Ai-je
oublié quelqu'un?
Comment se fait-il que vous m'ayez cherché?
Ne le saviez-vous pas? C'est chez mon Père que je dois être
(Luc 2, 49).
Un bon soir de Noël, une famille était réunie
pour le repas. Sur la table, il y avait une dinde et tout ce qui
l'accompagnait. C'était une tradition que chaque membre de
la famille dise un mot d'action de grâces avant de commencer
la fête. Chacun y alla d'un remerciement pour une chose ou
pour une autre jusqu'à ce qu'on arrive au plus jeune qui
avait cinq ans.
Il commença par remercier
la dinde : il n'y avait pas encore goûté mais il était
certain qu'elle serait bonne. On n'en avait pas encore parlé.
Puis il enchaîna avec des remerciements plus prévisibles
pour sa mère qui avait fait cuire la dinde et son père
qui l'avait achetée. Puis il enchaîna avec une série
de mercis, faisant apparaître des bienfaiteurs peu visibles
et en faisant un lien entre eux. « Et la caissière
du supermarché, et tous les gens qui travaillent au supermarché,
et les fermiers qui fournissent le grain, et les gens qui ont nourri
la dinde, et ceux qui ont amené la dinde à l'épicerie
... » Il jouait à Colombo et retraçait la route
de la dinde jusqu'à son assiette. Il continua ainsi quelque
temps et ajouta : « Ai-je oublié quelqu'un? »
« Dieu », répondit son frère plus âgé.
Et l'enfant répondit avec assurance : « J'étais
justement rendu à lui ».
LIEN: Ce garçon ne jouait pas seulement au détective
mais aussi au théologien : commençant avec l'expérience
humaine - la chaîne alimentaire -pour en arriver à
Dieu. Celui qui est à l'origine de toute la création
et celui que nous cherchons plus ou moins consciemment dans toutes
nos expériences. Marie et Joseph ont cherché eux aussi.
Et Jésus leur a rappelé qu'au-delà de cette
expérience, il y a la présence du Père : «
C'est chez mon Père que je dois être ». Nos rencontres
familiales, nos fêtes, nos expériences, nos recherches
nous amènent à découvrir Dieu comme Père,
source de notre être et accomplissement de tous nos cheminements
(John Shea).
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