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33e dimanche ordinaire A - 13 novembre 2011

 

 

La vie et le bonheur au centuple

La parabole des talents : Matthieu 25, 14-30
Autres lectures : Proverbes 31,10-13.19-20.30-31; Psaume 127(128); 1 Thessaloniciens 5, 1-6

La parole de Jésus présentée à notre écoute, sous la forme d’une parabole,  en ce 33e dimanche ordinaire, peut nous heurter. La rudesse de certains versets nous scandalise et nous nous laissons fasciner, sinon obnubiler par l’attitude du troisième serviteur, jugé, nous semble-t-il, durement. Et si nous regardions davantage les deux premiers serviteurs, sans nul doute, serions-nous admiratifs, étonnés et ragaillardis. Par la confiance que le maître offre à ses serviteurs qui, en retour, accueillent cette  confiance et produisent des fruits. Pour tous les pasteurs et fidèles croyants, l’ultime talent réside dans le bonheur que Dieu donne à qui le cherche et qui s’engage en toute fidélité au service du Royaume.

Une parabole: d’hier à aujourd’hui

     Dans un moment de crise, au cours de son ministère, lorsque Jésus parle à ses disciples, le troisième serviteur avait probablement les traits des scribes et des chefs religieux de l’époque; la parabole s'adressait aux chefs religieux et aux pharisiens. Par contre, après la mort du Christ Jésus, les membres de la première communauté chrétienne attendirent avec ferveur, et de leur vivant, une venue grandiose du Seigneur : les premières lettres de Paul en font écho (1 Thessaloniciens 4, 13-18). Par ailleurs, chez Matthieu, nous sommes au cœur de la vie des communautés chrétiennes de la deuxième génération, et la parabole apocalyptique dévoile toujours l’attente du jour du Ressuscité. Dans nos paroisses, aujourd’hui, chaque pasteur et tous les membres de la communauté sont appelés à vivre pleinement leur foi au cours des rassemblements eucharistiques et au cœur du quotidien de la vie chrétienne, dans des actes concrets de partage et de fraternité.  Et de générations en générations croyantes, c’est ainsi que l'attente se poursuit.

Les deux premiers serviteurs

     Le maître part pour un long voyage et confie des biens substantiels à ses serviteurs, sans semble-t-il, donner de consignes. Il connaît leurs capacités pour gérer et faire fructifier des sommes précieuses et imposantes. Ces serviteurs attendraient évidemment le retour du maître, que le temps de l’absence soit court ou se prolonge; ils savaient qu’ils auraient des comptes à rendre, le bien confié ne leur appartenant pas.  Et, sur le  champ, ils se consacrent à un travail productif et fécond.

     Qu’ont-ils de singulier ces deux serviteurs? Ils font confiance au maître, apparaissent en connivence avec lui, semble être avec lui dans une communion harmonieuse de pensée et de cœur. Comment en serait-il autrement quand la confiance est reçue et partagée?

     Ils ont aussi le sens de la responsabilité et une capacité de vigilance active. La nature d’un talent matériel ou spirituel s’épanouit en produisant des fruits. Aussi, l’abondance de ceux-ci, au retour du périple du maître, provoque sa satisfaction et sa louange: Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup: entre dans la joie de ton maître (v. 23). Imaginons l’allégresse de ces deux serviteurs... Heureux le cœur de ceux et celles qui risquent tout pour répondre à la confiance du Seigneur!

Le faux visage donné au maître

     Dans ce texte symbolique, deux perceptions de Dieu s’opposent. Le troisième serviteur s’attarde à la dureté du maître, contrairement aux deux autres. Ce serviteur faible et peureux, voire paresseux, se méfie; il vit dans la défiance, ce qui déclenche sa somnolence et son absence de risque et d‘invention. Il avance une autojustification en affirmant  que le maître moissonne où il n‘a pas semé, ramasse le grain, là où il ne l‘a pas répandu (v. 24). Qu’est-ce qui brouille son regard au point où il accuse son maître d‘injustice? La jalousie à l’égard de ses compagnons qui ont reçu cinq et deux talents? Se serait-il comparé à eux et cru défavorisé? Aurait-il déduit alors que ce qu‘il recevait ne valait rien? Il est clair que ses pensées ne sont pas celles de ses deux compagnons.

     Qui a insinué en lui cette pensée mensongère de dureté qui s’éloigne de la réalité concrète du fait raconté? Qu’est-ce qui l’a conduit à une attitude aussi contradictoire: d’avoir une vision fausse du comportement de son maître (v. 24) et d’aller sur le champ enfouir son talent? Quelqu’un d’autre, dans sa situation, aurait  travaillé plus fort, compte tenu de l‘exigence allouée au maître.  Définitivement, quelque chose de mauvais est à l’œuvre en son for intérieur, puisqu’il ne sait découvrir ni pressentir l‘attitude de bienveillance compréhensive de celui qui confie les talents.

Joie et paix aux assoiffés de vérité

     À l’écoute aujourd’hui de la Bonne Nouvelle, nous savons que le maître fait référence à Dieu (v. 24), essentiellement bonté et tendresse pour sa création et ses créatures.
 
     Toute personne croyante apprend progressivement à reconnaître la fragilité de son cœur et de ses pensées, de quelle façon elle peut glisser vers le mensonge. La grâce vient redresser les fausses représentations et cette personne accède à Celui qui comble de faveurs toutes et tous. Elle passe du bien donné à la présence du donateur. Comment peut-elle recevoir un don sans se rendre présente à Celui qui donne? En ce moment de vérité, la conscience vient de faire un immense bond et sera jugée sur sa confiance et son amour.

     Pour les disciples et les membres des premières communautés chrétiennes, et pour les communautés d’aujourd’hui, le bien absolu réside dans la personne du Christ Jésus lui-même. Le bonheur en plénitude se situe au cœur de nos vies, aux jours heureux comme aux jours de ténèbres; dans des situations de conflits et de crises, ainsi que dans les événements exaltants; dans nos avancées spirituelles, à tâtons ou en pleine lucidité. En ne perdant jamais de vue la communauté et l’univers dans sa totalité.

La crainte du Seigneur est un sentiment, une attitude que l'on confond souvent avec la peur. Le troisième serviteur est un exemple de quelqu’un transi de terreur. En fait, la crainte du Seigneur est une grâce que l’Esprit de Jésus donne. Elle illumine le cœur, rend attentif aux appels et les discerne; elle se déploie en respect, en une capacité de saisir la beauté du mystère, et, chez les mystiques, en une attitude d’adoration.

Les mots récompense et châtiment (vv. 29-30). Les serviteurs vaillants ont su rendre compte du bien confié; le peureux nonchalant qui n’a pas fait d’efforts se foute de la croissance  du talent, lequel n’a rien produit. Cette présentation tout en contraste permet de voir jusqu’où va la responsabilité et la vigilance du serviteur fidèle et montre la valeur d’éternité du comportement des responsables de l’Église et des fidèles croyants.

 

Julienne Côté, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2290. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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