Parabole des dix jeunes filles (détails). William Blake, c. 1999-1800. Aquarelle, crayon et encre noire. Metropolitan Museum of Art, New York.

Voici l’Époux, sortez à sa rencontre.

Julienne CôtéJulienne Côté | 32e dimanche du temps ordinaire (A) – 8 novembre 2020

Les dix jeunes filles : Matthieu 25, 1-13
Les lectures : Sagesse 6, 12-16 ; Psaume 62 (63) ; 1 Thessaloniciens 4, 13-18
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Un des derniers écrits de Premier Testament a été rédigé en grec, à Alexandrie, au premier siècle avant Jésus-Christ (vers 50). Ce livre nous invite à rencontrer à la fois la sagesse que les êtres humains ont développée au fil des siècles et cette Sagesse, « le parfait jugement », « l’intelligence », attribut proprement divin, donné par Dieu. À l’école des Écritures, on apprend qu’elle est « ce par quoi Dieu agit dans le monde, tant pour créer que pour sauver ». Elle est un souffle de la présence divine… Un reflet de la lumière éternelle, un miroir sans tache de l’activité de Dieu, une image de son excellence (Sagesse 7,25-26). Elle est à la portée des croyants, se met au service de qui la cherche ; elle relève et console, elle prend l’initiative, elle devance (6,13). Cette sagesse est Dieu désireux de se faire connaître, qui sollicite l’amour des croyants. Dieu aime le premier et «nous recevons à la fois, ce qui est donné et notre aptitude à recevoir».

Les croyants et croyantes sont appelés à la chercher dans un état de veille perpétuel (6,15) qui les protégera de bien des soucis. Qui la cherche, la trouve : Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas, il la trouvera assise à sa porte (6,14). La porte de son cœur, sachant qu’elle est donnée par la grâce de Dieu.

La destinée éternelle des chrétiens

Dans la Première épître aux Thessaloniciens, Paul répond à un questionnement des membres de la communauté au sujet des morts (4,13). Que deviennent-ils? Leur mort est-elle définitive? L’apôtre leur enseigne que compte tenu qu’ils sont assimilés au Christ, ils passent comme le Christ par la mort et ils connaîtront la résurrection : Puisque nous le croyons, Jésus est mort puis est ressuscité, de même, ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les emmènera avec lui (4,14 ; 1 Corinthiens 15,22).

Dans un deuxième temps, de manière imagée (v. 16), à la façon des entrées triomphales des souverains de l’époque, Paul évoque le dernier avènement de la venue du Seigneur. Alors, les vivants devanceront-ils ceux qui sont décédés? Ces derniers auront-ils de nouveau la vie quand le Seigneur reviendra? Paul s’empresse d’insister sur la destinée éternelle de chacun : Le Seigneur descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu ; après quoi nous, les vivants, qui seront encore là, nous serons réunis à eux et emportés pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours (4,16-18 ; Exode 19,10-18). Veillons donc, pour être prêts au moment de la parousie, cette heure du retour du Christ.

La parabole des dix vierges

Aux derniers dimanches de l’année liturgique, l’évangéliste Matthieu présente successivement trois paraboles, celles du serviteur (24,45-51), des dix vierges (25,1-13) et des talents (25,14-20). Elles font partie du discours eschatologique de Jésus, concernant les fins dernières des individus, la fin d’un monde. Cet enseignement se situe peu de temps avant la dernière montée de Jésus à Jérusalem.

La parabole enseigne, dévoile ; elle est un récit qui présente des situations concrètes de la vie, lesquelles ouvrent sur un sens à déchiffrer, une interrogation personnelle. À l’époque, la noce palestinienne comportait, chez les parents de l’époux, un rassemblement qui débutait à la tombée de la nuit. La soirée comportait l’arrivée d’un cortège de dix vierges avec l’Époux, des demoiselles d’honneur, appelées à réjouir l’assemblée par leurs chants et leurs danses. Cinq, les avisées « qui ont du cœur », se munissent de leurs lampes et de l’huile dans des fioles ; les cinq autres, n’apportant pas suffisamment d’huile, sont dénommées les insensées – adjectif employé dans la Bible pour décrire ceux et celles qui se conduisent comme si Dieu n’existait pas (Psaume 14,1). L’huile symbolise évidemment, la présence, la joie de l’accueil, et la qualité de l’amour de celles qui veillent. Étonnamment l’époux se fait attendre, les vierges s’endorment. Lorsqu’il se présente, il devait venir à la rencontre des demoiselles qui l’auraient escorté vers la salle des noces (v. 10). L’époux, comme on s’y attendait, se dirigerait vers l’épouse, laquelle, dans ce récit, n’apparaît pas. En plus, il devient le portier guetteur qui refuse l’entrée aux insensées insouciantes : Je ne vous connais pas (v. 12). Quelle parole sévère qui surprend! Dans le milieu palestinien de l’époque, cette expression était courante pour indiquer qu’on n’a plus affaire à quelqu’un (Luc 13,24.27). Ces imprévoyantes, ici, ne mettent pas quotidiennement en pratique la Parole de Dieu ; celle-ci reste lettre morte, leur amour n’est pas réel.

Voici l’époux! Sortez à sa rencontre.

Il en est du Royaume de Dieu, ou des cieux, comme d’une noce (v. 1). Deux catégories se distinguent ici. Les dix vierges symbolisent vraisemblablement la jeune communauté matthéenne qui a accueilli la prédication évangélique et a accepté de vivre dans la foi au Christ ressuscité. Or, certains croyants et croyantes déplorent la longue attente du retour du Christ, sa parousie (24,3.27.37.39). Ils se désengagent, n’accomplissent plus les exigences acceptées lors de leur conversion. Leur foi s’affaiblit (6,30 ; 8,26), la tiédeur et l’indifférence s’accentuent, ils « s’assoupissent ». Ils ne disposent pas d’une provision d’huile, ils n’offrent pas une fidélité concrète vécue dans le quotidien, une foi solide qui les dirige vers la prière et l’engagement. D’autres croyants qui ont entendu les enseignements de Paul, ont mis les paroles en pratique, se sont rendus disponibles, partageant ce qu’ils ont reçu, attendant dans l’espérance. Même la nuit, leur cœur veille (Cantique des cantiques 5,2). Ils se tiennent prêts à accueillir l’Époux dont le désir est intense. Déjà, le prophète Osée avait décrit le désir de l’Époux, de Dieu appelant Israël : Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai dans la justice et le droit, dans la tendresse et dans l’amour ; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras Yahvé (2,21-22).

Et, soudain, au milieu de la nuit, le paysage s’illumine, c’est le passage des ténèbres à la lumière. La joie éclate. Un cri se fait entendre : Voici l’époux! Sortez à sa rencontre (v. 6). Les vierges avisées qui étaient prêtes entrèrent avec l’époux dans la salle des noces, elles qui ont accompli la volonté du Père, telle que le Fils l’avait enseignée.Quant aux vierges insensées, qui ne sont pas lumière dans leurs milieux, elles se heurtent à une porte fermée. Bien qu’appelées, elles tardent à vivre en communion avec le Christ. L’appel est pressant : Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Désirer le Christ, chercher à Lui ressembler, jour après jour, telle est la vocation des chrétiens. Soyez prêts à entrer dans la salle des noces. Dans le Psaume 62, le psalmiste exprime avec forcele désir de Dieu et de sa Sagesse : Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu. Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; auprès de toi languit ma chair, terre aride, altérée sans eau… (v. 2). Jour après jour, puissions-nous prier ce psaume avec ferveur!

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

Source : Le Feuillet biblique, no 2680. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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