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19e dimanche ordinaire A - 10 août 2014

 

Des disciples qui nous ressemblent

 

Jésus marche sur les eaux : Matthieu 14, 22-38
Autres lectures : 1 Rois 19,9.11-13; Psaume 84(85); Romains 9, 1-5

 

La marche sur les eaux n’est pas une prouesse du magicien Jésus. Le récit n’a pas non plus la prétention d’un document d’archives. Il s’agit d’un passage d’évangile qui part d’un fait et qui l’interprète en poursuivant un enseignement catéchétique et missionnaire. Énorme différence! Au Moyen Orient ancien on croyait que les eaux inférieures étaient l’antre des démons et donc des forces du mal et de la mort. Marcher sur les eaux équivalait à écraser le démon et à maîtriser le mal et la mort. Dieu seul en avait le pouvoir.

Christ Seigneur!

     D’emblée, le récit nous apprend que Celui qui marche sur les eaux est le Seigneur Dieu qui marque sa puissance. Il nous apprend également que l’apôtre Pierre marche lui aussi sur les eaux (v. 29) et partage cette puissance. L’exclamation de Pierre à la toute fin de l’événement de la pêche miraculeuse : Vraiment, tu es le Fils de Dieu! (Mt 14, 33) constitue la pointe du récit, le sens obvie comme on dit dans le langage biblique. Elle résume tout le parcours chrétien du croyant et de la croyante. Elle accompagne nos doutes et nos douleurs mais aussi nos joies les plus profondes.

Jésus vainqueur!

     Jésus apparaît comme le grand vainqueur du chaos primitif comme l’Esprit qui planait sur les eaux aux premiers jours de la Création du monde (Genèse  1, 2). Pas question de fantôme : Ils disaient : c’est une fantôme (v. 26) mais du Fils de Dieu montrant sa puissance divine. La personne de Jésus enlève la peur dès que les siens entendent sa voix : Mais aussitôt Jésus leur parla : ‘Confiance! C’est moi; n’ayez pas peur!’ (v. 27). Bien au contraire, elle suscite la confiance, et raffermit la foi. Les deux mots sont liés d’ailleurs. Ne dit-on pas aussi que la foi bannit la peur et enracine la confiance?

Disciples collaborateurs

     Pierre apparaît ici comme le prototype de l’être humain qui demande à Dieu de combler ses aspirations les plus profondes. Il crie ce besoin alors que la peur l’habite : Et la peur leur fit pousser des cris (v 26). Pierre, comme nous, exige des preuves : Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau (v. 28). Ce qui pourrait se traduire ainsi : « Ordonne-moi de m’accrocher à toi, empêche-moi de périr ». Et la réponse claque comme voile dans le vent : Viens! (v. 29). Réponse brève, impérative, décisive. Ce Viens! fera de Pierre le collaborateur de Jésus dans la barque de son Église. Qui plus est, il en fera le chef! Avec lui, « nous sommes dans le même bateau », selonl’expression populaire. Un bateau dont on dit qu’il prend l’eau, mais dont on dit aussi qu’il navigue toujours contre vents et marées. Et cela depuis des siècles!

La peur de Dieu

     On le répète sur tous les tons : avoir peur de Dieu n’est pas une attitude chrétienne et pourtant… Nos vieux démons sortis tout droit de notre passé culpabilisant hantent encore l’imaginaire collectif. Mais tout a bien changé depuis. Le  N’ayez pas peur  prononcé d’une voix forte et jeune par le pape Jean-Paul II lors de la messe inaugurale de son pontificat, a fait des vagues. On lui attribue même avoir contribué à l’effondrement du mur de Berlin ainsi qu’à la fin de la guerre froide entre les deux plus grandes puissances du monde. Nous sommes passés de la foi en un Dieu qui fait trembler à celui d’un Dieu qui pacifie, qui unifie et cela grâce à une théologie renouvelée.

Des hommes comme nous

     Le doute, une foi vacillante, la peur, tous ces sentiments torturaient les disciples au fond de la barque battue par les vagues car le vent était contraire (v. 24). Ces disciples, combien ils nous ressemblent! Ce sont des hommes fragiles même s’ils ont suivi Jésus durant sa vie sur terre. Cependant cela ne les a pas empêchés, sous le souffle de l’Esprit, de fonder l’Église et de mourir martyrs. La foi et l’Église, nous appellent nous aussi à reconnaître le Christ comme étant celui qui peut nous sauver, bannir nos peurs et nous rendre assez braves pour répondre à cette interpellation : Viens! Viens à mon appel et va ensuite là où les gens souffrent, là où des enfants meurent, là où des vieillards sont abandonnés. Viens à mon appel et va dans les marges de nos sociétés là où la misère morale et physique accable. Mais comment entendre cet ordre et y répondre concrètement selon nos moyens et notre situation? Par la prière bien sûr, par la dénonciation dans les réseaux sociaux, par des signatures au bas des pétitions. En demeurant toujours attentifs à sa voix nous murmurant à l’oreille du cœur : Confiance! (v. 27).

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2407. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Le partage d'abord et l'au revoir ensuite