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1er dimanche de l'Avent C - 29 novembre 2009

 

 

Dieu tient Parole. Sa lumière se lève.

La venue du Fils de l'homme : Luc 21, 25-28.34-36
Autres lectures : Jérémie 31, 14-16 ; Psaume 24(25); 1 Thessaloniciens 3, 12 - 4,2

 

Dans la vie de notre Église, ce dimanche est un jour important. En effet, le premier dimanche de l'Avent est la porte d'entrée du calendrier liturgique. À partir de maintenant, nos dimanches seront illuminés par l'Évangile selon saint Luc. Nous sommes en territoire ami. Luc est l'évangéliste des miséricordes. Comment oublier l'aventure de la brebis perdue, la rencontre de Zachée, la parabole du fils ingrat et du père miséricordieux?

     Mais aujourd'hui, une lecture en diagonale de l'évangile nous laisse mal à l'aise. L'univers est ébranlé et risque de s'effondrer. Où est la miséricorde dans cette vision?  En lisant avec soin, nous constatons que le chaos n'aura pas le dernier mot dans la vie des personnes croyantes.   Elles pourront paraître debout, c'est-à-dire en toute dignité, devant le Fils de l'homme. Cette perspective est réconfortante, vu les tensions actuelles de notre monde. L'évangile affirme qu'il y a toujours possibilité, pour qui fait le pari de rester en lien avec Dieu, d'être inclus dans une relation bienfaisante. Pour nourrir la certitude des croyants, l'année liturgique commence en décrivant l'aboutissement de toutes choses.

     Déjà, les premiers mots de la Bible proclamés aujourd'hui sont porteurs de nouveauté : « Voici venir des jours... ». Ce genre d'introduction laisse d'habitude prévoir des malheurs. Ici, c'est le contraire : on affirme que des temps meilleurs sont à portée de main. Autrement dit, l'année commence avec la fin, et c'est une fin heureuse! Croyons-nous aux heureuses annonces présentées en ce jour? Accorderons-nous foi à la Parole divine? Saurons-nous y trouver une lumière réconfortante? Au delà des sarcasmes et des dénigrements qui entachent la foi, la vivrons-nous comme une libération, une ouverture sur une relation approfondie et bienfaisante avec Dieu?

     Suivons maintenant le fil du Lectionnaire. Une brève visite guidée des textes bibliques fera surgir quelques lumières pour dynamiser nos vies!

Voici venir des jours
Jérémie 33, 14-16

     La première page de la Bible proclamée en ouverture de l'Avent pointe vers un horizon à court terme. Et ce futur proche n'est pas peuplé de chimères. Il est moment de certitude.  Les jours meilleurs ne sont pas seulement espérés; en réalité, ils viennent. Une attitude si positive, si affirmative élimine automatiquement du paysage les déclarations farfelues, les imaginations délirantes.

     L'expression forte du début du texte prophétique impose d'emblée une certitude constructive. La suite du texte décrit le contenu qui prendra place dans cette nouvelle plage de temps : En ces jours-là, en ce temps-là, en ces jours-là… Une parole de bonheur est adressée à l'ensemble du peuple de Dieu, malgré sa division en maison d'Israël et maison de Juda. Non seulement la région de Jérusalem (Juda) sera délivrée, mais Jérusalem habitera en sécurité. Le changement sera tel que même le nom du lieu en sera transformé! Donc, en dépit des frontières humaines, frontières politiques ou administratives, l'action divine peut bonifier toute situation ouverte à son heureuse transformation. Le prophète Jérémie s'extasie sur l'arrivée d'un personnage qui sera surnommé Germe de justice. Sa présence fera une différence : Il exercera dans le pays le droit et la justice. Cette perspective positive est sans doute à l'opposé de l'actualité de l'époque!

L'espérance éclaire tout
1 Thessaloniciens 3, 12 - 4, 2

     Au tournant des années 50, Paul commence à écrire aux communautés chrétiennes. Il intervient ainsi dans la formation à distance des groupes de croyants (20, 30, 100 personnes au gros maximum) qui surgissent sur son passage en Asie Mineure et en Europe. La première lettre transmise dans la collection du Nouveau Testament veut aider les nouveaux croyants à gérer un élément troublant de la foi : le retour dans la gloire du Ressuscité à la fin des temps. Ce retour, ces temps ultimes sont tout proches du quotidien selon les premiers chrétiens. Voilà pourquoi Paul parle autant du temps présent que des temps à venir.

     Dès aujourd'hui, les propositions de Paul visent les relations entre les membres de la petite communauté.  Ces relations d'amour s'intensifient, débordant du groupe vers l'ensemble des gens... Une telle dynamique est normale en milieu densément peuplé. La vie chrétienne a surgi dans les métropoles de l'Empire romain, comme Thessalonique, Corinthe, Rome. Peu étonnant que le grand rêve des premières générations de personnes croyant en la Résurrection de Jésus englobe l'espérance d'un fonctionnement harmonieux en société.

     Pour plus tard, les propositions de Paul concernent les relations entre les croyants et Dieu lui-même, au jour où le Seigneur reviendra avec les saints, ces personnes déjà touchées par la sainteté de Dieu. Les croyants actifs auront été, eux aussi, établis, installés, confortés dans un état aussi parfait que celui des collègues déjà entrés dans la lumière de Dieu.

     Ces propos renvoient les gens à l'accomplissement dans le présent de ce qu'ils viennent tout juste d'apprendre quant au proche avenir. Paul n'enseigne pas en fonction du seul long terme. Il offre une formation pratique applicable dès son annonce. La lumière promise illumine déjà le présent.

Promesse de dignité
Luc 21, 25-28. 34-36

     La vie chrétienne fait voir les événements de la vie à contre-courant des manières courantes. L'humanité peut mourir de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, les chrétiens pressentent autre chose.

     Pour les croyants, les grands signes cosmiques signalent une proximité de la rédemption, et non une destruction du cosmos.  Heureuses les personnes qui auront maintenu leur vigilance, car même leur corps vivra dans la dignité des « gens debout » la rencontre avec l'envoyé de Dieu! Cet évangile nous invite à questionner les priorités du temps présent. Tiennent-elles compte de l'espérance dynamique du désir de la rencontre définitive avec le Seigneur?

     En devenant allergique au vocabulaire biblique et aux pratiques de base du christianisme, notre culture s'intoxique dans son incapacité à trouver du beau et du grand dans la préfiguration des temps à venir. Nous sommes devenus insensibles à ce frémissement d'espérance qui soulevait les premiers chrétiens. Nous sommes piégés dans les terreurs du temps présent si nous nous privons des percées visuelles vers l'avenir dont bénéficiaient les premières générations chrétiennes. La lumière de la foi permet de voir plus loin que les limites du terrible quotidien. La vie de foi sert à changer pour le mieux le terrible quotidien des gens et de la société. Ce n'est pas une fuite au pays de l'idéal, mais un engagement délibéré dans le présent avec toutes ses contraintes et ses obscurités.

     En ce mois de préparation à Noël, il est très facile de sombrer dans les images mièvres et mielleuses.  Le réalisme doit imprégner notre discours pour générer des prises de position énergiques et des gestes qui font une réelle différence. Or, en communauté chrétienne, la détermination à réagir et à agir se vend mal. C'est étrange, ce malaise devant les visions claires et les opinions vigoureuses! Car un discours d'espérance ferme permet de dépasser les apparences d'échecs. Il affirme à temps et à contretemps que le meilleur est disponible.  Ce discours nous délivre de nos réflexes de gérants d'estrade, de gens qui savent tout mais ne font jamais rien parce qu'ils ne se donnent pas la peine de faire un effort concret d'organisation stratégique. Le discours biblique d'espérance et de nouveauté invite à bouger. L'important, c'est de laisser à la Parole d'espérance, surgie de la foi en Dieu, la chance de nous éclairer et de faire ainsi toutes choses nouvelles.

 


Alain Faucher, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2206. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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