Sur les traces du Ressuscité
Le tombeau vide : Jean 20, 1-9
Autres lectures : Actes 10, 34a.37-43 ; Psaume 117(118) ; Colossiens 3, 1-4
Alors qu’il fait encore sombre en ce premier jour de la semaine, Marie-Madeleine se lève et se rend au tombeau pleurer son maître trépassé. Depuis le vendredi au coucher du soleil, environ trente-six heures se sont écoulées. Après avoir déposé le corps de Jésus au tombeau, il a fallu se tenir tranquille à la maison, car c’était le sabbat, jour de prière et de repos. Maintenant que la vie reprend son cours habituel, Marie-Madeleine peut aller se recueillir au tombeau et essayer de vivre son deuil. La malheureuse constate alors que le tombeau est ouvert et que le corps de Jésus n’y est plus.
Il faut avoir vécu la douloureuse expérience de perdre un être cher sans avoir retrouvé son corps pour comprendre le désarroi de Marie-Madeleine. Comment se faire à l’idée que l’autre n’est plus, si sa dépouille ne nous le confirme pas par sa froidure et son immobilisme? Comment laisser partir l’être aimé, si nous n’avons pas l’occasion de nous agripper à ses membres inanimés? Comment intérioriser sa présence dans nos vies, si nous n’expérimentons pas son absence, même devant son corps inerte?
Toute l’angoisse ressentie par Marie-Madeleine est palpable dans le rapport qu’elle fait des événements à Pierre et à l’autre disciple : On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis (Jean 20,2). Devant le tombeau vide, la première idée qui monte en tête à Marie-Madeleine est le vol du cadavre. Pendant la nuit, quelqu’un est venu enlever la dépouille de Jésus. Comment retracer maintenant les voleurs et reprendre le corps profané du Seigneur? Inconsolable, Marie-Madeleine confie cette mission aux deux disciples rencontrés.
Pierre et l’autre disciple sont bouleversés par la mauvaise nouvelle. Ils courent vers le tombeau de toutes leurs forces. L’autre disciple, plus vigoureux et plus rapide, arrive le premier et jette un coup d’œil de l’extérieur, mais n’ose pas entrer en premier. Une fois Pierre arrivé, celui-ci entre dans le tombeau et constate l’état des lieux.
Pour toute description de ce que les disciples ont vu, l’évangéliste nous dit que le linceul était resté là et que le linge qui avait recouvert la tête avait été roulé à part. Ce soin laisse les disciples perplexes. Quiconque a osé voler le cadavre s’est donné la peine de le délier, de ramasser les aromates, puis de laisser tout en ordre en apportant uniquement le corps inerte de Jésus.
Lorsque l’autre disciple entre et voit cet état de choses, l’évangéliste nous dit qu’il vit et il crut (Jean 20,8). Pour ce disciple, la disposition des linges et le soin pris étaient la trace palpable du passage de Dieu en personne. Au lieu du vol de cadavre, l’autre disciple conclut à la Résurrection de son maître, dont Dieu seul pouvait en disposer. Pour ce disciple, le tombeau ouvert et les linges laissés derrière sont le signe que la vie a vaincu la mort. Dans le cœur de ce disciple, la mauvaise nouvelle de la disparition du corps devient la bonne nouvelle que Christ est ressuscité.
La foi en la résurrection ne vient pas d’une preuve scientifique, irréfutable. Elle naît dans le cœur des personnes pour qui Dieu est plus fort que nos faiblesses et plus créatif que nos atrocités. Le récit du tombeau vide nous laisse libres de croire ou pas au mystère de la résurrection. Nous ne saurons jamais avec certitude ce qu’il est advenu du corps de Jésus. Son absence du tombeau en ce matin de Pâques est une question ouverte, à laquelle chaque génération doit répondre pour elle-même.
Le récit du tombeau vide nous décrit des traces laissées et les regards posés par des disciples sur ces traces. Marie-Madeleine est persuadée qu’on a volé le corps du Christ; l’autre disciple croit à la résurrection de son Seigneur; Pierre ne sait plus quoi penser… jusqu’à ce que les trois fassent la rencontre du Vivant dans leur vie. En effet, le récit du tombeau vide lance les disciples à la quête du Seigneur, qui semble perdu pour toujours. L’aveu de la perte est nécessaire pour que la quête commence. Une fois l’absence constatée et acceptée, le cœur des disciples est prêt à chercher Jésus Christ sur les routes du monde.
Nous ne savons pas où est passé Jésus de Nazareth. C’est pourquoi nous suivons ses traces, en espérant faire la mystérieuse rencontre qui changera nos vies pour toujours.
Là où il passait, il faisait le bien (Actes 10, 38)
Arrivé chez un centurion de l’armée romaine, Pierre livre un témoignage émouvant. Il rappelle à ses auditeurs que tout le pays des Juifs a été bouleversé par le passage d’un homme envoyé de Dieu. Cet homme guérissait toute maladie et faisait le bien partout où il allait. Selon Pierre, Jésus de Nazareth devait avoir été consacré par Dieu, car il était rempli de sa force, cet Esprit qui l’accompagnait en tout lieu. Injustement, cet homme faiseur de bien a été exécuté sur une croix romaine. Or, voici qu’il est apparu vivant à ses disciples, auxquels il a confié une mission sacrée : annoncer le jugement de Dieu et le pardon des péchés en son nom. Jésus est désormais le Juge du monde, en ce sens que c’est d’après sa vie que nos comportements sont jugés. Imiter Jésus est le chemin le plus sûr de plaire à Dieu. Jésus est aussi le porteur de la miséricorde divine. Ce que nous ne parvenons pas à accomplir en ce monde, malgré nos efforts et toute notre bonne volonté, le Christ ressuscité le mène à son accomplissement en Dieu. Nous trouvons grâce au ciel auprès de celui qui a parcouru nos routes terrestres.
Pierre imite son Seigneur en parcourant à son tour les chemins du monde et en répandant la bonne nouvelle. À notre tour, il nous faut prendre la route et aller vers les autres, sans quoi nous risquons de passer à côté du Christ Ressuscité sans même le remarquer.
Votre vie reste cachée avec lui en Dieu (Colossiens 3,3)
Saint Paul – et/ou son disciple – nous dévoilent que la vie que nous cherchons n’est pas seulement celle du Seigneur ressuscité, mais aussi bien la nôtre que nous désirons heureuse et près de Dieu. En cherchant Jésus à corps perdu, nous nous cherchons nous-mêmes. Notre vie véritable n’est pas celle que nous menons sur une base quotidienne. Nous sommes tellement plus que notre routine, nos luttes et nos espoirs! Ce que nous sommes appelés à devenir est un secret bien gardé par le Christ, en Dieu. En trouvant le Christ, nous nous trouverons nous-mêmes. En reconnaissant notre Seigneur, nous nous reconnaîtrons en Lui.
Source: Le Feuillet biblique, no 2182. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Malgré tout, soyons fiers de Jésus
|