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Les Psaumes

 

David
     

chronique du 12 juin 2015

 

Ils ne m’ont pas soumis : Psaume 129 (128)

Psaume 128

Initiale S – psaume 128
Psautier de Saint Albans, vers 1130, Dombibliothek Hildesheim
Image © Hildesheim, St Godehard

Que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse,
– à Israël de le dire –
que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse :
ils ne m’ont pas soumis!

Sur mon dos, des laboureurs ont labouré
et creusé leurs sillons;
mais le Seigneur, le juste,
a brisé l’attelage des impies.

Qu’ils soient tous humilié, rejetés,
les ennemis de Sion!
Qu’ils deviennent comme l’herbe des toits,
aussitôt desséchée !

Les moissonneurs n’en font pas une poignée,
ni les lieurs une gerbe,
et les passants ne peuvent leur dire :
« La bénédiction du Seigneur soit sur vous! »

Au nom du Seigneur, nous vous bénissons.

Traduction officielle liturgique

« Que de mal ils m’ont fait… »

     Le psaume 128 fait partie d’une quinzaine de psaumes appelés « Psaumes des Montées ». Des prières, des chants qui accompagnaient les pèlerins en route vers leur sanctuaire. Le psalmiste parle à la première personne du singulier mais, dès le premier verset, il donne la parole à Israël. C’est donc dire que le psaume est la prière de toute la communauté, de tout le peuple.

     Et la jeunesse à laquelle renvoie le psalmiste  signifie simplement que toute l’histoire d’Israël est évoquée ici. Depuis Abel, le premier juste et le premier martyr, et surtout depuis Moïse qui naît dans un pays qui asservit ses compatriotes. Les prophètes ont raconté les déboires d’Israël. Dans ce psaume, l’histoire rappelle les mauvais jours : « Que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse… »

     Le poème ne décrit pas les violences que subit le peuple depuis les premiers jours de son histoire. Il fait plutôt appel à des images qu’il emprunte à la vie agricole de son époque, de sa culture.

     D’abord, le psalmiste compare les souffrances de son peuple au travail du labour dans les champs. Les ennemis maltraitent Israël comme la charrue déchire le sol. Ces mauvais  laboureurs ont creusé dans la chair, ils ont allongé leurs sillons sur le dos de leurs victimes.

     Par une seconde image tirée aussi de la vie rurale, l’orant souhaite que le malheur tombe sur les ennemis. Le toit des maisons de son coin de pays est recouvert d’herbe qui ne reste pas verte bien longtemps. Presqu’aussitôt desséchée, elle ne produit rien de valable. On n’arrive pas à en récolter une poignée. Le lieur ne parvient pas à remplir le pan de son manteau. Que les ennemis soient réduits à rien comme cette herbe.

     Devant les malheurs qui s’abattent sur le peuple d’Israël, le psalmiste fait appel au Seigneur. N’est-il pas le juste? Il peut intervenir auprès des siens. Qu’il brise l’attelage des impies! Que ceux-ci soient humiliés et rejetés!

     Que les passants refusent de saluer les impies. Qu’ils ne leur souhaitent pas : « La bénédiction du Seigneur soit sur vous! » « Revenir des champs sans recevoir l’accueil fraternel du village, c’est chose plus terrible encore que la déception (la confusion : v. 5) d’une si dérisoire récolte; rejeté hors des relations humaines du village, privé des joies naturelles et simples de la vie champêtre, on est exclu de la communauté et des bénédictions dont elle est la source. (…) Appeler sur les impies un tel sort, c’est les vouer à la malédiction de l’excommunication. » [1]

[1] M. Mannati, Les psaumes, Paris, Desclée de Brouwer, 1968, tome 4, p. 166.

Denis Gagnon

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Bénis le Seigneur, ô mon âme : Psaume 104 (103)