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1er dimanche de l'Avent B - 27 novembre 2011

 

 

Veillez!

Exhortation à la vigilance : Marc 13, 33-37
Autres lectures : Isaïe 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7; Psaume 79(80); 1 Corinthiens 1, 3-9

Jésus, durant son existence terrestre, a pensé au futur de ses disciples. Il leur a donc transmis un enseignement à ce sujet et la parabole proclamée durant cette célébration dominicale en est un élément fondamental. Le Seigneur y présente un maître de maison qui s'absente sans préciser le moment de son retour et qui confie sa demeure aux gens qui le servent. Toute une riche symbolique habite ce récit. Il serait donc intéressant d'approfondir le sens de ces images.

Un chef

     Cette parabole met en scène un maître et ses serviteurs. Le maître qui s'absente représente le Christ qui va quitter la terre pour retourner dans le Royaume éternel après sa mort et sa résurrection. Et les serviteurs du Maître sont les disciples qui, au fil des siècles, auront suivi le Christ. L'allégorie utilisée par le Christ contient une notion d'autorité.  Le baptisé attentif aux propos du Sauveur remarquera ici un élément constitutif de l'Église. Elle n'est pas une organisation basée sur le consensus humain. Elle a un fondateur, un chef, le Christ. Et le Sauveur a des serviteurs qui accomplissent sa volonté. Cette notion peut choquer les enfants de Dieu profondément imprégnés par la mentalité actuelle qui affirme que l'être humain doit être totalement libre, délivré de toutes les contraintes extérieures dans la conduite de sa vie. Dieu serait, selon certains, une telle contrainte. Il faut cependant se rappeler que le Christ considère ses serviteurs comme des amis. Le Christ est un patron qui ne veut pas travailler avec des esclaves mais avec des collaborateurs. Toutes les personnes sont libres d'accepter ou de refuser l'appel du Maître.

Un retour

     Une donnée essentielle de la foi chrétienne est suggérée dans cette parabole : le Christ, après son retour dans le Royaume, va revenir sur la terre. Toute l'espérance chrétienne est centrée sur cette conviction. Enthousiastes, plusieurs membres de diverses familles chrétiennes ont tenté de prédire la date de ce retour glorieux du Maître. Ces personnes ont relu la Bible en cherchant de supposés indices contenus dans diverses apocalypses, des histoires de fin du monde, contenues dans les deux Testaments. Jésus déclare dans cette parabole qu’une telle recherche fait fausse route. Le moment du retour du Maître n'est pas déterminé dans la parabole. Il peut être le soir, à minuit, au chant du coq ou le matin. Les serviteurs ne le savent pas. Seul le Maître, Dieu, connaît les coordonnées précises de cet instant. Jésus conseille donc à ses serviteurs de veiller plutôt que d'anticiper un moment précis. Plusieurs amis du Seigneur auraient intérêt à relire cette parabole et à la méditer. Ils éviteraient ainsi de se casser la tête inutilement.

L'éveil

      Dans les propos sur la vigilance, on oublie fréquemment un élément : le réveil. En effet, l'éveil, l'attention au réel, est souvent évoqué. Mais, avant d'être éveillé, il faut quitter le sommeil. Et ce réveil, dans la foi chrétienne, a son origine dans un contact avec le mystère du Christ. Une personne quitte son sommeil spirituel quand elle prend conscience de l'amour du Père pour elle. En effet, le Créateur éternel a envoyé son propre Fils pour rétablir l'alliance rompue entre la Trinité et l'humanité. Émerveillé, l'être humain a un profond mouvement de louange dans sa conscience. Il s'aperçoit que, parfois méprisé par son entourage, il garde une valeur inestimable dans la vision divine.

La veille

     Après ce réveil qui peut parfois être soudain, comme Paul sur le chemin de Damas, il y a la veille. Jésus, dans la parabole, indique le contenu de cette veille : faire le travail fixé par le Maître. Il faut donc chercher dans l'Évangile la nature de ce travail. Jésus résume dans le commandement le plus parfait ce qu'il attend de ses serviteurs : aimer Dieu et aimer son prochain. Le premier volet de cette directive s'exprime particulièrement dans la prière. Cet acte rejoint les propos d'Isaïe lorsqu'il parle de se souvenir de Yahvé. Les baptisés qui prient manifestent qu’ils ont chaque fois à leur esprit la présence de Dieu sur terre. Ils expriment par la prière privée ou publique qu'il y a une réalité invisible qui côtoie notre existence matérielle. L'amour du prochain rejoint ce que le prophète, dans la première lecture, appelle la pratique de la justice. Le monde terrestre est bien administré par les serviteurs du Maître lorsque tous les êtres humains sont heureux. Et ce bonheur se traduit concrètement par la satisfaction adéquate des besoins humains: besoins physiques, psychologiques et spirituels. Isaïe ajoute une note dans la pratique de la justice. Elle doit se faire dans la joie. Paul fournit une motivation qui provoque un sentiment d'allégresse chez les baptisés. Il affirme que le Seigneur devient présent dans le cœur humain lorsqu'une personne aime son prochain en actes et en paroles. L'enfant de Dieu est donc joyeux, car il sait que le Seigneur, même si sa présence n'est pas complète, est déjà là dans son cœur.

Une bonne vigilance

     Le Seigneur ne mentionne pas explicitement les qualités de cette vigilance. Il est quand même aisé de deviner qu'elle doit être constante. Le Seigneur déclare dans le récit que son retour peut se faire dans les moments les plus inopportuns, sans avertissement, à l'improviste.  De plus cette vigilance constante doit se faire dans la fidélité. Il ne faut jamais oublier que le Seigneur est un Maître dans cette parabole. Il faut donc suivre ses instructions. L'Église a donc le devoir de toujours mieux approfondir la Parole pour y découvrir l'exacte volonté du Sauveur. De précieux instruments utiles à l’exégèse des textes bibliques ont surgi au fil des derniers siècles. La constitution de diverses sciences comme l'archéologie, l'histoire, la psychologie, la sociologie ont permis de mieux cerner les intentions du Christ et le contenu de son message. La Tradition avait conservé la Bonne Nouvelle mais l'éclairage de la science l'a rendue plus radieuse. Les contours du diamant évangélique se distinguent désormais avec plus de netteté et remettent parfois en question des opinions ancestrales. Cette lumière plus intense permet aux serviteurs d'être plus fidèles dans un univers matériel plus compliqué. Cette célébration constitue donc une occasion idéale pour s'éveiller en reprenant contact avec le mystère du Christ ou en affermissant une vigilance qui a  pu se relâcher. Ainsi l'attente du second retour du Christ sera toujours inscrite dans l'espace spirituel de notre monde visible.

 

Benoît Lambert, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2292. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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