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chronique du 12 juin 2007
 

Et Dieu créa le père

La fête des Pères

    Quand Dieu décida de créer le père il fit d'abord une structure grande et robuste. Un ange alors s'approcha et lui demanda : « Mais quelle espèce rare de père est-ce cela? Si tu ne fais les bébés pas plus hauts que trois pommes, pourquoi leur donner un si grand papa? Il ne pourra pas jouer aux billes avec eux sans se mettre à genoux. Il ne pourra border la couverture de leur lit sans se plier en deux ni même les embrasser sans s'incliner profondément! » Dieu sourit et dit : « C'est vrai, mais si je les faisais aussi petits qu'un enfant, les enfants n'auraient personne vers qui élever leur regard! »

     Quand Dieu façonna les mains du père, il les fit assez grandes et musclées. L'ange secoua la tête et dit : « Mais... des mains aussi grandes ne pourront jamais ouvrir et fermer une épingle de sûreté, ni boutonner ou déboutonner les petits boutons et encore moins tresser de petites nattes ou sortir une écharde d'un doigt! »

     Dieu sourit et dit : « Je le sais, mais elles sont assez grandes pour pouvoir contenir tout ce qu'on peut trouver dans les poches d'un enfant et elles sont assez petites pour pouvoir serrer dans leur paume son délicat petit visage. »

     Dieu était en train de créer la plus grande paire de pieds qu'on n'ait jamais vue, quand l'ange éclata de rir e: « Ce n'est pas approprié! Tu crois vraiment que ces deux péniches seront assez lestes pour sauter promptement du lit dès que le bébé pleure dans la nuit? Tu crois qu'elles pourront se frayer un chemin à travers une nichée d'enfants qui jouent, sans en écraser l'un ou l'autre? »

     Dieu sourit et dit : « T'en fais pas! Ces pieds iront très bien. Tu verras: ils seront capables de tenir en équilibre un enfant qui veut jouer au petit cheval, ils pourront chasser les souris dans la maison de campagne ou arborer des chaussures que personne d'autre ne pourrait porter. »

     Dieu travailla toute la nuit, donnant au père peu de mots, mais une voix ferme parlant avec autorité, des yeux perspicaces qui voyaient tout, mais restaient pourtant calmes et tolérants. Et pour finir, après un bon moment de réflexion, Dieu ajouta une dernière touche : les larmes. Puis il se tourna vers l'ange et demanda : « Et maintenant, es-tu convaincu qu'un père peut aimer tout autant qu'une mère? »

 

Chronique précédente :
Le visage de Dieu