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4e dimanche de Pâques A - 11 mai 2014

 

Une seule porte, un seul pasteur

 

La parabole du pasteur, du voleur et des brebis : Jean, 10, 1-10
Autres lectures : Actes 2, 14.36-41; Psaume 22(23); 1 P 2, 20-25


Pour mieux saisir la parabole de la porte et du pasteur, il faut la mettre en contexte avec la guérison de l’aveugle-né relatée dans la péricope précédente (Jn 9). Elle constitue, en somme, la réponse de Jésus à la question des pharisiens : Sommes-nous donc aussi des aveugles ? (Jean 9, 40-41). Jésus veut signifier à ces derniers, dont il conteste l’autorité, qu’ils sont ces mauvais pasteurs qui se paissent eux-mêmes en délaissant le troupeau (Ézéchiel 34). Pour se différencier d’eux, il emprunte les traits du véritable pasteur et explique comment il compte exercer cette mission.

     Il ne faut pas oublier que la parabole emprunte la manière de faire des bergers au Moyen-Orient où tous les troupeaux étaient regroupés et gardés par un seul berger. Jésus parle en témoin direct de cette méthode pastorale.

Les pharisiens au temps de Jésus

     Jésus s’adresse en particulier aux pharisiens (Jean 10, 1). Qui sont ces gens qui prennent Jésus à partie et à qui Jésus réplique avec sévérité ? Ils forment un groupe de personnes soucieuses de perfection spirituelle qu’ils pensent atteindre par l’observance rigoureuse des préceptes de la Loi. Ils veulent ainsi se garder purs de tout ce qui peut les détourner de Dieu. Cette attitude cependant pourrait avoir le mérite de garder à la Loi ce qu’elle a de fondamental. Mais à force de l’interpréter de façon pointilleuse et tâtillonne, au pied de la lettre, ils en étaient venus à donner une valeur démesurée à des préceptes de moindre importance : Guides aveugles, dira Jésus, qui arrêtez au filtre le moustique et engloutissez le chameau (Mt 23, 24). Cette rigueur a fini par les séparer –c’est le sens du mot pharisien en hébreux‑, des gens ordinaires et surtout des pauvres qui ne peuvent se permettre le luxe d’une observance si scrupuleuse de la Loi, occupés qu’ils sont à essayer de survivre au quotidien. C’est justement ce souci exagéré des rituels de pureté que Jésus condamne. C’est comme si, chez les pharisiens, Dieu était devenu leur monopole et la religion, leur affaire.

Une porte, seule et unique

     Pour entrer dans une bergerie il n’y a qu’une seule porte. De même pour entrer dans la bergerie de Dieu il faut franchir une porte unique. Qui oserait ignorer ce chemin obligé en escaladant le mur, serait considéré comme un étranger et n’appartiendrait jamais au troupeau. Le premier qui a trouvé et traversé cette porte c’est Jésus lui-même. Cette porte était fermée et il a fallu que quelqu’un l’ouvre. Cette porte, dira Jésus ailleurs, elle est étroite, elle est basse aussi et qui veut l’emprunter doit s’abaisser en servant les autres. Lui, il s’est abaissé jusqu’à mourir sur une croix. Jésus fut donc le premier à ouvrir la porte du salut et à en faire sauter les verrous. Il est le premier à  entrer glorieusement dans la bergerie céleste et à nous entraîner à sa suite.

Jésus est devenu Porte lui-même

     Je suis la porte des brebis. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé (v. 9). Jésus est le dépositaire de la clé de notre existence chrétienne. Il y a imprimé son sceau. Notre vie ne peut désormais s’accomplir pleinement qu’en empruntant le même itinéraire que celui de Jésus. Mettre nos pas dans les siens conduit inévitablement à la Vie. Jésus est la porte de cet espace secret qui nous fera entrer dans le Royaume du Père : Personne ne va au Père, sans passer par moi (Jn 14, 6). Refuser cet accès privilégié c’est prendre le risque de se voir affligés du titre de voleur et de bandit : Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits (v. 8). Jésus est la porte qui ouvre non seulement sur Dieu, mais qui conduit aussi l’homme et la femme vers le mystère de la personne humaine. Jésus l’a dit : Sans moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5).

Le berger nous attend

     Quelle surprise nous attend une fois passé le seuil de cette porte unique ? La surprise d’un accueil chaleureux car Jésus, le bon Berger, sera présent. Notre étonnement sera grand lorsque nous entendrons le Berger nous appeler par notre nom : Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom (v. 3). Nous pourrons alors vérifier ces paroles : elles le suivent car elles connaissent sa voix (v. 4).Mais cette double reconnaissance vient avec une exigence : celle d’avoir marché sur le chemin de Pâques : Christ vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces (1 Pierre 2, 21). D’ailleurs qui peut prétendre reconnaître une voix sans avoir été près de cette personne et donc de l’avoir entendu murmurer, ne serait-ce qu’au fond de son cœur? Tout ce qui ne reflète l’amour du Christ, tout ce qui est contraire à son enseignement se doit d’être banni de nos vies, si nous voulons passer en vainqueurs le seuil du Royaume.

Appelés à être pasteurs

     Nous aimerions que l’univers entier entende l’appel de cette voix libératrice. Mais pour que le miracle s’accomplisse il nous faut prendre le relais de Jésus, c’est-à-dire devenir pasteurs à notre tour et cela dans la mesure où nous portons en nous l’écho de cette voix. Le danger, c’est d’étouffer la voix de Jésus dans un flot de paroles et dans l’abondance de nos raisonnements à courte vue. Notre crédibilité exige la cohérence entre ce que nous sommes et ce que nous disons lorsque nous témoignons de Lui. Sinon il y aura contre-témoignage. En un mot, il faut être d’abord, parler ensuite. Le philosophe américain, Emerson (19e s) avançait : Ce que tu es parle si fort que je n’entends pas ce que tu dis. Cette phrase mérite d’être méditée dans les deux sens.

Le discours de Pierre

     Le texte de la première lecture est la suite et la conclusion de la première lecture lue dimanche dernier (Actes 2, 14-22). Toute la force de ce discours inaugural se concentre en cette affirmation qui est la pointe du récit : Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ (Actes 2, 36). Pour évoquer ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, Pierre lui donne deux titres qui, en somme, résume tout son discours : Christ et Seigneur (vv. 25-32 – 34-36) Les deux titres signifient que Jésus est celui qui a reçu l’onction. Il est l’Oint de Dieu. Dans la tradition d’Israël, l’onction d’huile investissait celui qui la recevait de la fonction : celle de pasteur du peuple de Dieu. L’Esprit de Dieu lui était donné pour remplir cette mission. Lorsque l’Esprit de Dieu repose sur Jésus à son baptême dans le Jourdain, déjà son titre de Christ Seigneur se dessinait. Mais lorsqu’il apparaît après sa mort, l’emprise de l’Onction de l’Esprit est évidente.

Les pasteurs autorisés

     J’aimerais conclure en mettant l’accent sur les pasteurs élus ou choisis pour servir le peuple. Qu’on les appelle présidents, premiers ministres, directeurs, patrons, évêques, prêtres, ou pasteurs d’autres dénominations religieuses. Ils auront tous à répondre de leur engagement devant la Porte du Pasteur. À son exemple ils ne pourront revendiquer aucune autre notoriété que celle du service auprès de l’ensemble du troupeau. Ils auront à répondre de la manière qu’ils ont apporté de l’aide aux brebis blessées et faibles afin qu’elles puissent vivre décemment : Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance (v. 10). Cet engagement responsable conduira, dans le concret, à donner sa vie, jour après jour, pour que s’améliore le quotidien de ceux et celles qui les ont élus ou qui sont sous leur houlette. Tous les autres qui ne recherchent que le pouvoir, les honneurs  et la richesse, Jésus l’a dit, ils ne sont que voleurs et bandits (v. 1).

 

Ghislaine Salvail, SJSH

Source: Le Feuillet biblique, no 2403. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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