INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

4e dimanche de Pâques C - 17 avril 2016
 

L'Église, mère des vocations

Icône russe du Bon Pasteur (XIXe siècle)

Icône russe du Bon Pasteur (XIXe siècle).

 

 

 

Jésus proclame qu'il est le prophète par excellencet et le Fils de Dieu : Jean 10, 27-30
Autres lectures : Actes 13, 14.43-52; Psaume 99(100); Apocalypse 7, 9.14-17

 

Nous célébrons aujourd’hui le dimanche du Bon Pasteur, la 53ème journée mondiale de prière pour les vocations. Il serait tentant de reprendre avec ironie les paroles de Qohélet : Rien de nouveau sous le soleil (Qo 1,9)! Il semble en effet que plus nous prions, moins il y a de gens qui répondent à l’appel. Il y a chez nous de moins en moins de prêtres, de diacres, de religieux et de religieuses. Pourtant, la célébration du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde nous invite à changer notre regard. « Jésus Christ est le visage de la miséricorde du Père. […] Qui le voit a vu le Père (cf. Jn 14, 9). À travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu » (Misericordiae Vultus (MV chapitre 1). Nous pouvons nous laisser transformer par le regard du Christ à jamais vivant. « Ce qui animait Jésus en toute circonstance n’était rien d’autre que la miséricorde avec laquelle il lisait dans le cœur de ses interlocuteurs et répondait à leurs besoins les plus profonds » (MV chapitre 8). Plus l’Église laissera transparaître le visage de miséricorde du Christ, plus les appelés pourront répondre avec enthousiasme au Bon Pasteur.

Un regard qui appelle

     La miséricorde de Dieu, qui resplendit sur le visage du Bon Pasteur, est en effet la source de toute vocation chrétienne. « Toute vocation dans l’Église a son origine dans le regard plein de compassion de Jésus. La conversion et la vocation sont comme les deux faces d’une même médaille et elles se rappellent sans cesse à nous, dans notre vie de disciple missionnaire » (Pape François, L’Église, mère des vocations, message pour la 53ème journée mondiale de prière pour les vocations). Dans la mesure où tous les baptisés accueilleront le regard de compassion du Bon Pasteur, chacune et chacun pourront discerner leurs missions propres. L’évangile de ce dimanche trace pour tous les baptisés un chemin de conversion où le Seigneur nous appelle. Ce chemin comporte trois étapes : (1) Mes brebis écoutent ma voix; […] (2) elles me suivent. […] (3) jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main (Jn 10,27-28).

S’investir dans la foi avec amour

     Écouter la voix du Bon Pasteur d’abord. « “Écouter” signifie beaucoup plus que la simple audition de la parole : c’est l’attitude fondamentale du croyant en face du Christ. L’homme doit être ouvert, disposé à recevoir dans les paroles du Christ la Parole même, le Christ. […] Écouter signifie croire, croire en la Parole, le Logos » (Konrad Stemberger, « Les brebis du Bon Pasteur, Jn 10,27-30 », dans Assemblées du Seigneur, NS 25, 1969, 62-70 [64]). Et le fruit de cette écoute est la connaissance : Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais (Jn 10,27). Ou, comme l’avait dit Jésus un peu plus haut : Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent (Jn 10,14). « “Connaître” est une relation réciproque et signifie l’unité profonde de deux personnes » (Stemberger, 64).

Suivre le Christ

     Écouter et croire ne sont pas des gestes passifs. Ils engagent tout l’être, ils mettent en mouvement : Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent (Jn 10,27). Cet engagement de toute la personne envers le Christ fait déjà entrer dans l’héritage promis pour la fin des temps. À quiconque écoute sa voix et se met à le suivre, le Christ promet : Je leur donne la vie éternelle (Jn 10,28). Comme Pierre, dans la foi, nous pouvons dire au Christ : Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle (Jn 6,68 ; traduction liturgique 2013). Et le Bon Pasteur de répondre : Amen, amen, je vous le dis : celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, celui-là obtient la vie éternelle et il échappe au Jugement, car il est déjà passé de la mort à la vie (Jn 5,24).

Ne pas périr pour l’éternité

     D’où la troisième étape pour les brebis qui écoutent la voix du Bon Pasteur et qui le suivent : Jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main (Jn 10,28). Ces deux déclarations négatives font écho à d’autres promesses. À Nicodème, Jésus déclarait : Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle (Jn 3,16). Aux Juifs, il disait : Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour (Jn 6,37-39). À Marthe, il déclarera : Tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais (Jn 11,26).

     Il serait tentant de croire que Jésus s’est trompé. En effet, il est lui-même passé par la mort et aucun de ceux ou celles qui ont cru en lui n’a pu éviter la mort. Il importe ici de revenir au texte grec. « Plutôt que “il ne mourra jamais”, comme si la mort temporelle était évitée, il convient de traduire “pour toujours”, car Jésus vise la mort définitive » (Xavier Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean, Tome II, Paris, Seuil, 1990, p. 418, n. 41). Jésus, le Bon Pasteur promet donc que ses brebis ne mourront pas pour l’éternité : Au vainqueur, la seconde mort ne pourra faire aucun mal (Ap 2,13).

Contempler la grandeur du Père, être plongé dans sa miséricorde

     Entendre la voix du Christ, s’engager à sa suite, cela nous entraîne déjà dans la vie éternelle. Ces promesses naissent de la contemplation de la relation étroite qui unit le Père et le Fils. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN (Jn 10,29-30). Dans cette unité divine sont plongés tous ceux et celles qui accueillent la parole et qui y croient. Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé (Jn 17,21). De cette communion au Père au Fils et à l’Esprit dépend la qualité de notre témoignage.

L’Église, mère des vocations

     Contempler le visage de miséricorde du Bon Pasteur et accomplir ce qu’il attend de ses brebis (écoute, connaissance, engagement de tout l’être) nous permet déjà d’entrer dans la vie éternelle. Dans ces conditions, notre prière pour les vocations revêt un sens nouveau. D’où le souhait du pape François. « Comme je voudrais, au cours du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, que tous les baptisés puissent expérimenter la joie d’appartenir à l’Église ! Puissent-ils redécouvrir que la vocation chrétienne, ainsi que les vocations particulières, naissent au sein du peuple de Dieu et sont des dons de la miséricorde divine. L’Église est la maison de la miséricorde, et constitue le « terreau » où la vocation germe, grandit et porte du fruit » (« L’Église, mère des vocations »).

 

Yvan Mathieu, SM

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2486. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Au-delà des signes, une présence