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22e dimanche ordinaire A - 31 août 2014

 

Un métier à haut risque!

 

Première annonce de la Passion : Matthieu 16, 21-27
Autres lectures : Jérémie 20, 7-9; Psaume 62(63); Romains 12, 1-2

 

Après la déclaration de Pierre qui reconnaît en Jésus le Messie, à partir de ce moment là, nous dit Matthieu (Mt 16, 21) Jésus veut prévenir les siens sur ce qui risque d’arriver à ce Messie. Mais l’idée d’un échec possible de la restauration d’Israël choque profondément les apôtres. Ils refusent de voir se profiler la croix d’un criminel. Ce qu’ils voient ou rêvent de voir c’est le sceptre d’un glorieux souverain capable de chasser les usurpateurs. Aussi, ce même Pierre s’insurge…

Le rejet de Jésus

     Jésus commence donc à montrer à ses disciples ce qui allait arriver à leur Maître, à celui-là même que Pierre vient de déclarer Messie Fils du Dieu vivant. Ce Messie donc, leur dit-il, devra souffrir, être tué et le troisième jour ressusciter (v. 21). Pierre, l’impulsif, faisant fi de la promesse de la résurrection, répond : Dieu t’en garde, cela ne t’arrivera pas (v. 22). Jésus alors ne peut que rejeter fortement cette dénégation de l’apôtre. Tellement, qu’il affuble celui-ci du nom de Satan, c’est-à-dire de Tentateur. C’est que Pierre, à son insu, est en voie de proposer à Jésus de succomber à la triple tentation du désert (Mt 4, 1-11) : la puissance, la domination, le succès. Jésus veut signifier à son disciple, que sa façon de voir est purement humaine et que le Messie-prophète qu’il est, subira le même sort que les prophètes de toutes les époques.

Le projet de Jésus

     Une chose est sûre : le projet de Jésus n’est pas « Winner »comme diraient les jeunes. En effet, avouer à l’avance le sort qui l’attend est loin d’être une publicité accrocheuse. Ce n’est pas la manière habituelle d’attirer des adhérents à un programme de rendement. Peut-on imaginer une entreprise qui prônerait un tel avenir? Et pourtant, Jésus prend le risque de la vérité, de l’authenticité. Même si, à l’instar des prophètes anciens, sa parole attirera sur Lui, l’injure et la moquerie (Jérémie 20, 8). Il dit les vraies choses avec les vraies conséquences. Cependant, cela nous aide à saisir la réponse de Pierre.

La liberté de choix

     Nul n’est prophète du Seigneur sans la liberté intérieure. Celui qui dénonce et proclame que Jésus est Seigneur doit le faire en toute conscience. Le prophétisme d’hier et d’aujourd’hui n’est pas un appel violenté mais un appel auquel la personne adhère librement. Ainsi, celui qui exerce son charisme en prenant la part du pauvre et de l’opprimé doit s’attendre à ne pas être compris, rejeté même, car il dérange les adorateurs des faux-dieux : les intérêts politiques et l’échelle des valeurs économiques. Ce ne sont pas les pauvres qui font rouler l’économie. Surtout pas!

Le piège du prophétisme

     Comment savoir si la personne est vraiment un prophète authentique de l’évangile? S’il n’attend que la réussite, s’il semble être confortable au milieu des applaudissements, il est permis d’émettre un doute. Le prophète, s’il a vraiment répondu à un appel de Dieu, sait pertinemment qu’il dérange la société dans laquelle il vit. Il est l’homme ou la femme du demain de l’histoire. On a assassiné Gandhi, Martin Luther King et pourtant… Certaines voix s’élèvent pour affirmer que le Pape François va trop loin dans ses affirmations en faveur des oubliés de ce monde. On tenait le même discours envers l’évêque brésilien Dom Helder Camara. Mais avec le temps les vraies prophètes s’imposent aux générations futures. Se faire traiter de fou aujourd’hui, donne raison à demain.

L’enjeu du baptisé

     Tout baptisé, tout croyant est appelé à être prophète un jour ou l’autre dans sa vie, à proclamer sa foi haut et fort. L’enjeu c’est d’ajuster, au quotidien, nos croyances chrétiennes à celles de Dieu. Cela comporte un risque car c’est jouer à qui perd gagne (v. 25). Les valeurs de Dieu, sa vision du monde sont à mille lieues des valeurs de la société dans laquelle nous vivons. Cette société est axée sur l’argent, le sexe, le paraître, la réussite. Et cela à n’importe quel prix. C’est la voie facile, le contraire de l’étroite (Mt 7, 13).

Le chemin tracé par Jésus

     Non, la facilité ne mène personne sur le chemin tracé par Jésus : Si quelqu’un veut marcher derrière-moi, qu’il renonce à lui-même (v. 24). Ce renoncement demande réflexion. Dire oui, nous confronte à la souffrance et au mépris plus souvent qu’autrement. Décidément, le métier de prophète est un métier à haut risque. Que celui qui a des oreilles entende (Mt 11, 15).

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2410. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Une Église bâtie sur le roc