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Les Psaumes

 

David
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chronique du 7 février 2003
 

La prière de supplication

Lorsque tout ce qu'on pensait stable paraît sur le point de s'écrouler, lorsque l'environnement familier devient tout-à-coup menaçant, on est spontanément amené à crier: Au secours! C'est l'appel de l'enfant qui se sent abandonné et qui crie: Maman! C'est le cri des disciples de Jésus dans la barque: « Au secours, Seigneur, nous périssons. » (Mt 8,25)

     De nombreux psaumes font écho à de telles situations: un juste - qui peut être une collectivité - est menacé de mort par un ennemi puissant; il se tourne vers Dieu comme son seul recours. Notons que dans les Psaumes, le tableau n'est jamais très nuancé: le danger est toujours extrême, l'ennemi est toujours un injuste agresseur - qu'il s'agisse d'une personne, d'une nation, d'une maladie... La supplication acquiert ainsi un caractère hautement dramatique.

Lire le Psaume 74(73)

1. Quel est l'accent majeur du Psaume?

2. Qui parle dans ce Psaume?

3. À qui ce Psaume s'adresse-t-il?

4. À quelle personne Dieu est-il figuré?

5. Le Psaume contient-il des références historiques?

6. Où pouvons-nous nous situer pour prier ce Psaume?

Observations

1. La tonalité générale du psaume est nettement la supplication. Le priant adresse à Dieu des demandes répétées: « Élève tes pas (v. 3), ne livre pas » (v. 19). Regarde (v. 20), dresse-toi (v. 22). Surtout, il fait appel à la mémoire de Dieu; rappelle-toi (vv. 2. 18.22); n'oublie pas (vv. 18.23). Ce qui fait l'objet de ces multiples évocations du passé, c'est, d'une part, le peuple élu, racheté par Dieu (v. 2) et, d'autre part, les attaques des ennemis (vv. 18.22.23). Car la supplication s'appuie sur la description du malheur présent (vv. 3-9) et sur le rappel des bienfaits passés de Dieu (vv. 12-17).

2. La seule intervention à la première personne du singulier se trouve au v. 12: « Ô Dieu, mon roi. » Par ailleurs, on trouve un possessif de la première personne du pluriel au v. 9: nos signes. Il est clair que le priant veut disparaître derrière la communauté qui est mise en cause dans ce poème. Même s'il est prononcé par une personne, celle-ci prie au nom de tout le peuple.

3-4. Ces deux questions peuvent être traitées ensemble, puisque tout le psaume s'adresse à Dieu. Ceci confirme qu'il s'agit bien d'une prière puisque le seul interlocuteur est Dieu lui-même. On s'adresse à lui pour le questionner sur la signification du malheur (vv. 1.10-11), pour lui exposer les méfaits accomplis par l'ennemi (vv. 3-9.18.20.23), pour rappeler les bienfaits du passé (vv. 2: la libération d'Israël et l'Alliance; vv. 12-17: la création) et surtout, pour le supplier d'intervenir de nouveau, puisque ses gestes salutaires d'autrefois sont garants du passé et de l'avenir (cf. vv. 19.21.22).

5. Le contexte historique est clair: le Temple de Jérusalem, lieu de la résidence de Dieu au milieu de son peuple, est détruit par l'ennemi (vv. 3-7). Même les autres lieux de culte sont en ruine (v. 8) et le culte a cessé (v. 9). Tout le rituel qui garantissait le bon fonctionnement de l'Alliance, en assurant les communications entre la terre et le ciel, est compromis. Le fidèle doit donc trouver un nouveau moyen d'entrer en communication avec Dieu, et la prière lui offre justement cette possibilité.

     Une telle situation s'est produite à plusieurs reprises dans l'histoire du peuple juif. Une première fois, en 587 av. J.-C. lorsque les Babyloniens s'emparent de Jérusalem et détruisent le Temple. C'est probablement dans ce contexte qu'il faut situer la composition de ce Psaume. Une deuxième fois en 167 a.c., lorsque Antiochus IV remplaça, dans le temple reconstruit, le culte de Yahvé par celui de Zeus Olympien. Il est possible que le psaume ait reçu quelques retouches à cette occasion (cf. vv4.9). Enfin, en 70 ap. J.-C., les armées romaines détruisent le Temple qui ne fut plus reconstruit, ce qui donna au psaume une nouvelle actualité dans le peuple juif.

6. Même si la destruction du Temple de Jérusalem est un événement qui ne touche guère aujourd'hui, il existe bien des situations où les chrétiens et les chrétiennes peuvent avoir l'impression que sont menacées des réalités essentielles de leur foi et de leur existence. Ils peuvent alors dire, avec le psalmiste:

La vie de tes malheureux, ne l'oublie pas jusqu'à la fin (...)
Que l'opprimé ne rentre pas couvert de honte.
Que le pauvre et le malheureux louent ton nom.
(vv. 19b.21)

Jérôme Longtin, ptre

 

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