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Voici venir des jours…

Julienne CôtéJulienne Côté | 1er dimanche de l’avent (C) – 28 novembre 2021

La venue du Fils de l’homme : Luc 21, 25-28.34-36
Les lectures : Jérémie 33, 14-16 ; Psaume 24 (25) ; 1 Thessaloniciens 3, 12–4, 2
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

À l’aube d’une nouvelle année liturgique, les chrétiens sont appelés à accueillir la venue du Seigneur Jésus. Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse (Jérémie 33,14).C’est un temps fort d’attente et le prophète Jérémie, l’apôtre Paul et l’évangéliste Luc viennent éclairer notre route pour aller à la rencontre du Seigneur.

Regard de foi sur l’histoire

Un certain temps avant l’exil à Babylone (587-537), le prophète Jérémie s’adresse à son peuple. Son propos est d’ordre apocalyptique, le terme signifiant « chose cachée, secrète ». C’est une révélation du sens des événements qui se déroulent entre le commencement et la fin. Il s’agit de l’histoire lue dans la foi. Les textes ne décrivent pas des événements à venir, ils dévoilent le sens de l’avenir, la signification, la direction, où cela conduit. L’humanité ne domine pas les événements qui sont le fruit de données naturelles et de la liberté de chacun. Quand les événements sont heureux, il faut les considérer comme des signes de la victoire de Dieu ; quand il y a catastrophe, on assiste au conflit entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort, entre Dieu et le chaos.

À un moment particulièrement sombre de l’Histoire d’Israël, le prophète Jérémie prononce un oracle : Voici venir des joursoracle de Yahvé- où je susciterai à David un germe juste ; il régnera en roi et agira avec prudence, il pratiquera droit et justice dans le pays. En ces jours, Juda sera sauvé et Israël sera en sécurité ; et voici le nom dont on l’appellera : « Yahvé-notre-justice » (23,5-6 ; voir aussi 33,14-16).Un descendant de David selon la chair aura l’esprit du grand roi et sera l’instrument du salut de Dieu qui justifie gratuitement.

Dans nos communautés, ce Germe de Justice nous est donné pour nous préparer à célébrer de nouveau l’événement de la Nativité. La promesse de bonheur faite à l’humanité par le Seigneur s’accomplira grâce à la miséricorde divine. Le monde nouveau souhaité et rêvé, surgira grâce aux efforts que les croyants et croyantes consentiront.

Le Psaume 24 (25) embrasse toute l’humanité croyante qui implore le Seigneur avec confiance : Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers Toi, mon Dieu. Cette confiance s’appuie sur la bonté du Seigneur qui est fidèle à sa promesse, à son alliance, qui fera justice et dont la préférence va aux humbles. Il est le Dieu qui « sauve »,que l’on célèbre particulièrement pendant le temps de l’Avent où le Seigneur entre dans nos cœurs pour en faire son sanctuaire. Les blessures seront guéries et l’unité intérieure rétablie.

Comment se préparer à la venue du Seigneur

Une vingtaine d’années après la mort de Jésus, Paul veille sur la communauté de Thessalonique avec la tendresse d’un père et l’amour d’une mère. Son profond attachement à ses frères et sœurs dans la foi a fait progresser leur cœur. Il leur rappelle avec insistance l’exigence évangélique : un amour toujours plus intense entre eux et à l’égard de tous, ainsi qu’un progrès constant dans la volonté de plaire à Dieu : Faites donc de nouveaux progrès… que le Seigneur vous donne entre vous … un amour de plus intense et débordant…, qu’Il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche (3,12.13 ; 4,1). Le Ressuscité transfigure déjà l’histoire de cette communauté primitive en attente. Orientés vers le retour de Celui qui les réunit, leur attente sera le but de leur vie. Ils se montreront vigilants et s’orienteront vers l’essentiel, en ayant un amour intense entre eux et envers tous, et en progressant avec constance dans le désir de plaire à Dieu.

Redressez-vous

Dans un langage apocalyptique, symbolique, l’évangéliste Luc évoque des cataclysmes à l’échelle de l’univers : bouleversements cosmiques, forces du mal individuelles et collectives, désordres et injustices. Il mentionne le mal toujours présent à travers les civilisations et les âges de l’humanité. Le temps est sombre. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde (v. 26). Dans cette situation douloureuse d’affolement et de chaos, Luc s’adresse aux premiers chrétiens venus du monde grec, en puisant dans le répertoire des manifestations divines de l’Ancien Testament. Ce faisant il affirme que les souffrances du temps présent n’auront qu’un temps, et qu’une transformation se produira, tel un renouvellement, un changement intérieur. On assistera à la naissance d’un nouveau monde. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée avec grande puissance et grande gloire (v. 27).

Le récit est lié à l’annonce de la destruction du Temple de Jérusalem (21,5-6), aux signes proches et lointains du jugement (vv. 7-11), de la persécution (vv. 12-19), du jugement de Jérusalem (vv. 20-24). Puis, se produira la venue du Fils de l’homme (notre texte vv. 25-27, v. 28), l’approche du Règne de Dieu. En tournant leur regard vers l’avenir, les croyants connaîtront la victoire finale de Dieu, inaugurée au matin de la résurrection. Cette victoire ne pourra s’accomplir que par une conversion, un renouvellement, une transformation radicale. Le message révélé veut raffermir une relation nouvelle entre Dieu et l’humanité ; il veut enseigner, encourager la pratique d’attitudes d’amour, de paix, de justice. Cela ne pourra s’accomplir que par la victoire du bien l’emportant sur le mal. Par leur agir et leur espérance au plan de Dieu, en étant témoins de l’amour incarné de Jésus, les premiers chrétiens et les croyants et croyantes des siècles suivants participeront à l’approche du Règne de Dieu.

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

Source : Le Feuillet biblique, no 2730. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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