INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

2e dimanche de Pâques B - 12 avril 2015

 

L'apparition du Ressuscité

L'apparition aux disciples

L'Incrédulité de saint Thomas, Rembrandt, 1634.

 

 

Jésus apparaît à ses disciples : Jean 20, 19-31
Autres lectures : Actes 4, 32-35; Psaume 117(118); 1 Jean 5, 1-6

 

On l'appelle le dimanche de Thomas, ce dimanche qui suit la solennité de la Résurrection du Seigneur. À chacune des trois années du cycle liturgique, on retrouve, en effet, comme texte d’évangile, le récit de Jn 20, 19-31. Ce texte suit les visites au tombeau de Marie de Magdala, de Simon-Pierre et du disciple que Jésus aimait et le récit de l'apparition du Ressuscité à Marie de Magdala.

     Les premiers versets de cette péricope racontent une première apparition au groupe de dix disciples (Jn 20, 19-23); la seconde partie du récit rapporte une seconde visite du Ressuscité, huit jours plus tard, à onze disciples cette fois, puisque Thomas est présent, lui qui est avec Jésus l'intervenant principal dans cette rencontre. Nous verrons Thomas cheminer vers une confession impressionnante de sa foi en Jésus et Jésus proclamer une béatitude qui nous concerne tous et toutes.

La rencontre de Jésus avec les dix

     L'évangéliste situe cette rencontre dans l'espace et le temps. C'est le soir du premier jour de la semaine et les disciples sont dans le lieu où ils se tenaient après la mort de Jésus. Il est précisé que les portes sont verrouillées et la raison qui est donnée, c'est leur peur des juifs. On est surpris de la mention qu'on est au premier jour de la semaine parce qu'on précise que c'est le soir, le temps, donc, où s'introduit le jour suivant. S'agit-il d'une évocation du rassemblement eucharistique?  On peut le penser, surtout que l'évangéliste ajoute que Jésus vient et est au milieu d'eux. Dans son prestigieux commentaire du 4e évangile1 Robert Mercier, p.s.s., s'est arrêté à cet emploi du verbe « venir ». Ce « Jésus vient », il le rapproche du Il est venu chez les siens (Jn 1, 11) et il commente : « Le mystère de la « venue » de Jésus, l'Incarnation, est ainsi perpétué. Jean est définitivement l'évangéliste de la Parole Incarnée! Le même verbe est répété en 20, 24 et même en 21, 13. Il pense reconnaître une teinte eucharistique sous ce verbe venir en se rappelant le « jusqu'à ce qu'Il vienne » de Paul (1 Co 11, 26).

     Le Ressuscité engage sa conversation avec les siens par un double souhait de la paix : La paix soit avec vous (Jn 20, 19.21). S'agit-il simplement de la salutation utilisée chez les juifs : Shalom, ou doit-on comprendre que Jésus accomplit la promesse du don de paix que nous trouvons en Jn 14, 27-31 et 16, 33. Le récit nous assure que la vue de l'homme aux mains percées et au côté transpercé - il s'agit donc bien du vainqueur de la mort - et le don de la paix ont suscité une plénitude de joie chez les disciples.

     L'évangile de ce jour nous plonge donc dans une atmosphère de joie et de paix. Est-ce que notre frère et père François ne nous plonge pas dans un même climat en nous demandant d'exprimer par toute notre vie que l'évangile est joie2 et en nous donnant des clés puissantes pour construire un monde de paix3?

     Le Christ ressuscité vient et il envoie comme lui-même a été envoyé par le Père. Il a reçu sa mission du Père et à son tour, il envoie en mission les personnes à qui il s'adresse. Et nous pouvons poser la question : cet envoi s'adresse-t-il à tous les disciples de Jésus? Nous pensons encore ici au pape François qui proclame bien haut que nous sommes, tous et toutes, au titre de notre baptême, des disciples - missionnaires, des personnes vivant en mode «sortie», appelées à joindre les périphéries existentielles de l'humanité4.

     Le geste qui accompagne les paroles de Jésus a une grande signification. Il nous renvoie à Gn 2, 7, Ez 37, 9, Sg 15, 11.  Présence du Souffle de Dieu au niveau de la 1ère création; présence du Souffle de Dieu à la nouvelle création, présence de l'Esprit Saint, porteur du pouvoir de remettre les péchés ou de les maintenir.

     Les deux versets suivants (Jn 20, 24-25) nous informent que Thomas était absent lors de cette venue de Jésus. Lorsque ses compagnons lui ont annoncé qu'ils avaient vu le Seigneur, il dit ne pouvoir les croire que s'il voit dans les mains de Jésus la marque des clous, met son doigt à l'endroit des clous et met sa main dans son côté. C'est cet homme, apparemment convaincu que ses compagnons sont illusionnés et incapable de faire sienne leur si grande joie, qui va vivre la plus bouleversante des rencontres avec le Ressuscité.

La rencontre du Ressuscité avec les onze

     Tout comme la visite précédente du Ressuscité, celle-ci a lieu dans la maison où se tenaient les disciples, mais huit jours plus tard, donc au premier jour de la semaine. Encore une fois, est-ce le jour de l'Assemblée de la communauté, le jour du Seigneur?  Les portes sont verrouillées : peur des juifs? Indice que la condition de Ressuscité est différente? C'est avec le même souhait de paix que le dialogue s'engage, suivi d'une interpellation adressée à Thomas. Pas de paroles de reproche de Jésus, mais une invitation qui montre que Jésus a rejoint sa quête profonde. Il peut poser les gestes dont il dit avoir besoin pour accueillir l'expérience de ses compagnons, pour savoir que se tient  devant lui celui auprès duquel il a cheminé, celui qui est mort sur la croix. Il saura alors qu'il est envoyé comme eux, que l'Esprit de Jésus lui est donné avec le pouvoir de remettre les péchés ou de les maintenir.   Jésus ressuscité joint à cette invitation une demande qui exprime bien sa confiance en Thomas. S'il l'enjoint de cesser d'être incrédule et d'être croyant, c'est qu'il le croit capable d'une telle foi. La réponse de Thomas jaillit aussitôt : « Mon Seigneur et mon Dieu ».  Du « je ne croirai pas » de Thomas  au « Mon Seigneur et mon Dieu » exprimant une foi inconditionnelle, quel chemin parcouru!  Mais aussi quel respect et quelle confiance de Jésus pour son disciple! Dans ce récit, le passage de l'incroyance à la foi la plus ardente semble se faire instantanément. En quoi ce passage peut-il inspirer nos cheminements tellement plus lents?  N'avons-nous pas à approfondir le rôle que les frères et sœurs jouent dans notre croissance, les initiatives de l'Esprit du Ressuscité venant au secours de notre peu de foi,  la confiance et le respect dont il fait preuve à notre égard? Permettons-nous à l'Esprit de nous apprendre à proclamer que Jésus Ressuscité est notre Seigneur et notre Dieu?

     Là ne se termine pas cette deuxième visite du Ressuscité aux onze disciples; elle est couronnée par une merveilleuse béatitude. S'adressant à Thomas, Jésus dit : Parce que tu m'as vu, tu crois, puis, Heureux ceux  qui croient sans avoir vu.  Nous n'étions pas présents en Palestine aux années du ministère de Jésus dans ce coin du monde, à l'heure du procès et de la crucifixion de Jésus, dans la chambre où les dix ont accueilli le Christ ressuscité, un certain « premier jour de la semaine » et où les onze l'ont reçu « le premier jour de la semaine » suivant. Cependant, la foi nous donne un accès à des réalités que nos sens ne savent percevoir.

     Lorsque Jésus dit à Thomas : Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu, à qui pense-t-il?  À chacun, chacune de nous?  Mais, au juste, quelles sont ces réalités auxquelles je crois sans les avoir vues?  Comment est-ce que je formule le cœur de ma confession de foi? L'auteur de la 1ère lettre de Jean répond à cette question, dans la seconde lecture (1Jn 5,1s).

     En première lecture, les Actes de Apôtres affirment que  la multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme (Ac 4, 32).

     Le dimanche de Thomas est vraiment le dimanche de la foi.

__________________

1 Robert Mercier, L'Évangile «pour que vous croyiez». Le quatrième évangile (selon Saint Jean) Wilson et Lafleur, 2010, (Guatianus), p. 1444.

2 François, La joie de l'évangile, surtout l'introduction EG 1-18.

3 Ibid., par. 217-258.

4 Ibid., 1er chapitre, par. 19-49.

 

Lorraine Caza, CND

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2442. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Plonger dans la lumière