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Les Psaumes

 

David
     

chronique du 8 avril 2016

 

Le Seigneur est roi : Psaume 97 (96)

Psaume 96

Initiale D – psaume 96
Psautier de Saint Albans, vers 1130, Dombibliothek Hildesheim
Image © Hildesheim, St Godehard

Le Seigneur est roi! Exulte la terre!
Joie pour les îles sans nombre!

Ténèbre et nuée l’entourent,
Justice et droit sont l’appui de son trône.
Devant lui s’avance un feu
Qui consume alentour ses ennemis.

Quand ses éclairs illuminèrent le monde,
La terre le vit et s’affola;
Les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur,
Devant le Maître de toute la terre.

Les cieux ont proclamé sa justice,
Et tous les peuples ont vu sa gloire.
Honte aux serviteurs d’idoles qui se vantent de vanités!
À genoux devant lui, tous les dieux!

Pour Sion qui entend, grande joie!
Les villes de Juda exultent devant tes jugements, Seigneur!

Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre :
Tu domines de haut tous les dieux.

Haïssez le mal, vous qui aimez le Seigneur,
Car il garde la vie de ses fidèles
Et les arrache aux mains des impies.

Une lumière est semée pour le juste,
Et pour le cœur simple, une joie.
Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes;
Rendez grâce en rappelant son nom très saint.

Le règne de Dieu

     « Le Seigneur est roi » (v. 1.) Tout joyeux, le Psaume 96(97) annonce le règne de Dieu. Devant une aussi bonne nouvelle, que la terre entière fasse résonner ses plus beaux chants. Que partout on se laisse entraîner par le « Maître de toute la terre » (v. 5).

     Après cette introduction en forme d’invitatoire, le psaume se divise en deux parties. D’abord, une manifestation de Dieu (v. 2-6) : Dieu fait appel à la ténèbre, à la nuée, au feu, aux éclairs, à l’affolement de la terre, à la destruction des montagnes, pour chanter la victoire de sa justice et de son droit, contre ses ennemis. « Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire. » (v. 6)

     La deuxième partie du psaume comprend un chant de victoire (v. 7-9) où les dieux et les serviteurs d’idoles sont présentés comme les vaincus, dominés qu’ils sont par le Très-Haut. Une exhortation (v. 10-12) termine cette deuxième partie et l’ensemble du psaume : fuir le mal, accueillir la lumière de Dieu, laisser la joie inonder le cœur simple. « Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes; rendez grâce en rappelant son nom très saint. » (v. 12)

     Le psaume rejoint Isaïe. Notamment, quand le prophète chante la victoire du peuple de Dieu :

« Chantez au Seigneur un chant nouveau,
louez-le des extrémités de la terre,
gens de la mer et tout ce qu’elle contient,
les îles avec leurs habitants. » (Isaïe 42, 10)

     Tous les peuples sont invités à s’incliner devant Dieu. Bien plus, que toute la terre et l’immensité des cieux chantent la gloire du Très-Haut et son infinie sainteté (v. 9). « Le terme d’îles désigne les îles ou les rivages de la Méditerranée mais aussi les régions les plus lointaines qu’elles représentent (42,10; 51,5…) Les îles peuvent aussi désigner les païens  que l’on imagine aux limites du monde. » [1]

     Les ténèbres et la Nuée forment le décor de la théophanie. « Ces paroles, le Seigneur les a dites à toute l’assemblée de son peuple sur la montagne, du milieu du feu, des nuages et de la nuée obscure; il les a dites d’une voix puissante et n’a rien ajouté. » (Deutéronome 5,22)

     Le jugement de Dieu et sa justice s’exercent dans le secours que Dieu accorde aux petits. C’est par eux que Dieu conduit le monde et qu’il établit la société dans la paix et la concorde. Ici, le psaume prend toute la saveur de l’Évangile. L’humilité que Jésus prêchera en paroles et en actes est ici annoncée. Le psalmiste est invité à en témoigner par toute sa vie.

     Dans les manifestations de Dieu, on assiste également au spectacle d’un feu qui dévore tout sur son passage. « La montagne du Sinaï était toute fumante, car le Seigneur y était descendu dans le feu; la fumée montait, comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait violemment. » (Exode 19,18) Les éclairs symbolisaient les armes de Dieu, ses épées, ses flèches. Éclairs et tonnerre étaient la voix de Dieu.

     Jésus est l’ultime théophanie de Dieu. « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire. » (Jean 1,14) Le psaume 96 nous met à l’écoute de la présence du Fils de Dieu sur la terre. Il s’est montré très discret sur l’utilisation du titre de roi même si ce titre constitue un aspect du messie.

      « Convertissez-vous : le Règne des cieux s’est approché. » (Matthieu 4,17) Ainsi Jésus résume-t-il sa prédication dès le commencement de sa mission. Du même coup, il résume les sages et les prophètes qui, à travers les siècles, ont préparé sa venue. Il reprend les psaumes, notamment le psaume 96. Dans ce monde, Dieu a envoyé son Fils, annonçant par lui le royaume de la paix et de la justice.

     Chanter le psaume 96, c’est d’une certaine façon relire l’Évangile et proclamer la mort et la résurrection du Roi des rois.

[1] Jean-Luc Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Paris, Cerf, 2008, p. 909.

Denis Gagnon

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Vers toi j’ai les yeux levés : Psaume 122