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Dimanche de la Résurrection B - 8 avril 2012

 

 

Dieu l'a ressuscité

Le tombeau vide : Jean 20, 1-9
Autres lectures : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117(118); Colossiens 3, 1-4

 

« La foi chrétienne tient par la vérité du témoignage selon lequel le Christ est ressuscité des morts, ou bien elle s’effondre ». « La Résurrection de Jésus fut l’évasion vers un genre de vie totalement nouveau, vers une vie qui n’est plus soumise à la loi de la mort et du devenir mais qui est située au-delà de cela – une vie qui a inauguré une nouvelle dimension de l’être-homme (…) Dans la Résurrection de Jésus une nouvelle possibilité d’être homme est atteinte, une possibilité qui intéresse tous les hommes et ouvre un avenir, un avenir d’un genre nouveau pour les hommes» (RATZINGER, Joseph – Benoît XVI Jésus de Nazareth – De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection. Éditions du Rocher/Groupe Parole et Silence, 2011; p. 275 et 278)

     Tout le chapitre 9 de ce récent livre du pape mériterait d’être cité et surtout médité en cette fête de Pâques. Bien que soixante ans soient passés depuis la rénovation de la liturgie de la Semaine sainte et de Pâques par Pie XII, la fête de Noël occupe toujours la première place dans l’esprit de beaucoup de chrétiens. Pourtant Pâques est véritablement la fête par excellence, celle où nous célébrons le cœur de notre foi. La première proclamation des disciples après la mort de Jésus ne porte pas sur sa naissance ni sur son enseignement et ses miracles mais sur ce fait inattendu et, à première vue incroyable : celui qui était mort est vivant parce que Dieu l’a ressuscité des morts.

De grand matin, alors qu’il fait encore sombre (Jn 20, 1)

     Tous les récits de la découverte du tombeau vide mentionnent le fait que les premières visiteuses se présentèrent à l’aube (cf. Mt 28,1; Mc 16, 2; Lc 24, 1. Notons cependant que le texte de Matthieu pourrait désigner la soirée du samedi, après le coucher du soleil. Jean est le seul à préciser qu’il fait encore sombre, ce qui est une observation banale si le soleil n’est pas encore levé. Compte tenu de l’importance symbolique de la lumière dans le 4ième évangile, on comprend que ce détail a quelque chose à voir avec le cheminement de foi de Marie Madeleine. Elle est venue au tombeau pour pleurer un mort, elle est bouleversée par la disparition de la dépouille mortelle; elle est encore dans les ténèbres parce qu’elle n’a pas reconnu le sens du signe que constitue le tombeau vide. Elle courut rejoindre Simon-Pierre et l’autre disciple non pas pour leur annoncer une bonne nouvelle mais pour leur partager son inquiétude : On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis (v. 2). Ce n’est que plus tard, après s’être retournée (Jn 20, 14.16), c’est-à-dire s’être convertie, qu’elle pourra reconnaître le Ressuscité.

Simon-Pierre … arrive à son tour (v. 6)

     L’évangile de Marc mentionne nommément Pierre parmi ceux à qui la nouvelle de la résurrection doit être annoncée (Mc 16, 7); celui de Luc rapporte une visite de Pierre au tombeau assez semblable à celle racontée par Jean (Lc 24,12); enfin, le chapitre 21 de l’Évangile selon saint Jean met le personnage de Pierre en relief (cf. Jn 21, 3.7.15-19). Paul mentionne une apparition de Jésus ressuscité à Pierre (1 Co 15, 5); cet événement n’apparaît pas dans les évangiles, selon Paul il aurait précédé l’apparition aux Douze. (Notons que Paul semble ignorer la mort de Judas ou bien il suppose qu’il a déjà été remplacé à ce moment-là). Aucun de ces textes ne présente Pierre comme celui qui manifeste le plus d’enthousiasme devant la nouvelle de la résurrection (sauf Jn 21, 15-19) mais, malgré ses réticences, son témoignage personnel apparaît essentiel. Il est au centre du groupe des disciples et il exerce une mission particulière. L’autre disciple, celui qui arriva le premier au tombeau (v. 4) reconnaît cette préséance et le laisse entrer le premier.

Il vit et il crut (v. 8)

     Qu’est-ce que le disciple a vu? Sans doute les articles funéraires que Pierre avait vus avant lui (cf. vv. 6-7), surtout il constate un vide, une absence. Il vit qu’il n’y avait rien à voir puisque le corps de Jésus n’est pas là. Ce que Marie Madeleine avait simplement supposé en constatant l’ouverture du tombeau (cf. vv. 1-2) se confirme. Il ne s’agit pas d’une preuve de la résurrection puisque d’autres explications sont possibles, par exemple Marie Madeleine soupçonnera celui qu’elle prend pour le jardinier d’avoir déplacé le corps (cf. Jn 20, 15). Néanmoins l’absence du corps est une condition essentielle à la foi en la résurrection. Comme le pape le souligne dans son livre, jamais l’annonce de la résurrection n’aurait été possible si on avait pu montrer le corps de Jésus aux habitants de Jérusalem (cf. op.cit. p. 288-289).

     Qu’est-ce que le disciple a cru? Il croit que Jésus est ressuscité – c’est ce que suppose le verset suivant – mais qu’est-ce que cela pouvait signifier? Jésus était-il revenu à la vie terrestre comme Lazare, avec la perspective de devoir mourir de nouveau (cf. Jn 11, 44)? La résurrection de Jésus est une réalité d’un autre ordre. Au début du récit de la Passion, Jean l’exprime en termes de passage, ce qui est le sens premier de la Pâque : avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père … (Jn 13, 1). Jésus est entré définitivement dans le monde de Dieu, il a été glorifié auprès du Père (cf. Jn 17, 5). Il ne s’est pas éloigné pour autant de ses disciples mais sa présence sera désormais entièrement nouvelle (cf. Jn 14, 18-19). Il serait sans doute irréaliste de penser que toute la richesse de ce mystère s’est dévoilée en un instant, lors de la découverte du tombeau vide. Peu à peu, sous la conduite de l’Esprit (cf. Jn 16, 13), les disciples ont compris ce que pouvait signifier ressusciter d’entre les morts (cf. Mc 9, 10).

Dieu était avec lui (Ac 10, 38)

     L’annonce de la résurrection est le cœur de la prédication apostolique. On la retrouve dans chacun des grands discours des Actes (cf. Ac 2, 24.32; 3, 15; 4, 10 etc.) comme dans les lettres de Paul (cf. Rm 1, 3-4; 1 Co 15, 3-8; 1 Th 1, 10 etc.). Personne, cependant ne se risque à expliquer ce qu’est la résurrection. On la proclame comme une initiative de Dieu qui fait passer Jésus dans un mode d’être nouveau; il peut reprendre certaines des activités normales de la vie terrestre, comme le fait de manger (v. 41) mais il n’est plus soumis aux lois de la nature. Jésus est entré dans le monde de Dieu qui l’a choisi comme juge des vivants et des morts (v. 42). Puisque la résurrection est commencée, le Royaume de Dieu est en voie de se réaliser. Le monde ancien va disparaître, le monde nouveau va s’établir.

Tout homme qui croit en lui (v. 43)

     Que veut dire : croire en Jésus? Certainement quelque chose de plus que le fait d’admettre son existence ou même d’accepter son enseignement moral. La foi concerne essentiellement la résurrection. Croire en Jésus c’est le reconnaître vivant et source de vie puisqu’il accorde le pardon des péchés. Toute personne est directement concernée par la résurrection puisqu’elle peut, par la foi, être associée à la vie nouvelle.

Vous êtes ressuscités avec le Christ (Col 3, 1)

     Désormais rien ne peut plus être comme avant; il s’agit d’une véritable révolution. En Jésus, la mort est vaincue; elle ne représente plus une barrière infranchissable mais le passage obligé vers une existence nouvelle donnée par Dieu.

     Cette transformation ne concerne pas seulement le futur. Dès maintenant les chrétiens doivent vivre en ce monde comme promis à la résurrection. C’est pourquoi ils doivent tendre vers les réalités d’en haut (Col 3, 2) purifiés des vieux ferments pour vivre dans la droiture et la vérité (1 Co 5, 8).

 

Jérôme Longtin, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2311. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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