense le couple de l’esprit de sacrifice obtenu dans la prière (Gaudium et Spes, no 49).

Pour l’accompagnement des coupes

     La communauté catholique exprime son plan d’action pour aider les couples mariés dans des orientations pastorales. Celles du code de droit canonique ont le langage un peu sec habituel, mais elles ont tout de même l’avantage de la concision et de la totalité. Du canon 1063, on peut retenir ceci : « Les pasteurs d’âmes sont tenus par l’obligation de veiller à ce que leur propre communauté d’Église fournisse aux fidèles son aide pour que l’état de mariage soit gardé dans l’esprit chrétien et progresse dans la perfection ». On énumère quelques types d’accompagnement : la prédication et la catéchèse adaptée aux mineurs, aux jeunes et aux adultes; la préparation personnelle; la célébration fructueuse de la liturgie du mariage; l’aide apportée aux époux afin que, gardant fidèlement et protégeant l’alliance conjugale, ils arrivent à mener en famille une vie de jour en jour plus sainte et mieux remplie.

     Toutes ces formes de soutien ont pour but de faire saisir que l’union conjugale est le signe sacramentel du mystère d’amour du Christ et de l’Église.

 

Pierre Bougie, PSS

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2198. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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