Le roi se réjouit de ta force : Psaume 21 (20)

Seigneur, le roi se réjouit de ta force :
Quelle joie lui apporte ta victoire!
Tu as satisfait le désir de son cœur,
Tu n’as pas repoussé le souhait de ses lèvres.

Tu prends les devants pour le bénir de bienfaits;
Tu poses sur sa tête une couronne d’or.
Il t’a demandé la vie, tu la lui as donnée :
De longs jours qui ne finiront pas.

Par ta victoire, grande est sa gloire;
Tu places sur lui la splendeur et l’éclat.
Tu fais de lui une bénédiction pour toujours,
Près de ta face, tu lui donnes la joie.

Oui, le roi compte sur le Seigneur,
Et la fidélité du Très-Haut le rend inébranlable.

Tu mettras la main sur tous tes ennemis,
Et ta droite sur tes adversaires.
Tu en feras un brasier
Quand ta face paraîtra.
Avec colère, le Seigneur les engloutira,
Et un feu les dévorera.
Tu aboliras leur postérité sur la terre
Et leur race parmi les hommes.
S’ils prétendent te faire du mal
Et médite un complot, ils ne peuvent rien;
Car tu les mets sur le dos,
Avec ton arc, tu les vises en pleine face.

Dresse-toi, Seigneur, dans ta force!

Chantons ta prouesse par un psaume!

(version de la Traduction œcuménique de la Bible)

« Chantons ta prouesse par un psaume. » Ainsi se termine le psaume 21 (20). Cette invitation aurait pu prendre place au tout début. En effet, le présent psaume chante lui-même l’action de Dieu en faveur du roi et de son peuple. D’un bout à l’autre, le psaume loue la prouesse de Dieu. Une prouesse réalisée par le roi. Applaudir les exploits du roi, c’est donc reconnaître l’action de Dieu lui-même.

     Quand Israël chante ce psaume, comment voit-il le roi? À la tête du peuple et de son armée, le roi est l’homme que Dieu a adopté comme son fils. Ainsi parle le Seigneur à propos de Salomon : «Je l’ai choisi comme fils et moi, je serai pour lui un père» (1 Ch 28,6). Au nom du Seigneur, le prophète a versé sur le roi l’huile sainte. Le roi est devenu un consacré, l’oint du Seigneur. L’Esprit est sur lui pour accomplir de grandes choses, pour servir Dieu en servant son peuple. Au côté de Dieu, assis à sa droite selon l’expression biblique, il accomplit les volontés du Très-Haut. Au moment où il quittait le monde, David a résumé la mission du roi en disant à propos de Salomon : « Parmi tous mes fils – car le Seigneur m’a donné de nombreux fils – il a choisi mon fils Salomon pour siéger sur le trône de la royauté du Seigneur sur Israël. » (1 Ch 28,5).

     La première partie du psaume chante les victoires que Dieu a réalisées par l’action militaire du roi et de son armée. C’était la prière de celui-ci, « le désir de son cœur… le souhait de ses lèvres » (verset 3). Le Seigneur exauce cette prière. Dieu fait de son élu « une bénédiction pour toujours » (verset 7). Il lui accorde la gloire, la sienne,  en posant «sur sa tête une couronne d’or» (verset 4).

     Alors que la première partie semble évoquer le retour à la maison après le combat et sa victoire, la deuxième partie annonce l’entrée en guerre : « Tu mettras la main sur tous tes ennemis, et ta droite sur tes adversaires » (verset 9). Qui s’apprête à livrer bataille? Le roi? Dieu? Pour le psalmiste, ce sont les deux. Le psaume croit que la face du roi peut glacer de frayeur comme celle de Dieu à celui qui oserait tourner son regard vers le Très-Haut. De l’ennemi, « tu en feras un brasier quand ta face paraîtra » (verset 10). La colère de Dieu explose dans l’ardeur au combat de l’armée du roi.

     Devant la rudesse du propos, il est normal que la liturgie chrétienne n’ait pas cru bon assumer les versets 9 à 13. Par contre, elle reconnaît, dans la personne du roi, les traits de Jésus Christ. La victoire du Christ sur la souffrance et la mort, sa résurrection, n’est-elle pas annoncée par ces mots : « Il t’a demandé la vie, tu la lui as donnée : de longs jours qui ne finiront pas » (verset 5)? La transfiguration n’est-elle pas évoquée quand le psalmiste proclame : « Tu places sur lui la splendeur et l’éclat » (verset 6)?