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Marie, mère de Dieu - 1er janvier 2012

 

 

Le temps qui passe

Les bergers rendent visite à Jésus : Luc 2, 16-21
Autres lectures : Nombres 6, 22-27; Psaume 66(67); Galates 4, 4-7

En ce jour, l’attention est concentrée sur le début d’une nouvelle année civile, la 2012ième de l’ère chrétienne. Le mystère de la maternité divine de Marie risque de passer au second plan. Le passage d’une année à l’autre, même si la date est tout à fait arbitraire, fait prendre conscience de l’écoulement du temps et de la fragilité des choses humaines.

     Dieu est éternel, c’est-à-dire hors du temps, mais il n’y est pas indifférent. Le mystère de l’Incarnation est justement la conjonction de l’éternité de Dieu avec le temps des humains. Paul écrit : Lorsque les temps furent accomplis Dieu a envoyé son Fils (Galates 4,4). Dieu tient compte du temps des humains. L’Incarnation ne s’est pas produite par hasard mais à un moment précis de l’histoire, lorsque les temps furent accomplis. Quant à savoir pourquoi Dieu a choisi cette année et ce jour, cela fait partie de son projet de salut et demeure caché dans sa Sagesse. À partir de cet instant Dieu habite l’histoire humaine; Dieu et l’être humain sont partenaires à part entière pour la réussite de l’histoire.

Il est né d’une femme (v. 4).

     C’est la plus ancienne mention connue de la mère de Jésus. Paul avait-il déjà conscience du mystère de la naissance virginale? Le fait est qu’il ne mentionne aucune paternité humaine; le Père de Jésus est Dieu. Le Fils entre dans le monde grâce à une mère comme tous les enfants; il participe pleinement à la vie des humains. Ailleurs Paul fait aussi mention de son appartenance à la descendance de David (cf. Romains 1, 3). Jésus n’est pas une sorte de demi-dieu comme en connaissait la mythologie grecque et latine ni un extra-terrestre comme se plaisent à l’imaginer certains auteurs de science-fiction. Il est sujet de la Loi de Moïse, donc un Juif inséré dans la vie de son peuple, héritier des promesses et de l’espérance d’Israël.

Tu n’es plus esclave mais fils (v. 7).

     La tradition juive a longtemps hésité à donner à Dieu le nom de Père. La raison en est simple. Israël vivait au milieu de peuples dont les dieux étaient considérés comme pères de l’humanité au sens naturel; on connaît des récits très réalistes de l’activité procréatrice de certaines divinités. En évitant de désigner Yahvé comme père on préservait sa transcendance. Ce n’est qu’à une époque relativement récente que les auteurs bibliques commencent à utiliser le vocabulaire de la paternité en lien avec Dieu, lorsque le danger d’une interprétation trop réaliste eut été écarté (voir, par exemple : Isaïe 63, 16; 64, 7).

     Jésus innove certainement en s’adressant à Dieu comme Père d’une manière personnelle (cf. Mt 11, 25-26; 26, 39). Paul se montre encore plus révolutionnaire en affirmant que la paternité de Dieu s’étend à toute l’humanité puisque, en Jésus, tout croyant, Juif ou païen, est fils de Dieu. L’appartenance à la famille divine n’a rien de biologique ni d’ethnique mais dépend uniquement de la grâce (v. 7). Le consentement de Marie au projet du salut a ouvert la porte à la réconciliation de toute l’humanité dans l’unique famille des enfants de Dieu ; ceux-ci peuvent s’adresser à lui en l’appelant Abba c’est-à-dire Père (v. 6).

Tout le monde s’étonnait (Luc 2, 18).

     Après le discours théologique de Paul, l’évangéliste Luc nous ramène à Bethléem, le jour de la naissance de Jésus. Les bergers, informés par les anges (cf. Lc 2, 8-14), vont voir ce que le Seigneur leur a fait connaître (Lc 2, 15). Malgré la tradition et l’imagerie populaire, il n’est pas question d’adoration. Les bergers regardent et racontent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant (v. 17), ce qui provoque l’étonnement des auditeurs (v. 18). Dans l’œuvre de Luc (Évangile et Actes) l’étonnement manifeste, le plus souvent, l’admiration devant les actions merveilleuses de Dieu (cf. Lc 4, 22; 8, 25; 9, 43; 11, 14; Ac 2, 7). Par deux fois l’évangéliste note que les événements entourant la naissance de Jésus provoquent cette réaction (Lc 2, 18.33). Dès sa naissance, avant d’avoir dit ou fait quoi que ce soit, Jésus est déjà une Bonne Nouvelle. Ceux qui entendent parler de lui sont non seulement surpris mais surtout interpellés; ils devinent plus ou moins confusément la présence d’un mystère à accueillir.

     Les bergers glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu (v. 20). Leur réaction fait écho à celle des anges (Lc 2, 13); elle sera reprise par la foule lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem (Lc 19, 37) et par les disciples, en conclusion de tout l’évangile (Lc 24, 53).

Marie retenait tous ces événements (v. 19).

     Le verbe traduit par retenir dépasse le simple rappel du passé. Il évoque l’idée de conservation et de protection. Comme toutes les mamans, Marie garde le souvenir de tout ce qui entoure la naissance de son enfant. De plus elle est, d’une certaine manière, la mémoire de l’Église. Elle garde vivant le témoignage des merveilles de Dieu et du salut qui s’accomplit (cf. Lc 1, 48-49).

     Le mot traduit par méditer possède une vaste gamme de significations ayant en commun l’idée de mettre ensemble, comparer, (le mot symbole provient de la même racine). Marie va plus loin que la simple conservation de souvenirs. Elle réfléchit aux événements et s’en nourrit. Sa foi lui permet de discerner, au-delà des apparences, l’action de Dieu qui l’a choisie pour être, à ce moment précis de l’histoire, sa collaboratrice privilégiée dans la réalisation du salut.

L’enfant reçut le nom de Jésus (v. 21).

     Les chrétiens sont tellement habitués à ce nom que, spontanément, ils l’associent au fils de Marie. En fait il semble avoir été assez populaire dans le monde juif à l’époque romaine. Le Nouveau Testament mentionne un chrétien appelé Jésus surnommé Justus (Col 4, 11) et un magicien juif : Bar Jésus c’est-à-dire : fils de Jésus (Ac 13, 6). Surtout, il s’agit de la forme grecque du nom de Josué, le successeur de Moïse, celui qui fit entrer le peuple élu dans la Terre promise. Jésus, fils de Marie et Fils de Dieu, fera entrer toute l’humanité dans la nouvelle Terre promise, le Royaume de Dieu.

Que le Seigneur te bénisse et te garde (Nb 6, 22).

     Le pape Paul VI  a choisi le 1er janvier de chaque année comme Journée mondiale de la paix. La première lecture de la première messe de chaque nouvelle année rappelle que la paix est d’abord un don de Dieu : Que le Seigneur se tourne vers toi et qu’il t’apporte la paix (v. 26). Au sens biblique, la paix signifie : plénitude, accomplissement, harmonie. Elle se présente comme la réalisation de la bénédiction. Lorsque Dieu bénit il communique quelque chose de sa vie. Les vivants deviennent participants de son pouvoir créateur (voir, par exemple : Gn 1, 22.28). L’être humain, associé à Dieu, doit travailler au parachèvement de la création et à la réussite de l’histoire puisque les deux sont devenus partenaires de la même Alliance. L’initiative vient de Dieu; l’être humain doit disposer son cœur à accueillir son projet et y collaborer avec foi.

 

Jérôme Longtin, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2297. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Que toute la terre se réjouisse!