L’Annonciation. Henry Ossawa Tanner, 1898. Huile sur toile, 144,8 x 181 cm. Philadelphia Museum of Art (WikiArt).

La magnificence du don de Dieu

Francis DaoustJulienne Côté | 4e dimanche de l’avent (B) – 13 décembre 2020

Annonce de la naissance de Jésus : Luc 1, 26-38
Les lectures : 2 Samuel 7,1-5.8b-12.14a.16 ; Psaume 88 (89) ; Romains 16, 25-27
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Les lectures bibliques du 4e dimanche de l’Avent exposent en pleine lumière la proximité de Dieu et sa gratuité sans limite. À l’égard de David qui désire construire un Temple, le Seigneur lui rappelle qu’Il est le Très-Haut, à l’origine de toute grâce (2 Samuel 7). L’annonce faite à David et l’annonce faite à Marie se répondent comme en écho. Quant à l’apôtre Paul, il souligne que la gratuité du salut n’est pas réservée exclusivement à Israël mais est un don fait à toutes les nations.

2 Samuel 7

David consacré roi d’Israël (5,3-4) ramène à Jérusalem l’arche d’Alliance (v. 6). Il habite – s’assoit, s’installe – dans sa maison de cèdre. Dans un échange avec le prophète Nathan, il dévoile sa décision de bâtir un temple pour l’arche d’Alliance. Le prophète acquiesce : Tout ce que tu as l’intention de faire, fais-le car le Seigneur est avec toi (v. 3).Voilà le projet qui est à l’horizon. Mais c’est compter sans la volonté de Dieu qui va se manifester au cours de la nuit : Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtira une maison pour que j’y habite? (v. 5). Un retournement radical pointe à l’horizon.

Le Seigneur refuse le plan de David, Il n’a jamais réclamé à David qu’on lui construise une maison. On n’installe pas Dieu, on ne Le fixe pas à quelque part. Dieu expose alors au roi tout ce qu’il a accompli pour lui : Je t’ai pris au pâturage…, je t’ai fait le chef de mon peuple, j’ai abattu tes ennemis… Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison… Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils… (vv. 5-14). Les demeures resplendissantes n’ajoutent rien à la grandeur de Dieu qui, au long des siècles, d’un lieu à un autre, a cheminé sous une tente de nomade, au milieu de son peuple (vv. 6-7). En fait, c’est Dieu qui est le bienfaiteur et qui s’engage par serment. Il est un soutien indéfectible qui nourrit l’espérance. David découvre que tout vient de Dieu.
 
Le psaume 88 évoque l’Alliance conclue entre Dieu et David et établie pour toujours : Sans fin, je lui garderai mon amour, mon Alliance avec lui sera établie pour toujours (vv. 28-30).

Romains 16

Gloire à Dieu qui a le pouvoir de vous rendre forts conformément à l’Évangile…

Dans la finale de l’Épitre aux Romains, l’apôtre Paul offre une louange très solennelle, une action de grâce au Seigneur, et invite ses disciples à une adoration émerveillée pour l’œuvre accomplie en Jésus Christ. De siècles en siècles, le mystère de Dieu est resté caché longtemps, dans le déroulement de l’histoire humaine. Créé à l’image de Dieu, l’être humain a dû apprendre la liberté pour ressembler à son Créateur. Par leurs interventions et leurs écrits, les prophètes ont préparé la venue de Jésus qui est union de Dieu et des humains. Ceux-ci doivent répondre en adhérant de tout leur être à l’Évangile ; ils sont appelés à grandir dans l’amour, à rejoindre Jésus Christ venu parmi eux et en eux, pour former la maison de Dieu, le corps du Christ.

Gloire à Dieu, le seul sage, par Jésus Christ et pour les siècles des siècles (vv. 25.27).

Luc 1

Les deux premiers chapitres de l’Évangile selon saint Luc exposent des moments décisifs vécus par le prêtre de la classe d’Abia, Zacharie, le juste irréprochable, officiant au Temple de Jérusalem, et par une jeune fille native de Nazareth, en Galilée. En mettant en parallèle l’un et l’autre texte, on découvre un éclairage précieux sur Marie, fiancée à un homme du nom de Joseph de la maison de David (v. 27).

Au départ, Marie n’a ni pouvoir ni savoir alors que Zacharie a un enracinement dans le peuple et utilise son savoir pour formuler un doute quant à la portée même du message qu’il reçoit (1,18). Pour Marie, le pouvoir et le savoir lui seront donnés au bon moment et, déjà, elle a un vouloir qui lui permet un don d’une grande pureté.
 
L’Ange entre en relation. D’emblée, il qualifie Marie non par rapport à la Loi –c’est le cas de Zacharie et d’Élizabeth (1,6) – mais par son rapport à Dieu : Salut, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi (v. 29) ou : Réjouis-toi qui est comblée de faveur divine. Marie est réellement visitée par Dieu selon la logique de l’Alliance.
Bouleversée quant à la signification de cette salutation, elle est rassurée par l’ange : Rassure-toi, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu (v. 30). Elle reçoit le pouvoir d’enfanter et la mission de donner un nom :

Voici que tu concevras et enfanteras un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus.      
Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
Il régnera et son règne n’aura pas de fin (vv. 30-33).

Ce message porte sur la relation de Marie à celui qui va naître d’elle. L’enfant à naître est dit fils par rapport à Marie et au Très-Haut. Il ne s’agit pas seulement d’une annonce mais d’une requête. À ce moment, Marie est mise à l’épreuve, elle ne sait pas comment cet enfantement se passera puisqu’elle ne connaît point d’homme (v. 34). Comment cela se fera-t-il? Alors la parole de l’Ange lui fournit l’éclairage :

L’Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre.
C’est pourquoi l’enfant sera saint et sera appelé Fils de Dieu (v. 35).

L’enfant à naître est dit fils par rapport à Marie et au Très-Haut. Ce deuxième message porte sur cette relation de Marie et de l’Esprit Saint, et sur le Très-Haut. Lorsqu’on lui dit qu’Élisabeth attend un enfant (v. 36), Marie y voit un signe majeur, éloquent de la présence de Dieu et de sa toute-puissance. Elle comprend que rien n’est impossible à Dieu. Mais le Tout-Puissant respecte la liberté humaine. Il est à la merci de la décision de Marie. Celle-ci passe de la peur (v. 29) à la foi en la Parole (v. 32) et s’engage en acceptant d’être la servante du Seigneur (v. 37). Elle se qualifie en recevant ce qui lui est donné. On peut alors dire que « Marie accomplit déjà, en elle-même le destin de Jésus qui aura à accepter ce que les Écritures disent de Lui [1] ». Marie, arche d’Alliance, Marie pleine de grâce, habitée par l’Esprit Saint créateur! Que notre action de grâce et de louange monte vers Dieu le tout aimant en ce 4e dimanche de l’Avent!

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

[1] Monique Rosaz, Lectures théologiques selon saint Luc. Tome 1 : Les récits d’enfance, Paris, Médiasèvres (Études bibliques 41), 2008.

Source : Le Feuillet biblique, no 2686. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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