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6e dimanche de Pâques A - 21 mai 2017
 

Vous êtes en moi et moi en vous... et vous vivrez

Descente du Paraclet sous la forme du Saint-Esprit cinquante jours après avoir été promis par Jésus (Apocalypse de Bamberg, ~1010).

Descente du Paraclet sous la forme du Saint-Esprit
cinquante jours après avoir été promis par Jésus
 (Apocalypse de Bamberg, (1010).

 

 

 

Le Paraclet, Jésus et le Père viendront vers ceux qui aiment Jésus : Jean 14, 15-21
Autres lectures : Actes 8, 5-8.14-17; Psaume 65(66); 1 Pierre 3, 15-18

 

La péricope évangélique de ce dimanche se situe à l'intérieur du discours d'adieu de Jésus, lequel est plein de promesses (13, 31-14,31). Toute personne qui accompagne la fin de vie d'un père, d'une mère, d'un frère ou d'une sœur, sait recueillir les dernières paroles prononcées; les derniers moments sont précieux et les  regards échangés  imprègnent  sur une longue durée l'esprit et le cœur. Au fil des jours qui passent, l'absence est transcendée. La connaissance de l'être cher disparu s'approfondit; une proximité intérieure s'accroît. Ce vécu  nous permet de saisir un peu plus ce que fut, pour les disciples,  la mort de leur Maître. Terrassés, effrayés, ils vont, petit à petit, découvrir, expérimenter et s'imprégner au fond d'eux-mêmes des paroles de Jésus. L'ultime discours de Jésus nous fait voir ce cheminement effectué dans la vie des premières communautés chrétiennes, ce passage de la présence physique de Jésus puis de son absence, à sa présence invisible mais bien réelle.

    L'évangéliste, au chapitre 14, versets 4-11, présente le chemin de Jésus vers son Père, un sujet de préoccupation pour les disciples, bientôt orphelins. Les versets 12-14 évoquent la promesse d'œuvres  plus grandes (v. 12), et également cette autre promesse d'une prière qui sera exaucée : Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai (vv. 13-14).

L'observance des commandements

    Jésus invite ses disciples à rester fidèle à ses commandements, à sa Parole (v. 15). Il leur fait comprendre que l'amour qu'on lui porte est premier et que sa mise en pratique en est une conséquence. C'est l'amour du Christ pour ses disciples qui constitue la base de la fidélité à garder la Parole (14, 23s; 1 Jean 2, 4-5). Reconnaître que  nous sommes aimés, de jour en jour, dans la foi, la confiance et l'action de grâce et répondre par amour. Et cet amour réciproque fait vivre, engendre des actions généreuses et désintéressées, des gestes significatifs. Cet engagement total, on le comprend, va au-delà de la pratique des commandements donnés à Moïse, il comporte les instructions de Jésus et la totalité de son agir.

L'envoi du Paraclet, l'Esprit de vérité

    Dans le discours après la cène, contrairement au reste de l'Évangile, l'Esprit est désigné par le terme Paraclet, employé cinq fois. Le mot grec -paraklètos, «celui qui est appelé auprès de»-renvoie généralement au défenseur, à l'avocat du pauvre ployant sous le poids de difficultés, d'où sa connotation juridique. Au chapitre 14, le terme  désigne différents rôles de l'Esprit, qui s'éclairent par le contexte.  Ce titre de Paraclet qui désigne une fonction, occupe le premier plan et est explicité par l'expression Esprit de vérité (14, 17; 15, 26; 16, 13) : Moi, je prierai le Père: il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité...mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous (14,16-17).

Je vous ai dit cela tandis que je demeurais auprès de vous. Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit (14, 25-26; aussi 15, 26-27; 16, 7-11.13-15).

C'est votre intérêt que je parte, car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous, mais si je pars je vous l'enverrai (16, 7).

Mais quand il viendra, celui-là, l'Esprit de vérité, il vous guidera dans la vérité toute entière; car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu'il entendra, il le dira et il vous expliquera les choses à venir (16, 13).

    Comme l'explique l'exégète Xavier Léon-Dufour, la tâche du Paraclet  se résume à trois fonctions : être avec et dans les disciples, enseigner et faire comprendre le destin historique du Christ et  les enseignements qu'Il a donnés pour les rendre mémorables, et témoigner de Jésus, c'est-à-dire s'engager au service de la vérité. On le constate,  la dimension de la Parole  est soulignée avec force.

    Mais par qui l'Esprit vient-il aux chrétiens? Il est dit que l'envoi  repose sur l'initiative de Jésus lui-même, qui prie le Père d'envoyer l'Esprit (14, 16-17). Ailleurs, Jésus affirme, qu'après son départ, il enverra l'Esprit (16, 7). À la lecture, on aura noté la mention d'un autre Paraclet, c'est-à-dire un second, désignant celui qui vient dans la période post-pascale. C'est dire qu'il y en a eu un premier qui est Jésus lui-même, habité par l'Esprit de Dieu.  Dans la Première épître de Jean, il est affirmé clairement : Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons un Défenseur devant le Père, Jésus Christ qui est juste (2, 1). Le sens à donner au mot dans ce contexte est celui «d'intercesseur en raison de son sacrifice.» Cette promesse ne peut que réconforter et raffermir  les chrétiens qui rencontrent oppositions, hostilités et persécutions au sein du monde qui se ferme à  la bonne nouvelle de Jésus, Lumière du monde (14,17).

    À qui est offert l'Esprit? L'Esprit est offert aux croyants, aux communautés chrétiennes. Cinquante ans et plus après le départ de Jésus et de la plupart des premiers témoins, l'Église reconnaît et vit de la présence de l'Esprit: Mais quand il viendra, celui-là, l'Esprit de vérité, il vous guidera dans la vérité tout entière; car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu'il entendra,  il le dira et vous expliquera les choses à venir (16, 13). Une présence qui sait faire surgir le sens ultime des paroles de Jésus et les actualiser. En définitive, « Il donne naissance à une nouvelle parole de ce même Christ » (J. Zumstein).  Comme on le constate,l'Esprit de vérité rend hommage à la personne du Christ présenté comme le chemin, la vérité et la vie (14, 6; 18, 37); il enseigne la fidélité (14, 21) à Celui qui a vécu parmi les siens dans une période de temps limité,  Celui qui, dans sa vie parmi les siens, sa mort, sa résurrection, a fait voir et connaître le Père, Dieu-Amour (1 Jean 4, 8,16). Il y a une unité d'amour entre le Père et le Fils, une unité d'amour entre Jésus et les croyants grâce à l'Esprit qui ouvre les cœurs. L'Esprit ne peut être pensé indépendamment de la personne du Christ comme l'exprime si bien Jean Grosjean : « Le Fils nous donne sa respiration de Fils, après ses jours de Messie viennent les jours de son Souffle ».  

    L'Esprit se préoccupe de la vérité de chaque être humain, laquelle se manifeste de multiples façons, au gré des jours et des rencontres, dans la manière d'être à l'égard des autres, particulièrement envers les plus démunis. Chaque jour, le Souffle de Dieu sait soutenir, réconforter, insuffler un nouvel élan lorsque la lassitude ou le doute tentent de s'installer. Chaque jour, il est à demeure en nous pour faire surgir une créature nouvelle.

L'Esprit donne audace et persévérance

    Après la Pentecôte, où les Apôtres ont été les premiers destinataires de l'Esprit, les témoins de la résurrection vont poursuivre la mission de Jésus dans la capitale juive, Jérusalem. Avec le martyre d'Étienne, les membres de l'Église naissante vont se disperser. Ainsi, Philippe, un des sept diacres (Actes 6, 3) se rend en Samarie, en toute connaissance de l'hostilité existant entre les Samaritains et les Juifs. Inspiré, il proclame le Christ, et accomplit des gestes qui font vivre. Les cœurs s'ouvrent et les Apôtres Pierre et Jean vont imposer leurs mains sur ces baptisés qui à leur tour recevront l'Esprit (1ère lecture : le Livre des Actes 8, 5-8.14-17).

    Ce courage de témoigner est évoqué également dans la deuxième lecture (Première lettre de Pierre 3, 15-18). Elle s'adresse à des chrétiens d'Asie Mineure, convertis du paganisme, des chrétiens  que l'Esprit anime et vivifie, et qui sont appelés à manifester à travers leur vie la douceur et le respect, la droiture et un amour authentique, durable et actif, jusque dans l'épreuve. Ainsi ils rendent visible l'espérance qui est en eux.

 

Julienne Côté, CND

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2534. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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