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6e dimanche ordinaire A - 7 février 2017
 

Le don de la Loi nouvelle

Le sermon sur la montagne, peint par William Hole vers 1900

Le sermon sur la montagne, peint par William Hole vers 1900

 

 

 

Jésus et la Loi : Matthieu 5, 17-37
Autres lectures : Siracide 15, 15-20; Psaume 118(119); 1 Corinthiens 2, 6-10

 

Depuis deux dimanches, nous poursuivons la lecture du Sermon sur la montagne selon l'évangéliste Matthieu (5, 1-12a : les béatitudes; 5, 13-16 : la mission du disciple). Aujourd'hui, la péricope biblique 5, 17-37 expose comment les disciples peuvent être sel de la terre et lumière du monde. Au départ, la déclaration de Jésus est lourde de sens : Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes, je ne suis pas venu abolir, mais accomplir (5, 17). Quel est donc cet accomplissement proposé par le Seigneur?

    Les lois rebutent souvent les humains; certains ne se gênent pas pour les enfreindre au péril de leur vie ou de celle du prochain. On n'a qu'à penser au code régissant la circulation, promulgué pour protéger la vie. Chaque individu, par sa réflexion et au fil de son expérience, devra se départir de cette perception  que les règlements sont dictés d'en haut et briment sa liberté. Les lois humaines, bien qu'imparfaites et toujours perfectibles, ont comme fonction d'éclairer, de guider pour atteindre un vivre ensemble harmonieux. Quant à Jésus, qui est pénétré de la Loi de Dieu donnée à Moïse et actualisée par les prophètes, à leur époque, Il va approfondir et radicaliser les enseignements du Premier Testament.

Dieu donne la Loi à Moïse

    Cette Loi fut inscrite sur des « tables de pierre », mais elle doit être vécue de l'intérieur. Il ne peut être question de négligence, d'une application méticuleuse, se contentant d'un minimum et ne respectant que la lettre. Cette Loi a été pensée par Dieu et exprime son désir. Les êtres humains doivent travailler à découvrir, au plus intime d'eux-mêmes les intentions profondes que Dieu, ainsi que les conséquences de ce don gratuit, afin de recevoir cette Loi, avec reconnaissance. Un auteur établit un lien entre la Loi et la création. En créant l'homme et la femme, Dieu leur délègue le pouvoir et la tâche de se créer,  c'est-à-dire à se faire à l'image et ressemblance de l'Amour... On ne se crée pas n'importe comment, mais selon la Loi (M. Domergue).Chaque membre du peuple choisi, en se recevant de Dieu, est donc appelé à fournir l'effort nécessaire afin de vivre en toute fidélité à l'Alliance conclue avec Abraham, puis avec Moïse.

Jésus et la  fidélité à la Loi

    L'Alliance au Sinaï préfigure l'Alliance nouvelle. Jésus  accomplit  totalement la volonté du Père, dans son ministère, sa passion et, ultimement, dans sa vie livrée par amour. Il est alors Celui qui fait apparaître au grand jour ce que recélait la Loi donnée à Moïse, en passant des interdits -des actes à éviter qui anéantissent la vie- aux gestes incommensurables qui assurent et épanouissent le prochain.

    Devant les disciples et la foule assemblée, son enseignement va éclairer  les aspects que les scribes et les Pharisiens n'ont pas compris. Deux expressions, prononcées avec autorité, martèlent ses paroles : Vous avez appris qu'il a été  dit.... (vv. 21.27.31). Eh  bien moi je vous dis... (vv. 22.28.32).

Tu ne commettras pas de meurtre ... (v. 21; Exode 20, 13); 
Tu ne commettras pas d'adultère (v. 27;  Exode 20, 14);
Si quelqu'un renvoie sa femme, qu'il lui donne un acte de répudiation (v. 31);
Tu ne feras pas de faux serments... (v.33; Lévitique 19, 12; 23, 22-24).

    Ces commandements ne se résument-ils qu'à des actes à éviter? Évidemment, non. Jésus  élargit le champ, l'étendue des devoirs à l'égard du prochain.  Au plan moral, on ne doit pas porter atteinte à son prochain en le traitant de « tête vide, de renégat », en l'intimidant, en exerçant indûment une pression exagérée. Tous ces actes recèlent de la violence : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal (v. 22). De même pour l'insulte et la malédiction prononcée contre un des frères. Déjà, le juif pieux a entendu le conseil : Ne fais à personne ce que tu n'aimerais pas subir (Tobie 4, 15).

    Le croyant qui se reçoit de Dieu est appelé à une relation authentique avec Dieu et avec son prochain,  et Jésus, en priorité, établit la bienveillance et invite à la réconciliation : Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère... (vv. 23-24).

    Le deuxième commandement considère la situation de l'homme face à la femme. Dans le milieu juif, la femme appartient à son mari et l'adultère d'un homme marié avec une femme mariée est passible d'une exécution: Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne à la chute, arrache-le et jette-le loin de toi...  (vv. 27-29.31). À Qumrân et chez les rabbins, on insistait sur la nécessaire maîtrise des sens. Un  exemple vient de Job  lorsqu'il affirme : J'avais conclu un pacte avec mes yeux, pour ne faire attention à aucune jeune fille (Job 31, 1).  Jésus va condamner l'adultère, la convoitise et le divorce: Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d'union illégitime la pousse à l'adultère; et si quelqu'un épouse une femme renvoyée, il est adultère (v. 32). L'Envoyé de Dieu rend indissociable le mariage qui est une image de la fidélité de Dieu. On  constate ici une radicalisation  de la Loi ancienne : on passe d'une rectitude  extérieure  à ce qui habite vraiment le cœur de l'homme et de la femme, et qui peut engendrer certains actes répréhensibles, méprisant alors le droit que possède son prochain d'être considéré et aidé.

    Le  dernier commandement examine l'engagement des humains face à Dieu. Devant Dieu qui a créé les hommes, le parjure ou le faux-serment  constitue une grave offense. On touche à ce qui appartient à Dieu. La seule attitude qui correspond au don reçu, c'est l'effort persévérant  pour correspondre au désir de Dieu, dans la conformité entre son être et son agir. La première lecture tirée de Ben Sirac affirme ceci: Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle (15, 15).

Heureux qui règle ses pas sur la Parole de Dieu

    Le psaume choisi, étroitement lié au récit évangélique peut nourrir notre méditation. Le psautier renferme de rares cas de psaumes commençant par une béatitude. Le premier en est un: Heureux l'homme qui ne marche pas suivant le conseil des méchants... mais qui prend son plaisir en la Loi de Yahvé (v. 1). Le très poétique psaume 119, composé de 176 versets, en est un deuxième (vv. 1-2) où la Loi est magnifiée. Écrit de sagesse, ce psaume envisage les préceptes 1 sous l'angle de l'émerveillement et de la joie. C'est que Dieu intervient au cœur de chacun en l'éclairant. Il suscite une recherche intérieure afin que la décision, prise librement, soit le bien et non le mal (vv. 4-5). La Loi comme  guide,  comme chemin de vie et de maturité spirituelle! Fais-moi marcher dans le sentier de tes commandements, car j'y ai mon plaisir... (v. 33);  Que je sois au large en ma démarche, car j'ai cherché tes préceptes (v. 45). Ce bonheur que procure la fidélité  rejoint la joie de ceux et celles qui humblement cherchent à assouplir leurs pensées pour vivre la douceur, la pureté, la paix et la miséricorde, recommandée par la grande charte évangélique (5, 1-12)!

L'unique précepte : l'amour

    Dans l'inédit de la Loi nouvelle vécue par le Fils, Dieu convie les humains à devenir semblables à Lui, c'est-à-dire à se donner sans réserve. L'Esprit inscrira dans les cœurs les orientations  et les comportements à développer, les actes à poser. Il s'agit de renverser la tendance à assouvir ses besoins et ses envies égoïstes, en gestes d'ouverture à l'autre. Des actes de tendresse et de compassion, de bonté, de bienveillance et de pardon. Ainsi on découvrira ce que Paul dévoile aux Romains : L'accomplissement de la Loi, c'est l'amour (13, 10).

1Les mots employés pour traduire la volonté de Dieu : lois, et sept synonymes paroles, ordres, voies, préceptes, décrets, commandements, règles.

 

Julienne Côté, CND

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2520. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Le sel et la lumière