Les noces de Cana. Joseph Matar, 1996. Huile sur toile, 100 x 81 cm (LebanonArt.com).

Le festin des noces du Messie

Julienne CôtéJulienne Côté | 2e dimanche du Temps ordinaire (C) – 16 janvier 2022

Le signe de l’eau changée en vin : Jean 2, 1-11
Les lectures : Isaïe 62, 1-5 ; Psaume 95 (96) ; 1 Corinthiens 12, 4-11
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Dieu renouvelle son alliance avec son peuple. À Cana, Jésus donne le vin messianique. Tout est joie, abondance, gratuité et vie.

Au début de l’Évangile, l’apôtre Jean relate les événements d’une semaine dont le septième jour évoque la manifestation de la gloire de Jésus (2,11). Il s’agit d’un mariage à Cana, en Galilée. Habituellement, les cérémonies se poursuivaient pendant sept jours. Dans le récit de ce jour, on n’évoque rien des époux, sinon que le marié avait l’obligation de remplir les six jarres de pierre, contenant l’eau destinée aux rites de purification (2,6). Chez les Juifs, les eaux vives servaient à de multiples actions. C’était un geste d’hospitalité (Genèse 18,4), elles servaient au lavage des pieds empoussiérés des voyageurs ; un geste exprimant le besoin d’un pardon, le désir d’être lavé par Dieu dans le cas de l’investiture d’un grand prêtre (Exode 29,4). Par ailleurs, les noces symbolisent l’alliance de Dieu avec son peuple. C’est une image qui traverse tout l’Ancien Testament.

Marie présente aux noces de Cana

Dans cet épisode, la mère de Jésus est mise en relief. Elle se rend compte du manque de vin et du désarroi que cela provoquera. Ce manque aurait pu être signalé par l’un ou l’autre invité. Non. C’est Marie qui souligne le manque. Elle témoigne de sa foi confiante au profit du bien commun et s’exprime avec autorité et douceur. Elle évoque la détresse d’Israël éprouvant le vide de la situation sans le Messie. Son intervention manifeste une grande confiance en l’initiative de Jésus. Elle est cet Israël disposé à obéir à Dieu et à son envoyé. Quoi qu’Il vous dise, faites-le (2,5). Cette noce renvoie aux noces de Dieu avec son peuple, dans le Christ Jésus. L’eau de la purification ne sera plus nécessaire. L’heure de Jésus! Ce sera par son sang que Jésus purifiera une fois pour toutes. Les jarres vont être remplies d’un vin d’alliance nouvelle et éternelle, versé pour la multitude en rémission des péchés. Il est question du Royaume de Dieu qui sera comme un bon vin, où la joie de vivre favorisera le partage et la communion entre tous. Désormais, l’attitude qui sera demandée sera de se tourner vers Jésus et de se laisser purifier et transformer par Lui, en étant le réceptacle d’une vie nouvelle.

Marie va informer Jésus, le présentant comme dispensateur de tous les biens du salut : Ils n’ont pas de vin (v. 2). Et le fils réagit en disant : « Que me veux-tu, femme? Mon heure n’est pas encore venue ». C’est le commencement d’un temps nouveau sous le signe du don, de sa mission au milieu de son peuple. L’heure de Jésus! L’Époux de la nouvelle Alliance obéissant au dessein du Père! Le texte de l’apôtre Jean pointe vraiment vers l’avenir : la multiplication des pains (6,14), la transformation de l’aveugle-né (9,16), la résurrection de Lazare (11,47). Puis, la croix, la mort-résurrection du Maître par lequel se manifestera pleinement sa gloire.

Le commencement des signes

Marie, est ici dénommée femme, tout comme, au pied de la croix (19,27). Sans demander un miracle, elle met Jésus en présence de la détresse d’Israël. Elle est celle qui est disposée à obéir à Dieu et à son envoyé. Et quel beau geste posé lorsque s’adressant aux servants, elle s’en remet à son fils, en tout, et invite les servants à obéir : Quoi qu’il vous dise, faites-le. Faites tout ce qu’il vous dira (v. 5).Jésus ne résiste pas, sa mère a dévoilé ce qu’il y a de plus intime en Lui. À la fin du récit, il est écrit : Tel fut à Cana de Galilée le commencement des signes de Jésus. Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui (v. 11). Ils crurent en Lui!C’est le commencement de la communauté des disciples, missionnaires de la Bonne Nouvelle. Le signe accompli par Jésus a pour but de dévoiler qui est Jésus et quelle est sa relation avec Dieu. Il laisse entrevoir ce que sera la plénitude des biens du Royaume. Et sa mère qui l’accompagne est associée à cette révélation : Dieu faisant alliance avec les humains en Jésus Christ. Et la joie immense du Christ fait irruption dans la vie de tous les appelés!

Les noces messianiques

Dans un premier temps, le prophète Isaïe évoque le retour des exilés à Babylone, après quarante années douloureuses, vécues éloignés de la Terre promise, du Temple et de la royauté. Aux infidélités suivra le pardon. Le peuple ne sera plus jamais à l’abandon. Le prophète annonce le retour en grâce de son peuple. Dieu aime tellement le peuple de l’alliance qu’il agit : Je ne me tairai pas, à cause de Jérusalem, je serai sans repos, jusqu’à ce que sa victoire surgisse comme une clarté et son salut flamboie comme une torche embrasée. Les nations verront ta justice, tous les rois verront ta gloire (v. 1-2). Alors que la gloire de Yhwh a déserté le peuple dispersé, voilà que tous se rassembleront et marcheront vers la lumière ; la perspective, l’espérance du retour favorisera un retournement, une marche vers la lumière. Quelle revanche après la défaite, quel passage! Tous publieront les exploits de Yhwh. Et le Psaume 95 (98), évoque l’invitation faite à toutes les nations de reconnaître ce qui revient à Dieu.

Diversité des dons et unique Esprit

Paul constate des divisions dans la communauté de Corinthe. Il reconnaît aussi une quantité surprenante de dons spirituels. Aussi rappelle-t-il aux croyants qu’il importe de discerner avec justesse que les dons offerts dans la communauté et dans le monde, ne peuvent tous avoir la même portée : Chacun reçoit le don du même et unique Esprit en vue du bien de tous (v. 7). Il ne peut être question de noterque certains soient supérieurs et d’autres inférieurs.

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

Source : Le Feuillet biblique, no 2739. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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