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Célébrer la Parole

 

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32e dimanche ordinaire A - 6 novembre 2011

 

 

En état de veille

Les dix jeunes filles : Matthieu 25, 1-13
Autres lectures : Sagesse 6, 12-16; Psaume 62(63); 1 Thessaloniciens 4, 13-18

Le cinquième grand discours de Jésus concerne la fin des temps et l’avènement du Royaume (Mt 24,1 – 25, 46). À l’intérieur de celui-ci on trouve un sous ensemble qu’on pourrait appeler discours sur la vigilance (Mt 24, 42 – 25, 30). Il est ponctué par deux refrains; le premier est un appel à rester éveillé : Veillez car vous ne savez pas quel jour le Seigneur viendra (Mt 24, 42; cf. 25, 13); le second annonce l’exclusion de ceux qui ne seront pas prêts lors de sa venue : Là où sont les pleurs et les grincements de dents (Mt 24, 51; cf. 25, 30). Dans cet ensemble Jésus se présente sous des figures variées : le voleur qui vient durant la nuit (24, 43), le maître qui confie sa maison à un serviteur digne de confiance (24, 46-50), l’époux en retard à ses noces (25, 6), l’homme qui part en voyage (25, 14).

     Habituellement l’image nuptiale évoque l’Alliance. C’est le cas chez les prophètes (cf. Jr 3,1 –4,4; Éz 16; Os 1 –2) et sans doute aussi dans le Cantique des Cantiques. Jésus se présente lui-même comme l’époux en Mt 9, 15 (voir aussi : Jn 3, 29). Dans la parabole qui nous occupe, l’accent est mis ailleurs. L’épouse de ce mariage n’est jamais mentionnée (sinon dans une variante du v. 1 attestée par quelques manuscrits); les personnages principaux sont les jeunes filles invitées pour constituer le cortège de l’époux (v. 1). Le ressort dramatique de l’histoire réside dans le retard du fiancé (v. 5). Ce retard fait écho à celui du maître de maison en Mt 24, 48, dans la parabole du serviteur fiable. Il évoque l’inquiétude des fidèles devant le délai plus long que prévu avant la venue du Christ dans la Gloire (cf. Mt 26, 64; voir aussi la 1ère lecture, surtout v. 15). Les disciples doivent s’ajuster à une période d’attente sans découragement ni laisser-aller. L’attitude des deux groupes de jeunes filles illustre les réponses différentes des premiers chrétiens devant cette situation inattendue.

Cinq étaient insensées … cinq étaient prévoyantes (v. 2).

     L’opposition entre sage et insensé est traditionnelle; on la trouve un peu partout dans l’Ancien Testament. On peut, par exemple, évoquer le Psaume 1 ou encore le prophète Jérémie : Maudit l’homme qui se confie en l’homme, qui fait de la chair son appui et dont le cœur s’écarte de Yahvé … béni l’homme qui se confie en Yahvé et dont Yahvé est la foi (Jr 17, 5.7).

     On retrouve ces catégories dans l’Évangile de Matthieu en conclusion du Sermon sur la montagne; elles décrivent les manières différentes dont peut être reçu l’enseignement de Jésus : Quiconque écoute ce que je viens de vous dire et le met en pratique peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc… et quiconque entend ces paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique peut se comparer à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable (Mt 7, 24.26). Le critère qui démarque les sages et les insensés est celui de la mise en pratique de l’enseignement reçu. Les uns et les autres ont écouté la Parole mais chez certains le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent cette Parole qui demeure sans fruit (Mt 13, 22).

     On reconnait bien la préoccupation de Matthieu pour la mise en pratique de la foi : Ce n’est pas en me disant « Seigneur! Seigneur! » qu’on entrera dans le Royaume des cieux mais en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Mt 7, 21). Les jeunes filles arrivées trop tard à la salle des noces crient elles aussi : Seigneur, Seigneur ouvre-nous (v. 11). Jésus leur répond, comme à ceux qui se vantaient de l’avoir accompagné (Mt 7, 22-23) : En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas (v. 12).

Veillez donc (v. 13)

     La consigne de vigilance ne s’applique pas à la lettre dans le contexte de cette parabole puisque même les jeunes filles sages se sont endormies (v. 5) et qu’elles ne reçoivent aucun blâme. La veille dont il s’agit consiste à préparer activement la venue du Seigneur en mettant sa Parole en pratique chaque jour. Ceux qui l’auront fait pourront sortir à la rencontre de l’époux, quel que soit le moment de sa venue. Ceux, au contraire, qui auront entendu la Parole sans la mettre en pratique ressembleront aux contemporains de Noé : En ces jours qui précédèrent le déluge on mangeait, on buvait, on prenait femme et mari jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche (Mt 24, 38). En somme, ces gens ne faisaient rien de particulièrement répréhensible mais ils avaient oublié Dieu et sa Parole; ils ne vivaient que pour eux-mêmes. Telles sont aussi ces jeunes filles insensées qui n’ont rien préparé en vue du Jour de la venue glorieuse du Fils de l’homme.

     Par ailleurs le fait que toutes les jeunes filles s’endorment, les sages comme les insensées, pourrait être une forme de rappel à l’ordre à l’adresse de ceux qui attendaient la venue du Royaume avec une frénésie telle qu’elle les empêchait de continuer à mener une vie normale. Discrètement, Matthieu rappelle que, lorsqu’on fait jour après jour la volonté de Dieu, il n’est pas nécessaire de se livrer à des excès ostentatoires.

Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance (1 Thessaloniciens 4, 13)

     Il faut distinguer ce qui relève du message de foi et d’espérance de ce qui concerne le scénario de la fin des temps.

     Au début des années 50 – donc une vingtaine d’années après la mort et la résurrection de Jésus – Paul, comme ses contemporains, attend pour bientôt la venue du Christ dans la gloire. Il espère être toujours vivant pour y participer (cf. vv. 15.17). Il imagine cette venue comme une parousie (cf. v. 15), c’est–à-dire comme l’arrivée d’un grand personnage en visite officielle dans une ville de son royaume. Il est annoncé par une sonnerie de trompette (v. 16; cf. Mt 24, 31; 1 Co 15, 52) et ses sujets se portent à sa rencontre pour l’accueillir (cf. v. 17). Cette mise en scène reprend des images familières dans le judaïsme quoique avec beaucoup plus de sobriété que dans les écrits apocalyptiques (voir, par exemple, certaines descriptions du livre de Daniel).

     Mais le plus important est la conviction de Paul concernant la résurrection et le salut. Les chrétiens doivent être différents des autres ceux qui n’ont pas d’espérance (v. 14). C’est là leur marque distinctive : ils croient que depuis la mort de Jésus et sa résurrection la mort n’est pas un obstacle infranchissable : Dieu, à cause de Jésus, amènera avec lui ceux qui se sont endormis (v. 14). Cette conviction ne répond pas à toutes les questions qu’on pourrait se poser sur la vie dans l’au-delà. Sur ce sujet Paul, pas plus que Jésus, n’a satisfait toutes les curiosités. Le plus important est le fait que nous serons pour toujours avec le Seigneur (v. 17). Tel est le sens de l’espérance chrétienne.

La Sagesse est resplendissante (Sagesse 6, 12)

               La Sagesse, avec un S majuscule est plus qu’une qualité. Elle appartient au monde de Dieu et elle se présente presque comme une personne. Elle est accessible à tous ceux qui la cherchent (v. 12). Le fait de la chercher est déjà une manifestation de sa présence : Elle devance leurs désirs en se montrant à eux la première (v. 13). L’acquérir fait entrer en communion avec Dieu qui est le Sage par excellence et la source de toute Sagesse.

 

Jérôme Longtin, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2289. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Un appel à la cohérence