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33e dimanche ordinaire C - 13 novembre 2016
 

Quel sera le signe?

Vestiges supposés de la prise de Jérusalem, au pied du Mur Occidental

Vestiges supposés de la prise de Jérusalem, au pied du Mur Occidental

 

 

Annonce de la destruction du Temple : Luc 21, 5-19
Autres lectures : Malachie 3, 19-20; Psaume 97(98); 2 Thessaloniciens 3, 7-12

 


En cette fin d’année liturgique, le Lectionnaire nous offre des extraits du discours de Jésus sur la fin du monde. Or, chez Luc, alors qu’il était encore en route vers Jérusalem, Jésus avait déjà annoncé son retour glorieux à la fin des temps (17,22-37). De sorte que le texte de ce dimanche « traite de la ruine de Jérusalem, sans y mêler la fin du monde » (note de la BJ). Cela devrait nous rassurer. Au moment où Luc écrit son évangile, les prophéties de Jésus concernant la fin tragique de Jérusalem se sont déjà réalisées. Les Romains ont assiégé Jérusalem et l’ont détruite en 70 après Jésus Christ. Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit, disait Jésus (Lc 21,6). Ces jours de destruction étaient déjà passés au temps de Luc.

Un discours qui s’adresse aux disciples de tous les temps !

     Il serait toutefois dommage qu’à cause de cela, nous attachions moins d’importance à ce que dit Jésus. Dans le texte parallèle de l’Évangile de Marc, ce discours constitue une réponse à une question des disciples. Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde : quelles belles pierres ! quelles constructions! Mais Jésus lui dit : Tu vois ces grandes constructions? Il ne restera pas ici pierre sur pierre; tout sera détruit (Mc 13,1-2). Toujours chez Marc, le reste du discours s’adresse à un nombre restreint de disciples : Pierre, Jacques, Jean et André. Chez Luc, au contraire, la réflexion sur la beauté du Temple est attribuée à quelques personnes qui ne sont pas autrement désignées (21,5). Ce sont les mêmes qui posent à Jésus la question à laquelle répond le discours (v. 7). Luc ne dit pas qu’il s’agit de disciples […]. Il ne s’agit donc plus, chez Luc, d’un discours réservé à quelques privilégiés, ou aux disciples seuls […] »1. La question qui est posée à Jésus ainsi que sa réponse nous concernent donc nous aussi.

Choisir d’être disciples du Christ

     Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver? (Lc 21,7). La question ne vise en rien la fin des temps mais bien plutôt la ruine du temple. Fidèle à son habitude, Jésus ne répond pas vraiment. Il commence par servir un avertissement concernant les faux prophètes. Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux! (v. 8). Dit autrement : « ne devenez pas leurs disciples » ! Cette parole vaut aussi pour nous. Depuis le début du troisième millénaire, alors que nous attendions une ère de paix et de sérénité, notre monde a été particulièrement marqué par la violence et le terrorisme : New York (9/11), Paris, Bruxelles, Orlando, et j’en passe. Combien parmi nous, surtout chez nos jeunes, se sont effectivement laissés égarer? L’avertissement n’est pas vain : Ne marchez pas derrière eux! Il y aura aussi, dit Jésus, des conflits entre les humains : Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés (v. 9a). Quelle époque ne connaît pas de tels événements ? Ils ne manquent certainement pas de nos jours. Mais, nous dit Jésus, tout cela n’a aucun lien avec sa venue : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin (v. 9b).

Maintenir l’espérance

     Jésus avertit donc ses auditeurs contre la tentation de croire que l’heure finale est déjà arrivée, « que le Royaume de Dieu est sur le point d’apparaître dans sa gloire, que le Fils de l’homme va se montrer sur les nuées d’un moment à l’autre. De telles annonces provoqueraient une fièvre toute passagère, bientôt suivie de déception, peut-être d’une crise dans la foi : on cessera d’attendre, de vivre dans l’espérance »2. Si le risque est mince que nous attrapions une fièvre de la fin des temps, la tentation de la désespérance, elle, est bien réelle. Déception et crise de foi ne sont-elles pas déjà caractéristiques de notre temps?

Voici les signes

     Après avoir exclu les faux prophètes, les guerres et les désordres comme signes possibles de la fin des temps, Jésus reprend la parole : On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume (Lc 21,10). À première vue, la différence est mince entre guerres et désordres d’une part (v. 9) et le fait de se dresser nation contre nation, royaume contre royaume (v. 10), d’autre part! La différence repose sur l’amplification. Nous passons des guerres locales à celles touchant plusieurs nations. De plus, celles-ci seront accompagnées de phénomènes naturels (v. 11 : « grands tremblements de terre ») et des conséquences que provoquent conflits et cataclysmes : en divers lieux, des famines et des épidémies (v. 11). Comme si cela ne suffisait pas, il y aura aussi un ébranlement cosmique : des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel (v. 11).

Rester en tenue de service

     Il importe de réaliser qu’à chaque époque, l’humanité s’est trouvée confrontée à tous ces signes. Jésus ressuscité nous invite non pas à être à l’affût des signes de fin des temps, mais bien plutôt à être toujours prêts pour son retour. Rappelons-nous les paroles qu’il nous a dites pendant qu’il montait vers Jérusalem : Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils! (Lc 12,35-38).

Devenir témoins

     Jésus ne s’attarde pas longuement sur les signes de fin des temps. La conclusion de son discours insiste sur autre chose : avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom (Lc 21,12). Cette insistance sur la persécution n’est pas invitation au découragement, mais plutôt à l’engagement : Cela vous amènera à rendre témoignage (v. 13). Ce sera la mission confiée à toute l’Église en Ac 1,8! Une mission pour laquelle nous sommes bien armés ! Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer (Lc 21,14-15)! N’est-ce pas ce que réalise en nous le don de l’Esprit Saint? 

Contre vents et marée, persévérer

     Le plus déconcertant est que les opposants seront nos familiers : parents, frères, familles et amis. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom (v. 17). Pourtant, pas un cheveu de votre tête ne sera perdu (v. 18). D’où l’invitation finale que nous lance Jésus : C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie (v. 19). Cessons donc de chercher les signes de la fin des temps. Devenons plutôt des signes vivants de la présence du Christ parmi nous.

1 Jacques Dupont, « Les épreuves des chrétiens avant la fin du monde », dans Assemblées du Seigneur, NS 64 (1969), 77-86 (78).

2 Dupont, « Les épreuves des chrétiens », 80.

 

Yvan Mathieu, SM

 

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2507. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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