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5e dimanche de Carême B - 22 mars 2015

 

Nous voudrions voir Jésus

 

 

La venue des Grecs vers Jésus indique l'arrivée de l'heure : Jean 12, 20-33
Autres lectures : Jérémie 31, 31-34; Psaume 50(51); Hébreux 5, 7-9

 

Les lectures des dimanches du carême de l’année B nous ont permis de parcourir l’Évangile selon saint Jean. Au troisième dimanche, comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem (Jn 2,13). C’était la première visite de Jésus dans la ville sainte, au tout début de son ministère. À cette occasion, un pharisien nommé Nicodème […,] un notable parmi les Juifs […,] vint trouver Jésus pendant la nuit (3,1-2). Pendant cette rencontre, Jésus a annoncé que, comme le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle (3,14-15). C’était la page d’Évangile du quatrième dimanche. Aujourd’hui, nous nous retrouverons pratiquement dix chapitres plus avant dans la trame du quatrième évangile. Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, celui qu’il avait ressuscité d’entre les morts (12,1). Le lendemain, Jésus arrive à Jérusalem (12,12-19) pour une troisième fête de Pâque.

Le désir de rencontrer Jésus

     Survient alors un événement qui surprend. Parmi les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque, quelques-uns abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée (12,20-21). Ces « Grecs » n’étaient pas des Juifs. Ils provenaient du monde païen. Pourtant, ils étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque. Comme le centurion Corneille dans les Actes des apôtres, ils étaient des « craignant Dieu ». Il existait autour des synagogues du premier siècle des groupes de païens qui, sans s’être fait circoncire ni suivre la Torah à la lettre, avaient accepté le monothéisme juif et une partie de ses observances éthiques. Ces hommes adoraient donc le Dieu d’Israël et, à l’occasion de leur pèlerinage, ils se mettent en contact avec Philippe, le quatrième disciple à avoir été appelé dans l’évangile de Jean (voir 1,43-44). Ils lui demandent : Nous voudrions voir Jésus (12, 22) ! Ne nous méprenons pas. Il ne s’agit pas de « fans » qui veulent voir une vedette. Cette demande fait écho à la rencontre entre Jésus et ses premiers disciples. Alors, Jésus se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit : “Que cherchez-vous ?” Ils lui répondirent : “Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ?” Il leur dit : “Venez, et vous verrez”  (1, 38-39). Comme les premiers disciples de Jésus, les Grecs de l’Évangile de ce dimanche sont en recherche. Ils veulent voir Jésus, espérant trouver en lui celui dont parlent la loi de Moïse et les Prophètes (1,45). Leur démarche en est une de foi.

     Philippe répond en allant chercher du renfort : il va le dire à André ; et tous deux vont le dire à Jésus (12,22). Cette présence de deux témoins de la première heure a valeur symbolique. Philippe et André comptent parmi les premiers disciples. Ils s’associent pour aller trouver Jésus, tout comme ils seront associés pour aller porter l’Évangile au monde : il les envoya « deux par deux » (Mc 6,7; Lc 10,1). Après la résurrection, par le témoignage de ces envoyés, le monde païen pourra voir Jésus, croire en lui.

L’heure de la glorification est venue

     En réponse à la démarche des Grecs représentés par les deux disciples, Jésus déclare : L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié (Jn 12,22). Dans le désir de croire, manifesté par ces hommes venus du monde païen, Jésus reconnaît un signe de son Père : l’heure de la glorification a sonné. Mais Jésus sait très bien que son heure est aussi celle de sa passion et de sa mort. C’est pourquoi il ajoute aussitôt : Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit (12,24). À une semaine du dimanche des Rameaux et de la Passion, ce n’est pas un rappel inutile.

     Ce chemin de souffrance, qui passe par la mort et qui débouche sur la résurrection, Jésus sera le premier à l’emprunter, mais il ne sera pas le seul : Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle (12,25). Voilà donc le chemin de la sequela Christi, de la suite du Christ, chemin proposé à qui veut voir Jésus et croire en lui. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera (12,26).

     Ce chemin, nul ne l’aborde sans crainte. Jésus le montre bien en déclarant : Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? (12, 27a). Ces paroles évoquent la prière de Jésus à Gethsémani, que rapportent les autres évangiles : Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. […] Abba... Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! (Mc 14,34.36). Ici, Jésus n’attend pas la réponse du Père pour faire son choix. Il pourrait demander d’être délivré de cette heure. Il choisit un autre chemin : Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! (Jn 12,27b-28a).

Notre chemin pascal

     Ses disciples, dont nous sommes, auront-il le même courage et la même foi ? Pas nécessairement. D’où l’importance de ce qui suit. Alors, du ciel vint une voix qui disait : “Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore”. En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre ; d’autres disaient : “C’est un ange qui lui a parlé”. Mais Jésus leur répondit : “Ce n’est pas pour moi que cette voix s’est fait entendre, c’est pour vous” (12,28b-30). Depuis le commencement des signes que Jésus accomplit (2,11) à Cana en Galilée jusqu’au retour à la vie de Lazare (11,4) à Béthanie, le Père n’a cessé de glorifier son nom dans l’œuvre de Jésus. Maintenant que l’heure est venue (12,23), il glorifiera de nouveau son nom en faisant passer son Fils de la mort à la vie, la vie éternelle.

     Tous ceux et celles qui désirent voir Jésus et croire en lui sont appelés à vivre le même passage, la même Pâque. Après la multiplication des pains, Jésus avait déclaré : Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour (6,40). Il ajoute maintenant : Moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes (12,32). Or, ce rassemblement de toute l’humanité autour du Christ glorifié sera l’occasion d’un jugement définitif : Voici maintenant que ce monde est jugé ; voici maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors (12,31).

     Au moment de franchir le dernier droit de notre chemin de carême, l’Évangile nous replace devant notre option fondamentale, notre désir de voir Jésus et de croire en lui. Il nous rappelle également que le chemin où nous suivons le Christ comporte un passage obligatoire à travers la mort. Ce passage mène à la vie, pourvu que nous suivions les traces de Jésus en qui nous croyons. Choisissons à notre tour de donner notre vie avec amour, de donner beaucoup de fruit.

 

Yvan Mathieu, SM

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2439. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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