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5e dimanche de Pâques B - 6 mai 2012

 

 

Êtes-vous branché?

L'Image de la vigne et des branches : Jean 15, 1-8
Autres lectures : Actes 9,26-31; Psaume 21(22); 1 Jean 3, 18-24

Êtes-vous branché? Si je vous pose cette question, vous risquez de me répondre que vous cherchez à suivre les nouvelles tendances de la mode, les restaurants réputés ou la musique actuelle. Vous pourriez aussi me dire que vous avez internet haute vitesse, le dernier cellulaire intelligent ou un iPad. Le texte de Jean (15,1-8) nous invite à être branchés, mais d’une façon complètement différente.

     L’auteur de ce texte emploie l’image de la vigne pour qualifier la relation entre Dieu, Jésus et ceux qui le suivent. Jésus est la vraie vigne, son Père est le vigneron et nous sommes les sarments. Le sarment est le rameau vert que la vigne pousse chaque année. S’il ne reste pas connecté à la vigne, un sarment ne peut vivre et encore moins donner du fruit. Pour l’évangéliste, les sarments sont branchés à la vigne comme nous devons l’être au Christ.

     Dans cette image, Dieu joue le rôle du vigneron. Lors de la taille, le viticulteur détermine la formation des sarments sur le cep et sa productivité. Une taille longue, quatre à dix yeux par sarment, donnera beaucoup de raisins puis une taille courte, deux à trois yeux par sarment, produira un moins grand nombre de fruits, mais ceux-ci seront meilleurs. Ce qui est coupé se dessèche et meurt. Mais ce qui reste permettra une récolte abondante.

La vigne dans l’Ancien Testament

     La première mention de la vigne dans l’Ancien Testament survient tout de suite après le déluge. Noé plante des vignes, fabrique du vin et s’enivre.

     La vigne fait partie du paysage de la Palestine. Elle y pousse naturellement, mais demande beaucoup de soin si l’on veut un résultat en qualité et quantité.

     L’image de la vigne est employée à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament. Comme symbole, elle représente la richesse (Dt 8,8), le bonheur (1 R 5,5) et même l’amour (Ct 1,6)! Mais l’image de la vigne est surtout appliquée au peuple d’Israël pour exprimer l’alliance entre Dieu et son peuple. Israël a la forte conviction d’être la vigne du Seigneur. C’est lui qui, par ses propres soins, a permis à sa vigne de devenir si belle. Pourtant, souvent le peuple s’est détourné de Dieu. Alors les prophètes vont utiliser l’image de la vigne qui se dessèche pour montrer que le peuple de Dieu n’est pas à l’abri du jugement de Dieu.

     C’est ce qu’Osée transmet : Israël, vigne florissante, produisait du fruit à l'avenant. Plus ses fruits se multipliaient, plus il multipliait les temples païens, plus sa terre était belle, plus ils embellissaient les statues. Leur cœur est devenu faux, maintenant ils vont payer : lui-même, le Seigneur, va briser leurs autels et détruire leurs stèles (Osée 10,1-2).

     Israël était donc une vigne fertile devenue stérile malgré les soins de Dieu. Dieu va donc l’abandonner (Is 5,1-7). C’est ce qui arrivera avec l’attaque des Babyloniens qui vont détruire le palais, le Temple et la ville de Jérusalem. Après l’exil à Babylone, l’espoir renaîtra alors que les Juifs demandent à Dieu de recommencer à prendre soin de sa vigne : Dieu de l’univers, reviens donc : regarde du haut des cieux et vois. Interviens pour cette vigne, pour la souche plantée par ta droite (…) Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir; que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés (Ps 80,15-16.20).   

La vigne de Jean

     L'image de la vigne est utilisée par l'évangéliste Jean pour signifier que nous sommes intimement liés au Christ  Jésus, comme les sarments ne font qu'un avec le tronc de la vigne.

     Alors que dans l'Ancien Testament la vigne désignait le peuple de Dieu, l’image de la vigne chez Jean est proche du thème du corps développé par saint Paul. Paul écrit en effet que nous sommes les membres du corps du Christ et que lui-même en est la tête. Jean utilise la vigne et les sarments pour donner une image similaire. C'est dans la mesure où nous sommes branchés sur la vigne que nous pouvons avoir accès à la sève et donner des raisins savoureux. 

     Un autre élément important de cette image est celui de l’émondage. Le terme grec rendu par « émonder » peut aussi se traduire par « purifier ». La parole entendue purifie les disciples pour qu’ils puissent produire plus de fruits. Comme pour l’Ancien Testament, l’image de la vigne montre une certaine tension dans les relations entre Dieu et son peuple. Le vigneron va faire en sorte que la vigne porte du fruit, mais il faut passer par la coupe de ce qui se dessèche. 

D’autres histoires de vignes…

Dans le Nouveau Testament, on retrouve deux autres allégories autour du symbole de la vigne. Il s’agit de la parabole des ouvriers de la dernière heure (Mt 20, 1-16) et de celle des mauvais vignerons (Mt 21,33-46). Ces deux paraboles décrivent le royaume de Dieu. Allez les lire...

La vraie vigne

     Jésus déclare à ses disciples : Je suis la vraie vigne. Jusque-là, Israël, le peuple de Dieu dans son ensemble était considéré comme la vigne de Dieu. Maintenant, pour les chrétiens le peuple de Dieu n’est plus le même. Pour faire partie du peuple de Dieu, il faut être un disciple de Jésus. L’image de la vigne est passée d’Israël vers les disciples de Jésus.

     En plus, Jésus va s’identifier à la coupe de vin partagé au repas pascal. Buvez en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance… (Mt 26, 27-28). Après sa mort et sa résurrection, les chrétiens vont faire mémoire de lui en partageant le pain et le vin. L’eucharistie devient une façon de se brancher sur le Christ en mangeant le pain et en buvant le vin.

     Ultimement, nous serons tous ensemble dans le Royaume de Dieu symbolisé à plusieurs reprises par un grand banquet où l’on pourra à nouveau boire du vin en compagnie du Christ (Mt 26,29). 

     En bref, la question est donc bien de savoir si nous sommes branchés… sur le Christ. Si oui, attention! Dieu émonde pour produire du fruit. Est-ce qu’on se laisse émonder par la parole de Dieu? Est-ce qu’elle nous bouscule, nous choque, nous transforme? Si oui, c’est un bon signe, ça permettra un meilleur fruit. Sinon, attention! Rien n’est pire dans une vigne que de laisser des branches desséchées sur la vigne. Ultimement, la vigne ne produira plus de fruit.

 

Sébastien Doane, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2315. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Le bon berger connaît les siens