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Les Psaumes

 

David
     

chronique du 23 novembre 2012

 

Jusqu’à quand m’oublieras-tu? Psaume 13 (12)

Lire le Psaume 13 (12)

Voici la prière très sobre d’un croyant pourchassé par un ennemi. Nous apprenons peu du combat du psalmiste. Nous ne savons rien sur son ennemi. Serait-ce un adversaire politique, une grave maladie, une situation sociale opprimante, un désordre psychologique, un problème moral, un combat spirituel, la mort? L’ennemi demeure anonyme au point où chaque orant peut s’approprier le psaume et y reconnaître son propre ennemi.

     Nous savons cependant que l’ennemi est redoutable. Il a « l’avantage » et il blesse profondément. Sa victime souffre beaucoup. Elle est « rongée de chagrin tout le jour ». Elle a besoin du secours de Dieu pour éviter que ses yeux « s’enferment pour le sommeil de la mort ».

     Dieu semble avoir oublié son fidèle. Il semble détourner son regard : « Seigneur, mon Dieu, regarde et réponds-moi. » L’orant ne demande qu’un peu de force pour éviter la mort, pour éviter aussi que l’adversaire triomphe.

     Où est Dieu? Où est Dieu quand la nuit semble interminable? Pourquoi son silence? Pourquoi son absence alors qu’il devrait se tenir au côté de son enfant malheureux? Lui tenir la main, le soutenir dans le combat? Dieu se tait et son silence est plus douloureux encore que les gifles de l’ennemi. Sur la croix, Jésus fera l’expérience de cette absence divine : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Marc 15, 34; voir Psaume 22,2)

     Dans l’épreuve, le silence de Dieu dépouille le souffrant. Souvent, le malheureux est réduit à la foi, sans appui, sans secours : la foi toute nue! L’apparente absence de Dieu conduit à un tel dépouillement; elle demande tout et semble ne rien laisser… Le croyant est acculé au pied du mur. Il ne lui reste plus que le cri, le hurlement devant Dieu. Et l’abandon radical…

     La souffrance du croyant est telle qu’on devine son impatience : « Jusqu’à quand… Jusqu’à quand… Jusqu’à quand… Jusqu’à quand… », aux quatre coins du monde, il tourne son regard en quête du  visage de Dieu. Il crie avec insistance et impatience. Le psalmiste pourrait même importuner Dieu… jusqu’à se montrer impoli. C’est le conseil que semble donner Jésus dans la parabole de la veuve et du juge (Luc 18,1-8). Devant l’entêtement de la veuve, le juge finit par démissionner : « Bien sûr, je ne me soucie pas de Dieu et je n’ai d’égard pour personne; mais comme cette veuve me fatigue, je vais faire reconnaître ses droits, sinon, à force de venir, elle finira par m’exaspérer. » (18,4-5) Et Jésus de conclure : « Écoutez ce que dit ce juge indigne! Et Dieu, lui, ne ferait-il pas justice aux siens quand ils crient à lui jour et nuit? Tardera-t-il à les aider? Je vous le déclare : il leur fera justice rapidement. » (18,6-8)

     Jésus termine : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? » (18,8) Assez de foi pour talonner Dieu, assez de foi pour s’en remettre à Dieu muet, silencieux, apparemment indifférent.

     L’orant termine sa prière comme si Dieu était déjà intervenu. Le mur du silence abattu, Dieu laisse voir son visage. Il tourne son regard vers celui qui crie en sa direction. La prière devient alors action de grâce, chant de la reconnaissance : « Je veux chanter en ton honneur pour tout ce que tu as fait en ma faveur. » Dieu, le Dieu silencieux, a le dernier mot.

Denis Gagnon

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La richesse n’a pas d’avenir : Psaume 48 (49)