La parabole des vierges sages et folles (détails). Friedrich Wilhelm Schadow, entre 1838 et 1842. Musée Städel, Francfort-sur-le-Main (Wikipédia).

Une parabole nuptiale

Benoît LambertBenoît Lambert | 32e dimanche du Temps ordinaire (A) – 12 novembre 2023

Jésus juge les scribes et les pharisiens : Matthieu 25, 1-13
Lecture : Sagesse 6, 12-16 ; Psaume 62 (63) ; 1 Thessaloniciens 4, 13-18
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Les premières communautés chrétiennes avaient l’intime conviction que la seconde venue du Christ se ferait dans un avenir rapproché. Ils avaient donc des interrogations pressantes concernant ce sujet. Paul apportera, dans la seconde lecture de cette célébration, une réponse à une question fondamentale : qui va ressusciter à la fin des temps. En premier lieu, il ne faudra pas attendre que tous les humains soient décédés pour que le Seigneur revienne. Les personnes mortes seront ramenées à la vie en premier. Ensuite, Jésus amènera les ressuscités et les gens encore vivants lors de son retour au Royaume des cieux. Un grand soupir de soulagement a dû se produire chez les premiers croyants et croyantes, car plusieurs estimaient que la mort était une condition sine qua non pour accéder au paradis. Vivants, ils subiront la même transformation que les gens trépassés. Tous auront désormais un corps incorruptible comme le Christ.

La réponse du Christ

Jésus a lui aussi donné des indications sur l’Au-delà. Sa deuxième venue dans notre monde ne se fera pas progressivement, dans la délicatesse. Elle sera brusque et des signes annonceront son arrivée : une nature tourmentée, une humanité en crise (guerres, famines, épidémies), la présence de faux prophètes qui s’identifieront au Christ (Matthieu 24-25 ; Luc 21,5-36). Mais le fils de Marie n’a pas seulement décrit sa venue. Il a aussi transmis des informations sur le paradis. Souvent, il utilise des paraboles pour esquisser le Royaume.

Une parabole

Afin de parler de l’éternité, Jésus aurait pu élaborer un discours métaphysique sur le Royaume. Mais les auditeurs et les auditrices de Jésus n’étaient pas grecs ou romains. Israël est son public privilégié. La tradition de parler en paraboles était très présente dans la culture juive. Les prophètes du peuple élu avaient parlé en utilisant ce genre littéraire (2 Samuel 12). Le Maître va donc parler dans un langage que son auditoire va comprendre. La parabole peut être un dicton populaire, une image littéraire, une énigme ou une allégorie (un récit symbolique).

Étrange et familier

Jésus situe presque toujours ces allégories dans un monde qui est familier pour son assistance : la Palestine du 1er siècle. Elles présentent parfois des scènes du quotidien (un pêcheur qui tire ses filets, une femme qui fait du pain, un agriculteur qui sème). Mais il ajoute toujours un élément étrange qui renvoie à la réalité mystérieuse du Royaume. Dans la parabole des vierges sages et des vierges folles, il utilise la métaphore des noces, un événement dont le Sauveur a été témoin (Jean 2,1-11), Jésus va employer cet événement pour représenter l’atmosphère festive et joyeuse qui existe dans le Royaume. Il va utiliser l’image des épousailles pour illustrer le caractère solennel de sa venue. Une noce n’est pas un événement qui arrive à tous les jours. De plus, le mariage est un partenariat dans lequel les époux prennent des engagements comme de se soutenir et de se respecter. Jésus veut montrer par cette image qu’il s’engage envers son Église et qu’il va respecter ses promesses. D’ailleurs, il les respecte présentement puisqu’il est déjà actif dans la création par son Esprit. Mais ses promesses seront pleinement réalisées lors de son retour quand il se révélera pleinement à ses frères et sœurs humains. Enfin les mariages orientaux étaient célébrés dans la fraîcheur de la nuit. L’époux s’avançait vers la salle du festin nuptial et des jeunes filles éclairaient son chemin et formaient un cortège d’honneur.

Les symboles

Dans la Bonne Nouvelle de cette Eucharistie, Jésus est l’Époux qui se dirige vers la salle du banquet. Les vierges représentent l’assemblée des croyants et des croyantes. La lampe symbolise la conscience de chaque être humain. Et l’Esprit est évoqué par l’huile nécessaire pour éclairer la lampe. L’appel représente le moment de la réapparition du Christ. Et Jésus sépare ceux et celles qui répondront à l’invitation selon leur attitude : les personnes sages qui avaient de l’huile en réserve et les personnes étourdies qui n’avaient pas fait des provisions.

Un sort tragique

Les vierges étourdies n’auront pas accès à l’endroit où se tient la fête. Jésus proclame ainsi une réalité qu’il évoque dans d’autres passages évangéliques : tous les êtres humains n’entreront pas dans les cieux. L’Esprit-Saint aura déserté le cœur des personnes qui auront préféré les biens terrestres (gloire, pouvoir ou richesse) aux biens célestes. D’autres négligeront leur relation avec le Seigneur à cause des soucis matériels qu’ils auront. D’autres abandonneront le chemin de la foi à cause des persécutions physiques et psychologiques qu’ils subiront comme chrétien.e.s. La porte du Royaume leur sera fermée.

Aujourd’hui des fidèles ne peuvent pas concevoir que le Père n’accepte pas tous ses enfants bien-aimés dans son Royaume. Mais Dieu aime tellement chaque être humain qu’il ne veut pas les manipuler. Il respecte la liberté de chaque personne, liberté qui constitue le reflet de la Trinité dans le cœur humain. Le Christ, durant toute sa prédication, a invité son public à se convertir. Il l’a fait par des invitations et par des avertissements comme dans l’Évangile de cette célébration. Et il a souvent évoqué la Sagesse comme le bien qu’il faut absolument rechercher.

La Sagesse

La première lecture nous présente la Sagesse comme le bien le plus précieux. C’est la volonté de Yhwh. Elle est inscrite dans la Loi et les Prophètes. Dans le Nouveau Testament, la volonté divine est exprimée par l’Esprit dans la conscience des hommes et des femmes. Les vierges sages qui ont ouvert leur cœur au Paraclet ont obtenu l’accès au paradis. Elles ont manifesté cet accueil en aimant Dieu et en aimant inconditionnellement leur prochain. Elles ont prié, jeûné et donné de manière désintéressée aux pauvres. Elles n’ont pas agi comme les vierges étourdies qui n’ont pas accueilli la Sagesse que le Seigneur voulait leur donner. Mais, il y toujours de l’espoir. Tout au long de leur vie, les gens peuvent se convertir et entrer dans l’au-delà où le Seigneur a préparé une place pour chacun de ses frères et sœurs.

Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Patrice Perreault a travaillé pendant longtemps en milieu paroissial. Il est maintenant impliqué dans divers groupes communautaires à Granby.

Source : Le Feuillet biblique, no 2820. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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