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14e dimanche ordinaire C - 3 juillet 2016
 

Deux plus Un

Icône représentant les septante disciples.

Icône représentant les septante disciples.

 

 

Mission des soixante-douze disciples : Luc 10, 1-12.17-20
Autres lectures : Isaïe 66, 10-14; Psaume 65(66); Galates 6, 14-18

 

À la fin du chapitre 9 (9, 51) Jésus et ses disciples montent vers Jérusalem. Mais à partir du chapitre 10, Luc s’éloigne du plan de l’Évangile de Marc. Au chapitre 10 donc, il est dit que Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze. Il est bon de souligner que cette précision est exclusive à Luc. Et l’auteur ajoute que Jésus les envoie deux par deux en avant de lui (Luc 10, 1). Cette décision du Maître mérite qu’on s’y arrête car elle a de l’importance. En ce qui a trait aux grands thèmes de la prédication de Jésus, Luc en parlera  souvent d’une manière très claire, tantôt voilée laissant la place au mystère. Là aussi il fera preuve d’originalité.

Au moins deux

     Il les envoya deux par deux (v. 1). À première vue, cette précision  peut paraître anodine mais si nous nous y arrêtons nous faisons une découverte intéressante : nous ne devons jamais être seuls pour accomplir une œuvre d’évangélisation. Nous avons de beaux exemples dans les Actes des apôtres de ces couples missionnaires : Paul et Barnabé, Barnabé et Marc, Paul et Silas. Si cette habitude d’accomplir la tâche missionnaire par paire n’est pas nouvelle, elle mérite cependant d’être relue dans le contexte d’aujourd’hui. Cette façon de faire veut signifier que c’est tout le peuple chrétien, c’est-à-dire toute la collectivité qui est envoyée en mission et que ce sont tous les pays, les villes et les villages qui deviennent pays de mission.

Une raison juridique

     Il est écrit au livre du Deutéronome : Tout témoignage doit être donné par deux témoins (Deutéronome 19, 15). Mais si nous allons au-delà de cette obligation légale, force nous est de remarquer que ces paires missionnaires reflètent une belle solidarité fraternelle qui, à elle seule, est témoignage. En langage contemporain, nous dirions qu’il s’agit d’une valeur ajoutée. Le témoignage n’est pas sans risque. C’est une obligation chrétienne difficile qui demande du courage, une vigilance critique, un discernement délicat. C’est pourquoi il est important de n’être pas seul à endosser cette mission. Ce qui peut manquer à l’un des deux peut se compléter par l’autre.

Jérusalem lieu de paix

     La première lecture fait l’éloge de Jérusalem (Isaïe 66, 10-14). Comme chacun le sait, les exilés ont beaucoup souffert lors de leur exil à Babylone. Mais avec l’avènement de Cyrus, roi des Perses, le petit reste des exilés,  sous la plume du  poète, se met à rêver. Ce dernier teinte de rose le retour à Jérusalem. Il en brosse même un tableau idyllique. Il va jusqu’à promettre, à ces derniers la paix, le repos, la vie calme et tranquille qu’ils retrouveront dans la ville sainte : Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve (…) vos membres, comme l’herbe nouvelle seront rajeunis (Is 66, 12.14). La paix, pour les Hébreux, signifie la possession de ce qu’ils avaient perdu.

Repos et création nouvelle

     Paul, pour sa part, n’ajoute rien de nouveau dans cet épilogue écrit de sa main (Ga 6, 11) Rien de nouveau mais qui laisse percevoir une passion dévorante dans les dernières lignes : Que personne ne vienne me tourmenter. Car moi, je porte dans mon corps la marque des souffrances de Jésus (v. 17). Il s’agit là d’un témoignage rare. Paul se permet aussi de relativiser les multiples préceptes. Ce qui compte vraiment, dira-t-il, ce n’est pas la circoncision mais la création nouvelle (v. 15). Jésus est donc venu rajeunir le monde. Et si la paix est une réalité à venir, elle est aussi, depuis son avènement, une réalité présente.

En ce temps de repos et de vacances

     La période des vacances est souvent une occasion unique de croiser des personnes venant d’un peu partout. Comment accueillons-nous cette diversité? N’est-ce pas l’occasion d’inviter ces nouvelles figures, ces gens d’une autre couleur à fraterniser, à devenir une bonne paire d’amis peut-être? Chose certaine, c’est que Jésus nous montre son visage dans ces personnes qui ne demandent souvent qu’un sourire, qu’une poignée de main. Prenons conscience de poser ces gestes en son nom et à sa suite.

Une surprise fraternelle

     Il est aussi permis de surprendre ces gens de passage en les invitant à partager le repas, à vivre avec nous un temps de paix. Ne laissons pas passer cette chance d’étaler au grand jour notre identité chrétienne qui prône l’amour universel. N’oublions pas d’ajouter à la paire évangélique un troisième personnage : l’Esprit Saint. Car sans l’Esprit qui anime, aucun témoignage n’a de valeur.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2488. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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