INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

5e dimanche de Pâques C - 24 avril 2016
 

Une belle histoire

La dernière cène

La Cène par Léonard de Vinci (1495-1498), église Santa Maria delle Grazie de Milan

 

 

 

Introduction aux discours d'adieu : Jean 13, 31-33.34-35
Autres lectures : Actes 14, 21-27; Psaume 144(145); Apocalypse 21, 1-5

 

Dans les anciens programmes scolaires, les jeunes apprenaient le contenu de la Bible sous forme d'histoires. La matière s'appelait : Histoire sainte. On y retrouvait des héros: les patriarches (Abraham, Isaac, Jacob, etc.), les prophètes (Isaïe, Jérémie, etc.), Jésus, les douze apôtres. On y retrouvait aussi des méchants qui voulaient empêcher la croissance du peuple de Dieu de la Première et de la Nouvelle Alliance (les rois païens, l'élite d'Israël qui a rejeté le Seigneur). Pour la célébration de ce dimanche, la Parole de Dieu présente trois épisodes de l'histoire de l'Église : ses débuts avec l'Évangile (Jean 13, 31-35), sa situation présente avec la première lecture (Ac 14, 21-27) et son futur avec la deuxième lecture (Ap 21, 1-5).

Les débuts

     L'Évangile raconte un moment important du commencement de l'Église. Jésus va être crucifié. Il le sait. Judas, le traître, a quitté la table de la dernière Cène. Le processus menant au salut est en marche. En laissant partir Judas, le Seigneur a accepté sa destinée. Il va accéder à la requête du Père en mourant sur la croix. Par la suite, le Père va ramener son Fils à la vie et, ainsi, rétablir le lien rompu par le péché entre Dieu et l'humanité.

     Dans ces circonstances, Jésus va transmettre aux apôtres un message crucial: la règle fondamentale qui régira la future communauté des enfants de Dieu, l’Église : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. L'amour fraternel constitue le principe fondateur de l'Église qui est aussi la présence sensible du Christ sur la terre. Il faut remarquer que le Maître précise qu'il faut aimer à sa manière.

     Les Évangiles décrivent cet amour. Il est inconditionnel. Jésus a toujours accueilli les exclus, les malades. Il ira manger chez un collaborateur romain, un publicain, et dialoguera avec une Samaritaine. Ces catégories de personnes étaient rejetées par la société juive bien-pensante. Il osera s'approcher des lépreux et des lépreuses. Jésus montrera que le contact avec ces personnes ne le rend pas impur, c’est-à-dire inapte à participer au culte. L'amour chrétien a aussi comme objectif le bien-être du prochain, son évolution vers une plus grande autonomie. Il a redonné la faculté de marcher à des paralytiques, la vue à des aveugles et l'ouïe à des sourds. Ces miraculés ont donc pu mener des vies plus productives dans la société. Avec toutes ses œuvres caritatives, l'Église a suivi l'exemple de son fondateur. Enfin, l'amour du Christ ne connaît pas de limites. Les disciples du Seigneur doivent aimer leurs ennemis et leur pardonner. Jésus va même pardonner à Judas, le traître qui va le livrer aux autorités religieuses juives. Aimer comme le Christ constitue un défi exigeant. Il peut cependant être relevé grâce à l'aide de l'Esprit qui sera envoyé par le Sauveur après son ascension.

Le présent

     La première lecture décrit l'état actuel de l'Église. Depuis la mort et la résurrection du Christ, elle grandit sans cesse. Cette croissance exprime la volonté du Christ lui-même. Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création (Marc 16, 15). Cet extrait des Actes des Apôtres relate un épisode fondamental de l'expansion ecclésiale: l'ouverture au monde non-juif ou païen. L'artisan de ce décloisonnement est l'apôtre Paul présent constamment dans ce récit. Avec des collaborateurs comme Barnabé, il a parcouru l'Empire romain et suscité la conversion de nombreux païens. Sous l'influence de l'Esprit, Paul a saisi que l'Église devait aller au-delà des rites et des lois juives. La loi spirituelle de la Nouvelle Alliance, l'amour fraternel, ne peut pas être emprisonnée dans un schéma culturel ou liturgique. La Bonne Nouvelle est universelle. Et Paul va appliquer ce qui lui a été révélé.

     Et cette application débute par l'éducation. Avant d'organiser des communautés, Paul va annoncer  le message du Christ. Ses auditeurs accepteront ou refuseront le message évangélique.  Les gens qui auront décidé de suivre le Seigneur seront officiellement intégrés dans l'Église par le baptême où l'eau purificatrice devient le symbole du passage de l'état de pécheur à celui d'enfant de Dieu. Après cette éducation, l'étape suivante était l'organisation des communautés.  Paul va placer des chefs à la tête des groupes, des anciens choisis sous l'influence de l'Esprit dans la prière et le jeûne. Ces chefs sont là pour éviter le désordre causé par les tendances égoïstes de la nature humaine. Malgré l'influence de l'Esprit, l'être humain reste très vulnérable. Il risque de retomber dans un amour exagéré de soi qui s'exprime trop souvent dans une course vers le pouvoir ou le prestige.

     La croissance ecclésiale suit le même schéma aujourd'hui. L'Église annonce la Bonne Nouvelle du salut chrétien. Les gens acceptent ou refusent l'Évangile. Les personnes qui ont consenti à suivre le Christ seront officiellement intégrées dans l'Église en étant baptisés.

Le futur

     L'Histoire sainte est une histoire parce qu'elle a un début et une fin. En effet, les chrétiens et les chrétiennes croient que l'univers matériel se terminera lors du Jugement dernier. Les personnes qui ont aimé comme le Christ seront rassemblées dans la Jérusalem céleste près du Seigneur. Les gens qui ont fait le mal, qui n'ont pas aimé comme le Ressuscité n'habiteront pas le Royaume éternel et ne connaîtront pas la joie d'être proche du Sauveur. Cette joie a souvent été comparée avec le bonheur ressenti par des nouveaux mariés lors des noces: une félicité dont la caractéristique est l'amour.

     L'auteur de l’Apocalypse, la deuxième lecture, affirme aussi que la souffrance humaine sera inexistante dans ce Royaume (plus de pleurs, ni de cris, ni de tristesse). La douleur sera absente parce que l'être humain sera transformé comme le Christ a été transformé lors de sa résurrection. Le corps humain transformé ne sera plus soumis aux limites matérielles du temps et de l'espace. Ainsi la maladie et la mort auront disparu. En plus, les personnes cohabiteront avec Dieu dans la Jérusalem éternelle. Et Dieu sera la source de l'amour qui, inondant le cœur des hommes et des femmes de bonne volonté, fera disparaître l'égoïsme, l'amour exagéré de soi. Ainsi le mal causé par des êtres humains contre d'autres êtres humains sera éliminé. Un ordre parfait règnera donc dans ce monde éternel, hors du temps et de l'espace.

     Les baptisés attendent depuis deux mille ans la venue du Royaume du Père. Certains trouvent le temps long et désespèrent. Jésus conseille à ces personnes d'aimer davantage comme Lui en aidant les déshérités, en pardonnant aux ennemis. Il avertit aussi de ne pas prêter attention aux faux prophètes qui, se réclamant de Lui, affirment que la fin du monde est proche. Quelquefois, ces imposteurs proposent même la date précise du Jugement dernier. Il ne faut pas les écouter. Il faut plutôt garder son attention fixée sur la prédication des responsables qui affirment, comme le Christ, que seul le Père connaît la date de la fin du monde. Ainsi, avec une perception ancrée dans le présent, les personnes désespérées découvriront que le Royaume est déjà dans notre monde. Il n'est pas achevé, certes, mais il se bâtit de minute en minute.

 

Benoît Lambert, bibliste

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2487. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
L'Église, mère des vocations